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Alerte sécurité : Airbus demande l’arrêt des vols de 6000 A320 en raison d’une faille liée aux radiations solaires

Airbus a annoncé vendredi le rappel d’environ 6000 A320 afin de remplacer en urgence un logiciel de commande jugé vulnérable aux radiations solaires, après un grave incident survenu fin octobre aux États-Unis.

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Photo: Sergio Yate/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

L’opération, d’une ampleur inédite, entraîne déjà une cascade de retards et d’annulations de vols à travers le monde, des Philippines à la Colombie, mettant sous tension compagnies et passagers.

Un incident en vol au-dessus du golfe du Mexique

Le constructeur aéronautique européen a indiqué dans un communiqué avoir demandé à l’ensemble des compagnies utilisant ce logiciel « d’arrêter immédiatement les vols » après analyse de la défaillance technique à l’origine de l’incident. Celle-ci remonte au 30 octobre, sur un vol de la compagnie américaine JetBlue entre Cancun, au Mexique, et Newark, près de New York, contraint à un atterrissage d’urgence à Tampa, en Floride.

Le décryptage de l’incident a « révélé que des radiations solaires intenses pourraient corrompre des données essentielles au fonctionnement des commandes de vol », a rapporté le groupe européen. Pour la plupart des appareils concernés, le retour à la version précédente du logiciel prendra « quelques heures », mais pour quelque 1.000 avions, l’opération nécessitera aussi le remplacement du matériel informatique, « ce qui prendra des semaines », a précisé à l’AFP une source proche du dossier. Il s’agit d’un calculateur profondeur-ailerons (ELAC) fabriqué par Thales.

Ce fournisseur d’Airbus a fait savoir à l’AFP qu’il n’était pas responsable de la défaillance : « La fonctionnalité dont il est question est portée par un logiciel qui n’est pas de responsabilité Thales », a-t-il indiqué. Airbus, pour sa part, n’a pas précisé quelle entreprise avait conçu et assurait la mise à jour de ce logiciel. Le groupe « reconnaît que ces recommandations entraîneront des perturbations opérationnelles pour les passagers et les clients ». « Nous présentons nos excuses pour les désagréments causés et travaillerons en étroite collaboration avec les opérateurs, tout en maintenant la sécurité comme notre priorité absolue et primordiale », ajoute l’avionneur européen.

L’incident s’est produit en phase de croisière lorsque, au-dessus du golfe du Mexique, l’appareil a soudainement piqué vers le bas sans intervention des pilotes. Ces derniers ont ensuite amorcé la descente puis posé l’avion. À l’issue de l’atterrissage d’urgence, les pompiers de Tampa ont fait état, auprès des médias américains, de blessés parmi les passagers.

Un best-seller d’Airbus rattrapé par la sûreté

L’Airbus A320, entré en exploitation en 1988, est aujourd’hui l’avion le plus vendu au monde. À la fin septembre, le constructeur européen avait livré 12.257 exemplaires de son A320, contre 12.254 pour le 737 de son rival américain Boeing, illustrant l’extrême diffusion de cet appareil dans les flottes mondiales.

Sollicitée par l’AFP, JetBlue n’a pas souhaité commenter l’incident, tout en assurant avoir déjà entamé les modifications nécessaires sur « certains A320 » mais aussi des A321. American Airlines a de son côté indiqué avoir commencé dès vendredi la mise à jour du logiciel de navigation, après réception de la notification. La compagnie prévoit que l’intervention aura été effectuée sur « la grande majorité » des quelque 340 A320 concernés (sur un total de 480 appareils de la famille) d’ici à samedi, en prévenant de « quelques retards » liés à ces ajustements.

Après avoir initialement affirmé ne pas être « affecté », son concurrent United Airlines a finalement recensé six appareils concernés et dit s’attendre à « des perturbations mineures sur quelques vols ». Indigo et Air India, deux des principales compagnies indiennes, ont pour leur part prévenu de retards en raison de l’immobilisation de certains appareils. Quant à Delta Air Lines, la compagnie prévoyait d’avoir achevé les mises à jour nécessaires d’ici samedi matin sur une partie de ses A320 et A321neo.

Des compagnies contraintes de couper dans leurs programmes

En Europe, Air France a indiqué avoir annulé 35 vols vendredi et comptabilisait encore, dans la soirée, le nombre exact de suppressions prévues samedi. « Les clients concernés par des annulations sont informés individuellement par SMS et email », a précisé un porte-parole de la compagnie française.

Certaines entreprises sont particulièrement touchées. La compagnie colombienne Avianca estime que 70% de sa flotte est affectée et anticipe des « perturbations importantes dans les dix jours à venir », a-t-elle écrit dans un communiqué, allant jusqu’à suspendre la vente de billets jusqu’au 8 décembre. Aux Philippines, les transporteurs locaux Philippine Airlines et Cebu Pacific ont déjà dû annuler plus de 40 vols et proposent remboursement ou report de voyage aux passagers lésés.

Le régulateur européen de l’aviation (AESA) a indiqué dans un communiqué avoir été informé par Airbus. « Ces mesures pourraient causer des perturbations à court terme des horaires des vols, et donc des désagréments pour les passagers. Cependant, comme c’est toujours le cas dans l’aviation, la sûreté prime sur tout », a-t-il rappelé, entérinant la priorité absolue donnée à la sécurité, fût-ce au prix d’une désorganisation temporaire du trafic mondial.