ANALYSE : L’économie chinoise s’enlise dans une crise plus profonde en raison de la multiplication des interventions de l’État

Le RMB s'affaiblit ; davantage de créances bancaires douteuses sont transférées aux ressortissants chinois et aux actionnaires étrangers

Par Kathleen Li & Lynn Xu
3 juillet 2023 14:37 Mis à jour: 3 juillet 2023 14:37

La dévaluation de la monnaie chinoise, le yuan, a atteint son point le plus bas cette année en raison de l’échec des interventions du gouvernement dans le contexte de la dépression économique.

Selon l’analyste financier He Bing, davantage d’argent émis par les institutions financières du Parti communiste sera utilisé comme couverture gouvernementale contre l’effondrement du système bancaire et financier, transférant le fardeau de la dette du pays sur les ressortissants chinois, ce qui aggravera l’économie du pays.

Le 1er juillet, le RMB offshore (CNH) s’est affaibli à 7,26 pour un dollar américain, établissant un record de faiblesse pour huit mois depuis novembre dernier, avec une réduction de valeur de près de 5 % cette année.

Selon les données de l’Administration nationale des changes, au cours des six derniers mois, le point médian du taux de change du RMB s’est fortement déprécié de 769 points de base, passant de 714,89 le 15 juin à 722,58 le 30 juin.

L’affaiblissement rapide du RMB est en partie dû aux restrictions des taux d’intérêt imposées par la banque centrale chinoise (Banque de Chine), soucieuse de stimuler l’économie léthargique, a déclaré He Bing lors de l’émission Elite Forum, un programme en langue chinoise d’Epoch Times, le 24 juin.

Un garde de sécurité et un panneau électrique indiquant les taux de dépôt en devises étrangères se reflètent sur une paroi en verre d’une banque à Chengdu, dans la province du Sichuan, en Chine, le 22 juillet 2005 (China Photos/Getty Images).

Le 20 juin, la banque centrale a abaissé le Loan Prime Rate (LPR) de dix points de base par rapport à la période précédente pour les périodes d’un an et de cinq ans, après avoir réduit le taux de prise en pension à sept jours, les taux de facilités permanentes et le taux de crédit à moyen terme de dix points de base chacun sur le marché libre les 13 et 15 juin.

Cette réduction de 10 points de base n’est pas très importante et beaucoup moins que les 25 points de base habituels d’une baisse de taux d’intérêt. Mais elle a dévalué le RMB de manière significative, selon He Bing, ce qui indique que l’économie chinoise est « très vulnérable ».

En outre, alors que d’autres pays luttent contre l’inflation et resserrent leur monnaie dans la période post-Covid, seule la banque centrale chinoise a choisi d’assouplir sa politique monétaire, ce qui montre que l’économie du pays est prise au piège dans un dilemme « unique’, a-t-il déclaré, notant qu’après le 1er juin, l’indice du dollar américain a chuté par rapport aux principales monnaies, à l’exception du yuan chinois.

M. Bing estime qu’une autre raison de la faiblesse du yuan est la hausse des taux d’intérêt sur le dollar américain. En revanche, les taux d’intérêt sur le yuan ont relativement peu évolué, tout comme le ralentissement de l’économie chinoise et les sorties de capitaux du marché boursier.

La dépréciation continue de la monnaie chinoise a remis en question les prévisions de l’Institut de recherche de la Banque de Chine publiées le 1er mars. Selon ces prévisions, l’économie chinoise se redresserait et le taux de change du RMB « se stabiliserait tout en augmentant » en 2023.

Selon les données économiques du mois de mai, publiées par Shanghai Securities le 20 juin, les données macroéconomiques de la Chine sur la production industrielle, les investissements en actifs fixes et la consommation n’ont pas répondu aux attentes : la valeur ajoutée par les industries a augmenté de 3,5 %, soit une baisse de 2,1 % par rapport aux 5,6 % d’avril ; les investissements en actifs fixes ont augmenté de 4 % d’une année sur l’autre en mai, soit une baisse de 0,7 % par rapport aux 4,7 % d’avril ; et les ventes au détail totales de biens de consommation ont augmenté de 12,7 % d’une année sur l’autre en mai, soit une baisse de 5,7 % par rapport aux 18,4 % du mois d’avril.

« Les entités du marché [chinois] ne sont pas assez optimistes quant aux perspectives de reprise économique, il n’y a pas beaucoup d’opportunités d’investissement dans l’économie réelle, et la vitalité économique est faible. Pendant ce temps, le marché de l’immobilier reste au plus bas et les résidents préfèrent déposer plutôt que de consommer », a expliqué Li Gengnan, chroniqueur du portail chinois Sina Finance, dans un article publié le 21 juin.

Grâce à l’intervention de l’État, l’économie chinoise se caractérise actuellement par une grande liquidité du marché et de l’ « argent facile », selon M. Li. « L’argent facile est une politique monétaire dans laquelle les banques régulent la liquidité du marché en augmentant l’offre de fonds. »

Système bancaire et financier

Jing Yuan Finance, une chaîne vidéo de commentaires économiques dont He Bing est le producteur, a rapporté le 22 juin que le montant de l’émission de RMB serait probablement calculé en fonction des créances douteuses des banques. En d’autres termes, plus les banques ont de mauvaises dettes, plus le gouvernement du PCC imprimera de RMB, et moins le peuple chinois aura de valeur en RMB.

Jusqu’à présent, la Chine n’a pas connu de crise financière de grande ampleur. Cependant, le système financier du Parti communiste chinois (PCC) est au bord de l’effondrement selon les indicateurs économiques occidentaux. « C’est parce que le PCC a reporté la crise sur le peuple chinois », et la dévaluation du RMB alourdira le fardeau de la population, selon le rapport.

Jing Yuan Finance a indiqué que par l’intimidation et la coercition, les autorités du PCC ont empêché les déposants d’exiger de retirer leurs économies des banques, sans tenir compte du désespoir des gens quant aux perspectives économiques et de l’insécurité concernant leur argent.

Une femme quitte la Banque de Chine à Londres, Angleterre, le 21 juillet 2020. (Luke Dray/Getty Images)

En outre, les autorités communistes chinoises ont l’habitude de dépouiller les banques de leurs créances douteuses et de les faire payer par tous les citoyens chinois, selon Jing Yuan Finance, qui cite des données de recherche remontant à 1999-2000.

À l’époque, les quatre grandes banques d’État chinoises – la Banque de Chine, la Banque industrielle et commerciale, la Banque agricole et la Banque de construction – ont accumulé un volume considérable de prêts non performants, ce qui les a conduites au bord de la faillite. Face à l’effondrement du système financier, le gouvernement du PCC de Jiang Zemin, alors au pouvoir, a créé quatre grandes sociétés de gestion d’actifs – Huarong Assets, Great Wall Assets, Orient Assets et Cinda Assets – pour faire face à la crise des créances douteuses.

Tout d’abord, le ministère des Finances du PCC a alloué 10 milliards de yuans (environ 1,2 milliard d’euros au taux de change moyen de 1999) à chacune des quatre sociétés en tant que capital social. Ensuite, la banque centrale a fourni 570 milliards de yuans (environ 71,9 milliards d’euros) à chacune sous forme de prêts de refinancement ; enfin, les quatre sociétés ont émis 820 milliards de yuans (environ 103,5 milliards d’euros) sous forme d’obligations à leurs banques respectives. Ainsi, chaque société a eu accès à plus de 1,4 trillion de yuans (environ 167 milliards d’euros) pour rembourser les créances douteuses.

En un mot, les sociétés de gestion d’actifs aident les banques à transférer les créances douteuses au Trésor public en tant que « dettes d’État », les faisant ainsi payer par tous les citoyens du pays.

Pourtant, le stock de prêts non performants des quatre plus grandes banques d’État chinoises reste élevé, même après l’élimination de milliards de créances douteuses : à la fin de 2002, le ratio de prêts non performants atteignait le chiffre stupéfiant de 26,12 %, dont 26,01 % pour la Banque industrielle et commerciale, 36,65 % pour la Banque agricole, 25,56 % pour la Banque de Chine et 15,28 % pour la Banque de construction, selon un article publié sur le Forum Finance 40 le 6 avril 2018.

Le PCC a ensuite proposé sa « réforme boursière », qui a facilité l’entrée en bourse des grandes banques chinoises pour lever des fonds, la Banque de la construction et la Banque de Chine étant cotées à la Bourse de Hong Kong en 2005 et 2006, respectivement.

Depuis lors, les banques d’État ont également étendu les risques aux actionnaires à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, a rapporté Jing Yuan Finance.

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