ANALYSE : Les experts en climatologie critiquent la rhétorique alarmiste sur les températures estivales

Par Katie Spence
5 août 2023 08:05 Mis à jour: 5 août 2023 08:05

« Extrême », « infernal »,  » caniculaire » et « mortel ». Ces mots, et bien d’autres encore, sont utilisés par les politiciens et les médias pour décrire les températures estivales qui balayent le pays.

« Le mois le plus chaud vient de s’achever. Nous avons été témoins d’une chaleur torride, de phénomènes météorologiques extrêmes, d’incendies de forêt et de graves conséquences pour la santé », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.

« C’est un rappel brutal de la nécessité urgente d’une action collective pour lutter contre le changement climatique. Profitons de cette étape alarmante pour renforcer notre détermination à prendre des mesures audacieuses pour lutter contre le changement climatique. Ensemble, nous pouvons accélérer la mise en œuvre de solutions durables et créer un monde plus frais et plus résilient pour les générations à venir. »

Myron Ebell, directeur et maître de conférences au Centre pour l’énergie et l’environnement, a déclaré que si les mois de juin et juillet ont été chauds dans de nombreux endroits, d’autres ont connu des températures inférieures à la moyenne. Los Angeles, par exemple, a connu son dixième mois de juin le plus frais jamais enregistré, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).

« Oui, juin et juillet ont été chauds, globalement, mais sans atteindre des sommets », a déclaré M. Ebell à Epoch Times. « La planète n’est pas en train de bouillir. Le sud de l’Europe a été très chaud. Mais ce n’est pas partout que l’on enregistre des températures record. »

Un panneau d’affichage indique la température qui devrait atteindre 115 degrés Fahrenheit (46 degrés Celsius) à Phoenix, Arizona, le 16 juillet 2023. (Brandon Bell/Getty Images)

Phoenix, en Arizona, a connu un mois de juillet particulièrement chaud, avec des données préliminaires indiquant une température moyenne de 45,5°C. Entre 1991 et 2020, la moyenne des températures maximales était de 41,1 degrés. Les températures sont enregistrées à l’aéroport international de Phoenix-Sky Harbor, selon le service météorologique national (NWS) de la NOAA.

Et Houston, au Texas, a connu une température supérieure de 12 degrés à la moyenne en juillet, selon les données du NWS. La station située à Houston Intercontinental a enregistré une température quotidienne moyenne de 36,1 degrés pour le mois de juillet.

Pourtant, dans les villes rurales du Texas comme Water Valley, les variations de température n’ont jamais été aussi extrêmes. La température moyenne du mois de juillet y a été de 37,6 degrés, alors que la moyenne antérieure était de 36 degrés.

John Christy, climatologue et professeur de sciences atmosphériques à l’université de l’Alabama et directeur du Centre des sciences du système terrestre, estime que pour obtenir des températures précises à long terme, il est préférable de suivre les stations rurales qui ont au moins 100 ans d’archives.

« Au niveau régional, l’Ouest des États-Unis a enregistré le plus grand nombre d’étés chauds au cours des 100 dernières années, tandis que la vallée de l’Ohio et le Haut-Midwest en ont enregistré le moins », a affirmé M. Christy à Epoch Times.

« Pour l’ensemble des États-Unis, les dix dernières années n’ont produit qu’un nombre moyen de records. Les années 1930 restent les championnes (pour le plus grand nombre de jours de température supérieure à 37 degrés sur un an) ».

Des brumisateurs pulvérisent de l’eau pour aider les gens à rester au frais par temps chaud à Andre House, une organisation caritative à but non lucratif basée à Phoenix, Arizona, le 11 juillet 2023. (Allan Stein/Epoch Times)

La principale méthode utilisée par la NOAA pour collecter des données sur les températures minimales et maximales est celle des stations du Global Historical Climatology Network (GHCN). Il s’agit de stations terrestres réparties sur l’ensemble du globe, qui mesurent les données climatiques et sont souvent situées dans des zones à forte densité de population et d’infrastructures.

Selon M. Ebell, les relevés de température sont influencés par ce qui se trouve autour du thermomètre, notamment les infrastructures et les personnes. Pour obtenir une lecture vraiment précise de la température, il faut examiner les données satellitaires.

Enregistrement des températures

Les zones fortement peuplées et dotées d’infrastructures connaissent des températures plus élevées, qui influencent à leur tour les températures moyennes à grande échelle, car la plupart des GHCN sont situés là où les gens vivent et travaillent, a expliqué Roy Spencer, climatologue, ancien scientifique de la NASA et aujourd’hui chercheur principal à l’université de l’Alabama à Huntsville. Cet effet, a expliqué M. Spencer, est appelé « îlot de chaleur urbain ».

« Au fur et à mesure que l’on progresse vers des stations à plus forte population, on constate que l’effet de réchauffement (de l’îlot de chaleur urbain) s’accentue », a indiqué M. Spencer le 13 juillet.

M. Ebell abonde dans le même sens : « Si l’on croit le consensus des climatologues, l’effet de l’îlot de chaleur urbain ne représente pas grand-chose. Mais en réalité, c’est important. Et même des endroits relativement petits, recouverts d’asphalte, subissent cet effet ».

Pour obtenir une lecture plus précise des fluctuations des températures de surface de la Terre en général, MM. Spencer et Christy ont mis au point un ensemble de données sur la température mondiale à partir des données micro-ondes observées par les satellites. Ils ont commencé leur projet en 1989 et ont analysé des données remontant à 1979.

« Grâce à la couverture mondiale des satellites, nous avons pu calculer la véritable température moyenne de l’air à l’échelle mondiale », a expliqué M. Christy au comité sénatorial américain de l’environnement et des travaux publics en 1997.  » Des mesures précises ont été effectuées sur deux couches spécifiques : 1) la basse troposphère, ou les 7 km d’air les plus bas près de la surface, et 2) la couche située entre 17 et 21 km, ou la basse stratosphère. »

Un épais smog recouvre l’horizon des quartiers de Brooklyn et Manhattan à New York, le 7 juin 2023. (Ed Jones/AFP via Getty Images)

En 1991, MM. Christy et Spencer se sont vu décerner la médaille de la NASA pour réalisation scientifique exceptionnelle en récompense de leurs travaux.

En 1996, ils ont reçu un prix spécial de l’American Meteorological Society « pour avoir mis au point un enregistrement mondial et précis de la température terrestre… qui a fondamentalement fait progresser notre capacité à surveiller le climat ».

M. Christy a indiqué que les relevés satellitaires mondiaux récents ont permis de mesurer le mois de juillet le plus chaud depuis 45 ans, avec une augmentation d’environ un quart de degré. Il a ajouté qu’un « El Niño précoce et puissant » était un « facteur majeur » de cette augmentation. En outre, l’éruption du Hunga Tonga en 2022 a envoyé de la vapeur d’eau dans la stratosphère, ce qui pourrait accentuer le réchauffement.

« Il fait chaud à certains endroits et pas à d’autres », a déclaré M. Christy. « Globalement, les températures continuent de grimper, mais il faut noter que le XIXe siècle a été l’un des plus froids de ces 10.000 dernières années. On peut donc s’attendre à ce que Mère Nature rebondisse, aidée en cela par les gaz à effet de serre supplémentaires dont l’augmentation indique fondamentalement que de plus en plus de personnes vivent mieux et plus longtemps.

En général, depuis 1979, la température de la Terre augmente à un rythme régulier de 0.23 degrés Fahrenheit (soit -17,6 degrés Celcius) tous les 10 ans, selon les données satellitaires mondiales, a indiqué M. Spencer sur son site web.

Une enfant joue dans la fontaine à Grand Park à Los Angeles, le 2 juillet 2023. (Frederic J. Brown/AFP via Getty Images)

Message sur le climat

Le 27 juillet, le président Joe Biden a prononcé un discours dans lequel il a déclaré que « des températures record – et je dis bien record – touchent désormais plus de 100 millions d’Américains. Porto Rico a atteint un indice de chaleur de 125 degrés (51,6°C) le mois dernier. San Antonio a atteint un indice de chaleur record de 117 degrés (47,2°C) le mois dernier.

Biden a utilisé l’indice de chaleur, qui combine la température de l’air et l’humidité relative, plutôt que la température.

À Porto Rico, le jour où l’indice de chaleur a atteint 51,6°C, la température était de 35°C, selon le NWS.

San Antonio a atteint un indice de chaleur de 47,2°C en juin, grâce à trois jours de températures de 40,5°C les 19, 20 et 21 juin, selon le NWS.

Biden a affirmé que son administration considérait le changement climatique comme une « menace existentielle ».

« Je pense que personne ne peut plus nier l’impact du changement climatique » après cet été, a-t-il déclaré. « La chaleur est la première cause de mortalité liée aux conditions météorologiques – 600 personnes meurent chaque année de ses effets. »

En 2022, la NOAA a rapporté que 148 personnes sont mortes de problèmes liés à la chaleur aux États-Unis.

Dans le monde entier, cependant, le froid continue de tuer plus de personnes chaque année que la chaleur. Selon le Breakthrough Institute, le froid est responsable de 4,6 millions de décès en excédent dans le monde chaque année. La chaleur est responsable de 500.000 décès.

Le président américain Joe Biden s’exprime dans l’Eisenhower Executive Office Building, adjacent à la Maison Blanche, à Washington, le 25 juillet 2023. (Mandel Ngan/AFP via Getty Images)

Biden a déclaré que son administration prévoyait de prendre des mesures supplémentaires pour « rendre notre pays plus résistant aux futures vagues de chaleur ».

Il prévoit notamment d’augmenter les inspections dans les secteurs à « haut risque » tels que la construction et l’agriculture, d’accorder une subvention d’un milliard de dollars au Service forestier des États-Unis pour planter des arbres dans les villes et de demander au ministère du Logement et du Développement urbain de veiller à ce que les bâtiments soient plus « efficaces » et plus « résistants à la chaleur ».

Biden a affirmé que son administration avait fourni « un montant record de 50 milliards de dollars pour la résilience climatique afin de restaurer les zones humides, de gérer les incendies de forêt et d’aider les Américains de tous les États à résister aux chaleurs extrêmes ».

M. Christy a répondu à une question sur les conséquences des températures de juin et juillet : « Chaque été est marqué par des températures exceptionnellement élevées quelque part. Si le sang coule, le sujet sera porteur. Toutefois, un examen approfondi de la fréquence des températures extrêmes les plus élevées indique qu’il n’y a guère de lien avec le réchauffement progressif de la Terre, du moins aux États-Unis, où nous disposons des meilleures observations pour tester ces affirmations ».

Un avis de chaleur est affiché le long de l’autoroute 190 pendant une vague de chaleur dans le parc national de la Vallée de la mort, le 16 juillet 2023. (Ronda Churchill/AFP via Getty Images)

M. Ebell s’est montré moins diplomate : « (Les alarmistes climatiques) veulent nous effrayer pour que nous adoptions des politiques coûteuses et inutiles ».

Il a ajouté que l’administration Biden et les alarmistes climatiques ne parviennent pas à obtenir ce qu’ils veulent parce que la population en général ne soutient pas leur programme extrême en matière d’énergie verte et de crise climatique. Par conséquent, ils augmentent la rhétorique.

« Ils exagèrent les effets du réchauffement climatique, les histoires d’épouvante sur les tempêtes et le temps chaud, puis ils minimisent les coûts, en essayant d’expliquer que cela ne coûtera rien parce que le gouvernement paiera pour cela », a indiqué M. Ebell.

« Il s’agit en fait d’une sorte de bataille entre l’énergie conventionnelle et l’énergie renouvelable. Et les énergies renouvelables ne sont pas commercialement viables. Les gens sont donc contraints de les utiliser, de les acheter, et il y a plusieurs façons de les forcer à le faire. »

Selon M. Ebell, les sondages montrent que l’Américain moyen est prêt à payer entre 5 et 10 dollars par mois et par famille pour soutenir la transition vers une énergie plus « verte ». Mais si le coût est plus élevé, le soutien diminue. Il a ajouté que les gens payaient déjà plus cher pour l’énergie.

M. Ebell a déclaré que, depuis 2000, le monde a dépensé environ 6500 milliards de dollars (5900 milliards d’euros) pour abandonner le pétrole, le charbon et le gaz. Le résultat est que la dépendance de la planète à l’égard des combustibles fossiles est passée de 82 % à 81 %.

« Les émissions (des États-Unis) ont diminué. Notre utilisation du charbon a diminué. Mais la demande mondiale de charbon n’a jamais été aussi forte », a-t-il affirmé. « Les émissions chinoises sont désormais plus élevées que celles des États-Unis, de l’Union européenne, du Royaume-Uni, du Japon, du Canada et de l’Australie réunis. »

M. Ebell s’est dit convaincu que le changement climatique est réel, mais pas dans le sens où l’entend l’administration Biden.

« Ils prétendent que nous entrons dans un monde nouveau et effrayant de crises météorologiques et climatiques. Mais tout cela n’est que pure fantaisie », a-t-il indiqué.

« Le temps change tout le temps et les êtres humains y sont pour quelque chose. Nous sommes dans une période de réchauffement – il s’est un peu réchauffé, mais cela a été pour l’essentiel bénéfique. »

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