La France « accro à la dépense publique » : les pistes de François Bayrou pour sortir de ce « danger mortel »

François Bayrou prononce un discours pour dévoiler les grandes lignes du budget 2026 de la France.
Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images
François Bayrou a averti mardi que le surendettement était une « malédiction » et que la France était à cet égard à « un moment de vérité », dressant un constat alarmiste des Finances publiques avant de dévoiler ses grandes orientations pour le budget.
« Chaque seconde, la dette de la France augmente de 5000 euros », a relevé M. Bayrou, lors d’une conférence de presse, déplorant que la France soit « devenue accro à la dépense publique » ces dernières années.
Le surendettement est « une malédiction qui n’a pas d’issue »
« Je crois que c’est la dernière station avant la falaise et l’écrasement par la dette », a-t-il alerté, parlant d’un « danger mortel ».
Le surendettement est « une malédiction pour les familles, pour les entreprises et pour un pays, c’est la même chose. Être obligé d’emprunter tous les mois pour payer les retraites ou payer les salaires des fonctionnaires. C’est une malédiction qui n’a pas d’issue », a déclaré le chef du gouvernement.
« Notre moment de vérité »
Il a rappelé l’exemple de la Grèce qui lors de la crise débutée en 2008 avait du baisser les retraites et les salaires des fonctionnaires. « C’est exactement ce que nous ne voulons pas », a déclaré le Premier ministre, estimant qu’il s’agit pour la France de « notre moment de vérité ».
L’objectif est de ramener le déficit à 4,6% du PIB l’an prochain, contre 5,8% en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable, entre tensions commerciales et militaires, ce qui a conduit le chef de l’État à demander dimanche un effort additionnel de 3,5 milliards d’euros en 2026 pour la défense.
Résultat, l’effort à réaliser atteindra l’an prochain 43,8 milliards au lieu des 40 initialement évoqués, a annoncé le chef du gouvernement.
« Non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois »
« L’État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l’euro près en 2026 qu’en 2025, à l’exception de l’augmentation de la charge de la dette et des dépenses supplémentaires pour le budget des armées », a-t-il énoncé. Il a aussi mis en place « une règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite (…) pour les années qui viennent ».
Une « année blanche » pour les prestations sociales
De la même manière, il a décidé d’une « année blanche » pour les prestations sociales, y compris les pensions de retraite, c’est-à-dire qu’elles seront aussi gelées et ne seront pas revalorisées au niveau de l’inflation. Les retraités verront aussi supprimée leur exemption fiscale pour frais professionnels.
Même gel au niveau de cette année pour les barèmes de l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée – ce qui reviendra à augmenter ces prélèvements.
Suppression de deux jours fériés
Parallèlement, le Premier ministre a aussi proposé la suppression de deux jours fériés, par « exemple » le « lundi de Pâques » et le « 8-Mai », pour doper l’activité qu’il juge insuffisante en France.
François Bayrou a assuré avoir « tranché » pour faire participer « tout le monde », « sans aucune considération de quelques intérêts personnels ou catégoriels que ce soit ».
Politiquement, le socle de soutiens du Premier ministre, qu’il réunira mardi soir à 19h00 à Matignon, paraît plus friable que jamais, alors que le budget avait déjà provoqué la chute du gouvernement de Michel Barnier fin 2024.
Chacun sur l’échiquier a posé, avant même cette présentation, ses lignes rouges.
Au Rassemblement national, qui se place en arbitre de la censure, le député Jean-Philippe Tanguy a promis de renverser le gouvernement en cas de hausse d’impôts, voire d’année blanche, une autre manière selon lui « de piquer de l’argent aux gens ».
Du côté de La France insoumise, l’année blanche serait « une année rouge pour les Français » et « les mêmes causes produiront les mêmes effets », a estimé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.
La gauche souhaite obtenir une taxe inspirée par l’économiste français Gabriel Zucman sur les « ultra-riches », en prélevant 2% par an de leur patrimoine, pour un rendement annuel de 20 milliards d’euros. Mais le camp macroniste n’en veut pas.
François Bayrou a annoncé une « contribution de solidarité pour « les plus hauts revenus » aux contours encore flous, dont on ne sait pas si elle suffira à garantir la non censure des troupes socialistes.
Vives critiques et menaces de censure
« Les destructions et les injustices ne doivent plus être acceptées. Il est urgent de mettre un terme à la macronie. Il faut faire partir Bayrou », a lancé le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon sur X, en agitant la menace d’une motion de censure.
« Demander toujours plus à ceux qui ont peu… et si peu à ceux qui ont beaucoup n’est ni sérieux ni efficace ni juste », a écrit sur X M. Vallaud. Ce budget est « brutal et inacceptable. »
« Emmanuel Macron et François Bayrou sont incapables de faire de vraies économies et présentent une énième facture aux Français », a estimé Marine Le Pen, déplorant qu’« aucune économie sur le coût de l’immigration, des subventions aux énergies intermittentes » tel le solaire et l’éolien, n’ait été présentée par le chef du gouvernement.
« Aucun député RN n’acceptera » la proposition de François Bayrou de supprimer deux jours fériés, a fait savoir mardi sur X le patron du parti Jordan Bardella, critiquant une « provocation » et « une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail ».
Le gouvernement « ne cherche pas à se préserver. Il ne cherche pas à durer. Il veut changer les choses et (…) qu’importe le risque », a déclaré le Premier ministre, en rappelant qu’il n’avait « pas de majorité » et qu’il était « à la merci des oppositions, autant qu’ici ou là aux doutes de ses soutiens ». « Nous savons que le chemin est difficile, que la voie est étroite mais que le chemin existe ».
Le ministre de l’Economie Éric Lombard assurera le service après-vente au 20h00 de France 2.

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