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La guerre agricole

La souveraineté alimentaire de la France menacée : « la guerre agricole se prépare »

La ministre française de l'Agriculture, Annie Genevard, a sonné l'alerte lundi depuis le marché international de Rungis : « Si nous sommes réunis ici, c'est que la guerre agricole se prépare ». Un avertissement sans détour qui résonne comme un signal d'urgence pour l'Hexagone, première puissance agricole du continent européen.

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La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, accompagnée du président du Marché international de Rungis, Stéphane Layani (à dr.), s'adresse à la presse à l'issue de la conférence « Grand Réveil Alimentaire », à Rungis, dans la banlieue parisienne, le 8 décembre 2025.

Photo: JULIEN DE ROSA / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Face à une concurrence internationale qui s’intensifie et des défis internes qui s’accumulent, la France doit se préparer à une décennie décisive pour son secteur agricole.

« Il est temps d’agir »

La responsable gouvernementale ne mâche pas ses mots : « La guerre agricole menace chaque jour un peu plus et il est temps d’agir ». Entre les répercussions du conflit ukrainien, les nouvelles orientations douanières américaines et l’offensive commerciale chinoise, l’époque de la prospérité tranquille semble révolue. La ministre appelle à un « grand réveil alimentaire » national, estimant que ces bouleversements géopolitiques ont définitivement balayé toute « illusion » de stabilité durable.

L’Europe à contre-courant des grandes puissances

Les chiffres présentés par Annie Genevard dressent un constat alarmant. Alors que les investissements dans les politiques agricoles explosent ailleurs dans le monde, l’Union européenne fait le choix inverse. « Depuis 2014, le financement de la politique agricole et alimentaire chinoise par habitant a bondi de 40% ; celle des Etats-Unis de 86% ; celle de la Russie de 15%. Et celle de l’Union européenne a reculé de 19%. C’est une erreur historique à laquelle il faut faire barrage », dénonce-t-elle avec véhémence.

« Lutter contre les tentations de la décroissance »

La ministre pointe du doigt ce qu’elle considère comme une dangereuse naïveté européenne : « Toutes ces puissances anticipent la montée en intensité de la guerre agricole en réarmant leur puissance verte. Et pendant ce temps, sur notre continent, nous devons lutter contre les tentations de la décroissance portées par quelques thuriféraires du décadentisme ». Un réquisitoire sans appel contre certaines tendances idéologiques qu’elle juge déconnectées des réalités stratégiques mondiales.

La souveraineté alimentaire, enjeu de sécurité nationale

Annie Genevard établit un lien direct entre agriculture et sécurité du pays : « La guerre, la vraie, n’a plus rien d’impossible, chaque jour nous le rappelle. Il nous faut nous y préparer. Si elle éclate, que les Français le comprennent bien, c’est sur nos agriculteurs, et sur eux seuls, qu’il faudra compter pour nous nourrir ». Un scénario catastrophe qui souligne l’importance vitale du maintien d’une agriculture nationale robuste.
La situation française devient préoccupante : la balance commerciale agricole pourrait basculer dans le rouge en 2025, une première depuis près d’un demi-siècle. Cette perspective inquiétante témoigne d’un déclassement progressif de la première puissance agricole européenne.

Les multiples menaces qui pèsent sur l’agriculture française

La ministre identifie plusieurs « lames de fond » qui fragilisent le secteur. En tête : « l’érosion de nos facteurs de production » avec celle des « forces humaines d’abord, puisque dans les dix prochaines années, un actif agricole sur deux partira à la retraite ». S’ajoutent à ce défi démographique la volatilité des prix, l’alourdissement des charges, le dérèglement climatique et l’évolution des habitudes de consommation.
Sur ce dernier point, le constat est sans appel : « La part que les Français consacrent à l’alimentation dans leur budget a reculé de manière spectaculaire ces dernières années, passant de 35% en 1960 à moins de 20% aujourd’hui ». Face à ce désengagement progressif, Annie Genevard plaide pour un authentique « patriotisme alimentaire ».

Une promesse de fermeté face aux accords internationaux

Se positionnant en rempart protecteur, la ministre réaffirme son opposition à l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Elle lance même un ultimatum à la Commission européenne : « J’interdirai moi-même les importations sur notre sol de produits contenant des substances interdites en Europe comme le droit européen me le permet ». Une déclaration d’intention qui marque sa détermination à défendre coûte que coûte l’agriculture française.
Avec AFP