Plainte pour détournement de fonds publics: « tout sera mis en œuvre » contre le RN, accuse Jordan Bardella
Le président du Rassemblement national assure qu’« aucun média training » litigieux n’a été financé par le Parlement européen.

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, assiste au rassemblement annuel de la Ligue (Lega) à Pontida, dans le nord de l’Italie, le 21 septembre 2025.
Photo: PIERO CRUCIATTI/AFP via Getty Images
« Tout sera mis en œuvre » pour « nous empêcher de concourir à la prochaine élection présidentielle », a martelé le président du Rassemblement national Jordan Bardella samedi, au lendemain de l’annonce d’une plainte pour détournement de fonds publics visant le parti d’extrême droite et son patron.
L’association AC!! Anti-Corruption a en effet déposé vendredi une plainte contre X pour détournement de fonds publics autour d’une formation de média training au Rassemblement national (RN), financée par le Parlement européen mais qui aurait servi à Jordan Bardella pendant la campagne présidentielle française de 2022.
Contestant fermement ces accusations, le chef du RN récuse tout usage indu de crédits européens. « Aucun média training n’a été fait pendant la campagne présidentielle sur les frais du Parlement européen », a assuré le patron du RN à la presse, en marge d’une séance de dédicaces à Escaudoeuvres (Nord), près de Cambrai. Pour lui, AC!! Anti-Corruption est « une association d’extrême gauche » qui « utilise » la justice, renforçant ainsi son discours sur une instrumentalisation des procédures judiciaires à des fins politiques.
Une rhétorique de victimisation assumée
Jordan Bardella inscrit cette nouvelle affaire dans une séquence plus large où il se dit pris pour cible, physiquement comme politiquement. « Les Français ne sont pas dupes du fait que tout sera mis en œuvre, que ce soit sur le plan de la violence physique dont j’ai été victime à deux reprises la semaine dernière, de la violence politique dont on a l’habitude et évidemment de l’utilisation de l’arme judiciaire, pour nous empêcher de concourir à la prochaine élection présidentielle », a-t-il accusé. La semaine dernière, le président du RN a été visé à deux reprises, d’abord par un jet de farine à Vesoul (Haute-Saône), puis par un œuf écrasé sur la tête à Moissac (Tarn-et-Garonne), des incidents dont il fait désormais un marqueur de son récit de campagne.
Samedi à Escaudœuvres, où quelques centaines de personnes se sont pressées pour obtenir une dédicace ou un cliché, le dirigeant frontiste était entouré d’un important dispositif de protection, cinq agents de sécurité l’escortant en permanence, tandis que plusieurs autres étaient discrètement disséminés dans la salle. Cette mise sous cloche sécuritaire illustre la volonté de ses équipes de prévenir toute nouvelle agression symbolique, dans un contexte de forte exposition médiatique et politique.
Un tandem Bardella–Le Pen sous surveillance judiciaire
Sur le plan électoral, Jordan Bardella avance soudé à Marine Le Pen, qu’il s’emploie à afficher comme indissociable de sa trajectoire. Alors que la cheffe de file du RN à l’Assemblée n’a pas été testée dans un sondage Odoxa-Mascaret publié fin novembre, qui donne le président du Rassemblement national vainqueur quel que soit son adversaire au second tour, ce dernier assure que « rien ne pourra (les) diviser », lui et la cheffe des députés RN. « Nous travaillons main dans la main. Jusqu’à l’appel, nous allons faire campagne ensemble, et je vais vous faire une révélation, après l’appel, nous allons également faire campagne ensemble », a-t-il insisté, érigeant leur duo en bloc politique unique.
Marine Le Pen reste toutefois sous la menace judiciaire. Elle a été condamnée en mars à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire à la suite du procès en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Front national, ancien nom du RN. Elle sera rejugée en appel du 13 janvier au 12 février 2026, une échéance qui pèsera sur la stratégie présidentielle du camp nationaliste, tandis que le sigle « kau/jco » continue de signer les dépêches retraçant les déboires judiciaires du parti.

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