ANALYSE : Qualifier les changements climatiques de menace existentielle serait « déraisonnable », selon un climatologue

Cela relève de la propagande, affirme Richard Lindzen, professeur au MIT.

Par Ella Kietlinska & Jan Jekielek
16 décembre 2023 07:08 Mis à jour: 16 décembre 2023 07:08

L’augmentation de la température mondiale par effet de serre est réelle, mais demeure faible et ne constitue pas une menace existentielle pour l’humanité, soutient un scientifique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

L’effet de serre est principalement causé par la vapeur d’eau et les nuages, déclare Richard Lindzen, professeur émérite des sciences atmosphériques au MIT.

Le dioxyde de carbone (CO2), le méthane et l’oxyde nitreux contribuent de façon mineure à l’effet de serre, dit-il lors d’une interview accordée à l’émission « American Thought Leaders » d’EpochTV.

« Si toutes les autres variables demeurent constantes et que [la teneur en] CO2 est doublée, l’on obtient un réchauffement d’un peu moins d’un degré », dit-il. Suivant les différents modèles climatiques, le scénario du réchauffement le plus élevé est de trois degrés. Or, « même trois degrés, ce n’est pas beaucoup », ajoute-t-il.

Selon la NASA, l’effet de serre est « le processus par lequel la chaleur est piégée au niveau de la surface de la Terre par des substances connues sous le nom de ‘gaz à effet de serre’. Ces gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone, le méthane, l’ozone, l’oxyde nitreux, les chlorofluorocarbones et la vapeur d’eau. »

Certains leaders politiques, universitaires, organisations internationales ainsi que les médias soutiennent que le réchauffement climatique est une menace existentielle pour l’humanité.

En septembre, lors d’une conférence de presse au Viêtnam, Joe Biden a sonné la sonnette d’alarme: « L’unique menace existentielle à laquelle l’humanité est confrontée – plus effrayante encore qu’une guerre nucléaire – est un réchauffement planétaire supérieur à 1,5 degré (…) au cours des dix prochaines années. »

Selon un groupe de travail sur le changement climatique de l’université du Michigan, « la température mondiale a augmenté d’au moins 1°C depuis le milieu du 20e siècle » et « le changement climatique est une menace existentielle pour la qualité de vie sur Terre ».

En novembre, Bruce Aylward, directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré que le changement climatique constitue une menace existentielle pour l’humanité, en particulier les femmes enceintes et les enfants.

Or, selon M. Lindzen, qualifier le changement climatique de menace existentielle relève plutôt de la propagande.

Ce dernier souligne que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – l’organe des Nations unies chargé d’évaluer les bases scientifiques du changement climatique, de ses impacts et des possibilités d’atténuation – n’a jamais qualifier le réchauffement climatique de menace existentielle.

Selon le rapport du GIEC, le changement climatique entraînera une réduction du PIB de 3% d’ici 2100, précise M. Lindzen. Or, « en supposant que le PIB augmente de plusieurs fois d’ici là, pour la plupart des gens, cela ne devrait pas être une menace existentielle », insiste-il.

Les périodes de changements climatiques extrêmes survenues dans le passé

Pour les tenants du discours dominant, il existe un autre argument selon lequel, lors des grandes périodes de changements climatiques survenues dans l’histoire de la Terre, la variation de la température moyenne globale n’a été que de cinq degrés Celsius, ce qui semble impliquer qu’un réchauffement de « trois degrés serait un phénomène sérieux », dit M. Lindzen.

Cet argument fait référence à deux événements climatiques majeurs au cours desquels la différence de température moyenne entre ces périodes et celle d’aujourd’hui n’était que d’environ cinq degrés.

Il s’agit notamment de la dernière période glaciaire (également connue sous le nom de dernier maximum glaciaire).

« La dernière période glaciaire a atteint son apogée il y a environ 20.000 ans, lorsque les températures mondiales étaient probablement inférieures de cinq degrés à celles d’aujourd’hui », explique la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).

Le deuxième événement en question a été une période chaude (la plus chaude que la Terre ait connue), survenue il y a environ 50 millions d’années, et au cours de laquelle il existait des créatures semblables à des alligators dans le Svalbard, un archipel norvégien situé au nord du cercle polaire arctique.

Au cours de cette période, il y a environ 55 à 56 millions d’années, la température moyenne mondiale aurait été plus élevée d’environ sept degrés que la température actuelle, atteignant 22°C, selon la NOAA.

L’envoyé spécial du président américain pour le climat, John Kerry, arrive pour participer à l’émission « Sunday Morning » de la BBC, le 9 juillet 2023. (Henry Nicholls/AFP via Getty Images)

Cependant, le réchauffement observé au cours des 150 dernières années, soit depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), n’a « aucune ressemblance » avec ces deux périodes de changements climatiques majeurs, soutient M. Lindzen.

Au cours de ces deux périodes, la température dans les tropiques est restée presque constante, alors que la différence de température entre les tropiques et les pôles a augmenté de 20°C au cours de la dernière période glaciaire et a diminué de 20°C au cours de la période chaude, explique le scientifique.

En revanche, l’augmentation de la température observée depuis l’ère préindustrielle, due à l’effet de serre, est la même partout sur le globe, des tropiques aux pôles, explique-t-il.

« La différence de température entre les tropiques et les pôles dépend de la dynamique du transport de la chaleur par le mouvement. Dans une certaine mesure, l’équateur dépend de l’effet de serre. »

Cette augmentation observable pourrait être imputée au CO2 – environ un degré – mais elle est identique des tropiques aux pôles, affirme M. Lindzen, qui qualifie de « déraisonnable » l’idée selon laquelle ce changement de température est une menace « existentielle » qui nécessiterait des mesures d’atténuation drastiques.

Le CO2 est-il dangereux ?

Réduire le CO2 à l’échelle de la planète est « le rêve de tout législateur », avance M. Lindzen. « Si vous contrôlez le CO2, vous contrôlez la respiration des gens. Si vous contrôlez la respiration, vous contrôlez tout. C’est donc très tentant. »

« [Contrôler] le secteur de l’énergie est une autre tentation. Peu importe à quel point les combustibles fossiles deviennent ‘propres’, [leur combustion] produira toujours de la vapeur d’eau et du CO2 », explique-t-il.

Le CO2 est considéré comme un poison et la plupart des gens estiment qu’il est dangereux, poursuit le scientifique, or ils oublient que le CO2 est essentiel [à la vie].

« La concentration de CO2 dans la bouche est d’environ 40.000 ppm, contre 400 ppm à l’extérieur », dit-il. « Des concentrations de « 5000 ppm sont même acceptables dans les stations spatiales. »

« [Cette molécule] est en partie un poison, mais pire encore, elle est essentielle. Si la concentration de CO2 diminuait de 60%, nous serions tous morts. »

« Il s’agit d’un polluant très étrange – il est essentiel à la vie végétale, pourtant, parce qu’il est le produit inévitable de la combustion d’énergies fossiles, il est la cible d’attaques. »

Des délégués et des spécialistes lors de la cérémonie d’ouverture de la 48e session du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à Incheon, en Corée du Sud, le 1er octobre 2018. (Jung Yeon-Je/AFP via Getty Images)

La science utilisée pour avancer des politiques climatiques

Les rapports du GIEC sur le changement climatique font souvent des milliers de pages, et le groupe publie également des résumés à l’intention des décideurs politiques, ainsi que des « déclarations emblématiques » qui résument les milliers de pages en une seule phrase, explique M. Lindzen.

Selon M. Lindzen, seuls les rapports produits par le groupe de travail I du GIEC relèvent de la science. « Tout le reste est écrit par des fonctionnaires gouvernementaux, etc. »

Le groupe de travail I est chargé d’évaluer la science physique relative au changement climatique, selon son site web.

L’une des déclarations emblématiques du GIEC est qu’il est « presque certain que la majeure partie du changement climatique – le réchauffement – survenant depuis 1960, est due à l’homme », relate M. Lindzen. Or, ce dernier explique que, « même si la totalité [du changement climatique était attribuable à l’homme], il ne s’agirait tout de même que d’une fraction de degré ».

Pourtant, les sénateurs John McCain (Parti républicain-Arizona) et Joe Lieberman (Parti démocrate-Connecticut) voit en cette phrase emblématique un élément de preuve irréfutable et veulent s’en servir pour passer à l’action, déplore M. Lindzen.

En 2001, le groupe de travail I a publié un rapport dans lequel il expliquait les fondements scientifiques de la troisième évaluation du GIEC sur les changements climatiques passés, actuels et futurs. Le rapport indiquait que la température moyenne de la surface de la terre – une combinaison de la température de l’air près des surfaces des terres et de la mer – a augmenté de 0,4 à 0,8 degré Celsius au cours du 20e siècle.

La majeure partie du réchauffement observé au cours des 50 dernières années est probablement imputable aux activités humaines, en particulier « à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre », affirme le rapport.

Le rapport fournit également une projection de l’augmentation de la température mondiale jusqu’à la fin du 21e siècle, par rapport à 1990, sur la base de divers scénarios d’émissions élaborés par le GIEC. Pour l’ensemble des scénarios climatiques, la plus faible augmentation de température estimée était de 1,4 degré Celsius, et la plus élevée de 5,8 degrés Celsius.

En réponse à ce rapport, deux législateurs américains, M. Lieberman et M. McCain, ont proposé « un système de plafonnement et d’échange [du carbone, ou bourse du carbone] » afin de contrôler les émissions nationales de gaz à effet de serre.

« Étant donné que les États-Unis produisent environ 25% des émissions totales de gaz à effet de serre, il leur incombe de réduire leurs émissions », déclarait M. McCain dans son compte rendu. « Les entreprises américaines risquent à présent d’être exclues du marché mondial d’achat et de vente d’unités d’émissions. »

En 2003, les deux sénateurs ont présenté le Climate Stewardship Act, qui proposaient d’imposer la réduction des émissions de six gaz à effet de serre et de créer un système international d’échange des émissions. Cette loi n’a pas été adoptée par le Sénat, mais à quand-même reproposée au Congrès en 2005 puis en 2007.

Les déclarations neutres faite par des scientifiques peuvent rapidement être déformée et qualifiée de « catastrophique » par des politiciens qui votent l’octroi de fonds supplémentaires pour la recherche, ce à quoi ni la communauté scientifique ni les Nations unies ne comptent s’opposer, explique M. Lindzen.

Des policiers emmènent l’activiste climatique suédoise Greta Thunberg avec d’autres activistes climatiques de l’organisation Ta Tillbaka Framtiden (Réclamez l’avenir), qui bloquent l’entrée du quartier d’Oljehamnen à Malmö, en Suède, le 19 juin 2023. (Johan Nilsson/TT News Agency/AFP via Getty Images)

Le GIEC publie des rapports d’évaluation scientifique sur l’état des connaissances sur les changements climatiques tous les six ou sept ans.

En 2021, le groupe de travail I a publié un rapport présentant les fondements scientifiques du sixième rapport d’évaluation sur l’état des connaissance sur les changements climatiques du GIEC.

Selon le rapport, en 2010-2019, la température à la surface du globe était augmentée de 0,8 à 1,3 degré Celsius, par rapport à l’ère préindustrielle, en raison des activités anthropiques.

« La science n’est jamais définitive »

« Ceux qui prétendent que la science est définitive veulent couper court à tout désaccord parce qu’ils n’ont pas grand-chose à présenter », dit M. Lindzen. « La science n’est jamais définitive. »

Les leaders politiques et les organisations de la société civile se rendent compte de l’autorité dont jouit « la science » auprès du public, et ils la reprennent à leur compte. Or, ce n’est pas ça, la science. (…) La science est un mode d’investigation. »

[La science] est toujours ouverte aux nouvelles questions, elle est façonnée par les questions et de la possibilité de se tromper, fait valoir le scientifique. « Dire que la science est infaillible, c’est la mettre dans une boîte. »

« La science n’est pas un système de croyance, ou une religion. »

Aujourd’hui, il est presque impossible de publier un article scientifique qui remet en question le discours dominant sur le réchauffement climatique, déplore M. Lindzen.

Les journaux scientifiques font appel à des arbitres qui peuvent recommander d’importantes révisions à un article qui remet en cause ce discours, explique le scientifique. Ces révisions peuvent occuper l’auteur pendant un an, puis l’article est rejeté. « L'[étude du] climat est l’un des premiers [domaines victime] de la ‘cancel culture’ (culture de l’annulation). »

M. Lindzen a dit connaître bon nombre d’éminents scientifiques, tels que des directeurs de laboratoires de sciences de la nature, des chefs de bureaux météorologiques ou d’organisations internationales, qui ont été muselés dès le début des années 1990.

D’autre part, « le financement [de la recherche sur le] climat a été multiplié par 15 », créant ainsi une nouvelle communauté qui n’existe que grâce à ce discours dominant, selon M. Lindzen. Par conséquent, il n’y a pas de médias grand public qui ne remette en question ce discours.

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