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Anne Hidalgo porte plainte contre X après les révélations de Transparence citoyenne sur ses notes de frais

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La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé vendredi 19 septembre qu'elle allait porter plainte contre X pour "dénonciations calomnieuses" après la publication de ses notes de frais de déplacement et de représentation par l'association Transparence citoyenne.

Photo: THOMAS COEX/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé vendredi 19 septembre qu’elle allait porter plainte contre X pour « dénonciations calomnieuses » après la publication de ses notes de frais de déplacement et de représentation par l’association Transparence citoyenne, révélées par Mediapart le mercredi précédent.
Cette riposte judiciaire intervient après plusieurs jours de polémique autour des dépenses de l’édile socialiste, qui totalisent plus de 200 000 euros entre 2020 et 2024 selon les documents rendus publics.

Une « campagne calomnieuse » dénoncée

« Depuis plusieurs jours, une campagne médiatique calomnieu vise la maire de Paris quant à l’utilisation et à l’interprétation qui en est faite de ses frais de représentation. Il est évident que le but de cette campagne n’est autre que de salir et de nuire », écrit la mairie de Paris dans un communiqué publié vendredi.
La plainte contre X, qui sera déposée « dans les tout prochains jours » selon l’entourage d’Anne Hidalgo, « permettra d’identifier les personnes physiques ou morales auteures de ce délit pénal ». Cette procédure vise à établir les responsabilités dans ce que la municipalité qualifie de campagne de diffamation orchestrée.

Des révélations chiffrées controversées

Les documents obtenus par Transparence citoyenne et publiés par Mediapart révèlent l’ampleur des dépenses de l’édile parisienne. Selon les calculs établis à partir des documents disponibles, 84 000 euros ont été consacrés aux frais de représentation, principalement des vêtements de luxe, et 125 000 euros aux frais de voyage entre juillet 2020 et décembre 2023.
Parmi les destinations figurent notamment New York, Rome, Buenos Aires, Tokyo et plus récemment Papeete, en Polynésie française, où l’élue s’est rendue en octobre. Ces déplacements s’inscrivent dans le cadre de sa fonction de maire d’une capitale internationale et de ses engagements pour Paris 2024.

Une défense fondée sur la légalité

La municipalité parisienne réfute fermement toute irrégularité dans l’utilisation de ces fonds. « Il est établi qu’Anne Hidalgo a toujours agi dans le cadre posé par la loi et a eu une utilisation de ses frais qui est totalement justifiée, et en deçà de ce qu’elle était autorisée à dépenser », affirme l’Hôtel de Ville.
La mairie précise que le plafond de l’enveloppe dont dispose l’édile – environ 20 000 euros par an – n’avait pas été dépassé sur la période concernée. « Toutes les dépenses sont strictement encadrées par le code de déontologie de la ville de Paris élaboré en 2019 par la commission de déontologie de la ville de Paris, en lien avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) », a-t-elle précisé auprès de l’AFP.

Un bras de fer judiciaire de plusieurs mois

Cette affaire trouve son origine dans une demande formulée en mars 2024 par l’association Transparence citoyenne, qui se présente comme une organisation de « lutte contre la corruption et la gabegie de l’argent public ». L’association avait demandé à la mairie de lui fournir les notes de frais depuis 2020.
Face au retard de la municipalité à répondre à cette demande, Transparence citoyenne avait fini par saisir le tribunal administratif pour obtenir ces documents. La mairie a reconnu auprès de l’AFP avoir « tardé » dans sa réponse, mais précise avoir finalement fourni les documents « également sur les six premiers mois de 2024, alors que Transparence citoyenne n’avait demandé que jusqu’à 2023 ».

Des interrogations sur les financements de l’association

L’affaire prend une dimension particulière avec les révélations concernant les financements de Transparence citoyenne. L’un des trois fondateurs de l’association, Guillaume Leroy, a précisé à Mediapart avoir reçu 10 000 euros de financement du milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin, initiateur du projet politique Périclès qui vise notamment à « faire se lever une élite » avec « toutes les forces de droite ».
Guillaume Leroy s’est défendu de toute contrepartie à ce soutien financier, maintenant l’indépendance de son action. Doctorant en droit pénal et président de Transparence Citoyenne, il revendique une démarche de transparence démocratique au-delà de tout clivage politique.

Une stratégie de transparence élargie

Transparence citoyenne ne limite pas son action à la capitale française. L’association a publié sur son site internet les notes de frais de très nombreuses municipalités, ainsi que de collectivités territoriales à travers la France, s’inscrivant dans une démarche systématique de contrôle citoyen des dépenses publiques locales.
Cette approche méthodique témoigne d’une volonté de professionnalisation du contrôle citoyen, utilisant les outils juridiques disponibles pour obtenir la communication de documents administratifs souvent difficiles d’accès pour les citoyens ordinaires.

Un précédent pour les élus locaux

L’affaire Anne Hidalgo pourrait créer un précédent significatif pour l’ensemble des élus locaux français. La publication détaillée de notes de frais, jusqu’alors relativement protégées par l’opacité administrative, ouvre la voie à un contrôle citoyen renforcé des dépenses de représentation.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte de demande croissante de transparence de la part des citoyens, particulièrement sensibles à l’usage des deniers publics en période de contraintes budgétaires. La question de l’équilibre entre la nécessité de représentation des fonctions électives et la sobriété dans l’usage des fonds publics devient centrale.

Les enjeux juridiques de la plainte

La plainte annoncée par Anne Hidalgo soulève des questions importantes sur l’équilibre entre liberté d’information et protection de la réputation des élus. La qualification de « dénonciation calomnieuse » devra être appréciée par la justice, qui devra déterminer si les révélations constituent une information d’intérêt public légitime ou relèvent effectivement de la diffamation.
Cette procédure judiciaire illustre les tensions croissantes entre transparence démocratique et protection des personnalités publiques dans un contexte médiatique où les révélations sur les frais des élus suscitent régulièrement des polémiques nationales.