Anti-régime, alimentation intuitive, positivité corporelle et montée de la malbouffe dans le domaine du bien-être

Avoir une image corporelle positive et manger des aliments malsains sans culpabilité n'efface pas les problèmes de santé chroniques qui découlent d'une mauvaise alimentation

Par Will Cole
23 mai 2024 19:17 Mis à jour: 2 juin 2024 17:28

Il n’est pas surprenant que, selon les études, la plupart des Américains soient en mauvaise santé métabolique. En fait, sept personnes sur huit ne répondent pas aux critères de santé métabolique. Les chercheurs qualifient ce chiffre d’ « alarmant ». En tant que médecin spécialiste de la médecine fonctionnelle, je vois cela tous les jours chez des personnes du monde entier. Selon la Drees, 6 % des Français se disent en mauvaise santé ou en très mauvaise santé (respectivement 5 % et 1 %).

Pire encore, je vois les conséquences sur la santé généralement associées à une mauvaise santé métabolique, notamment le brouillard cérébral, la fatigue, l’infertilité, les problèmes digestifs, les problèmes hormonaux, les problèmes de peau et la baisse de la libido. Ce n’est pas parce qu’une chose est courante qu’elle est normale.

Malgré tout, le mouvement « anti-régime » est devenu plus virulent et plus courant que jamais, corrigeant la culture des régimes toxiques pour prêcher les mérites de l’indulgence sans limites, sans se soucier de la valeur d’une nutrition correcte et d’une véritable santé.

Le phénomène anti-régime

Comme beaucoup de modes qui finissent par aller trop loin, le mouvement « anti-régime », ou « alimentation intuitive », est né d’une intention saine. Les pratiques de régime fondées sur la honte et sur des restrictions excessives, répandues il y a plus de 10, 20 ou 30 ans, tenaient rarement compte d’une alimentation correcte. Elles mettaient trop l’accent sur la réduction des calories, les restrictions alimentaires et l’exercice physique rigoureux et intensif, sans parler du jugement flagrant de la société à l’égard des personnes qui s’efforçaient de maintenir un poids sain.

Après avoir consulté des milliers de personnes dans le monde entier, je reconnais tout-à-fait que pour s’épanouir mentalement et physiquement, il n’y a pas de place pour la honte, les restrictions excessives ou les obsessions malsaines de quelque nature que ce soit. Pour être en bonne santé, nous avons tous besoin de nous sentir soutenus, rassasiés et nourris dans notre corps et notre esprit.

Cependant, au lieu de prendre en compte les ajustements de la nutrition et du mode de vie étayés par la science, le message des médias sociaux « anti-régime » d’aujourd’hui a été beaucoup trop correctif, affirmant qu’« il n’y a pas de mauvaise nourriture » et que l’intuition est tout ce dont nous avons besoin pour bien manger. Une étude menée par une équipe de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), a analysé l’association entre alimentation « intuitive » et indice de masse corporelle à partir de la cohorte Nutrinet Santé.

J’aimerais que notre intuition collective ou personnelle suffise à maintenir notre alimentation en faveur d’une santé optimale, mais l’individu moyen se heurte à trop d’obstacles pour que ce soit le cas.

Le sous-groupe anti-régime « bien-être » est tout aussi toxique, voire plus toxique que la culture du régime elle-même. Les aspects extrêmes du « mouvement de positivité corporelle », de la « santé à toutes les tailles » et de la « culture anti-régime » ignorent la science nutritionnelle de base et sont imprégnés d’habilitation et de signaux de vertu.

L’augmentation des problèmes métaboliques et auto-immuns

Près de 50 millions d’Américains souffrent d’une maladie auto-immune pouvant être diagnostiquée et des millions d’autres se situent dans le spectre de l’auto-immunité/inflammation. Selon l’Inserm, on estime aujourd’hui que 5 à 10 % de la population mondiale est touchée par une maladie auto-immune, dont 5 millions en France selon l’Institut Pasteur.

L’écrasante majorité des problèmes de santé métaboliques sont causés, au moins en partie, voire dans de nombreux cas entièrement, par les aliments que nous mangeons et ceux que nous ne mangeons pas. Dire qu’il n’y a pas de mauvaise alimentation, c’est donner une fausse image d’une des principales causes de maladie pour des millions de personnes. Ce n’est tout simplement pas exact.

Selon les services de santé, 80 % des personnes souffrant d’une maladie métabolique n’en sont même pas conscientes.

Pourtant, selon les « diététiciens anti-régime », il est possible d’être en bonne santé en mangeant tout ce dont on a envie, à condition que ce soit « intuitif ». Je suis tout à fait favorable à une alimentation réfléchie, mais il est très difficile de manger intuitivement lorsque l’on est en proie aux montagnes russes de la glycémie et à l’inflammation. Est-ce de l’intuition ou de la faim ? Intuition ou déséquilibre hormonal ?

Il est difficile d’entendre la petite voix tranquille de son intuition lorsqu’elle est brouillée par le bruit d’un métabolisme déréglé. Le message véhiculé par la culture anti-régime est dangereux et grossièrement trompeur pour la majorité des adultes qui bénéficieraient d’une évaluation métabolique et d’une approche centrée sur la santé pour traiter la myriade de problèmes de santé et de longévité qui accompagnent les troubles métaboliques.

La grande malbouffe et le mouvement anti-régime

Le mot « régime » est devenu un mot de six lettres, alors qu’en réalité sa définition décrit simplement « ce que nous mangeons ». La majorité des Occidentaux ont été déçus par le manque de pouvoir et d’accès à la vraie nourriture et par un système de santé qui ne donne pas la priorité à la nutrition et qui commence à peine à comprendre l’impact énorme de notre régime alimentaire sur notre santé.

Ce qui est facilement disponible, subventionné et largement commercialisé est – on l’a deviné – une nourriture qui n’aime pas le corps humain en retour.

Il n’est pas surprenant que la grande malbouffe se soit jointe au mouvement anti-régime. Aux États-Unis, le fabricant General Mills, également présent en France avec les marques Géant Vert, Old Paso, les crèmes glacées Häagen-Dazs, ou encore les barres de céréales Nature Valley, a lancé une campagne nationale pour mettre en garde contre les méfaits de la « honte alimentaire », en s’associant à des diététiciens sur les médias sociaux pour ajouter de la crédibilité à leurs affirmations.

En s’appropriant le mouvement anti-régime déjà déformé, des entreprises comme General Mills ont en fait tourné le dos aux véritables initiatives de santé, profitant d’une occasion de récupérer ce qui a été perdu au profit des tendances en matière de santé et de bien-être. Les entreprises ont trouvé le moyen de dire aux gens qu’ils peuvent manger de tout, ce qui leur permet d’apaiser une société malade et de lui donner des signes de vertu.

Qu’est-ce qu’une bonne santé métabolique ?

Des études, comme celle de l’université de Caroline du Nord, définissent une bonne santé métabolique en fonction de cinq paramètres clés. Les laboratoires conventionnels se basent en grande partie sur les moyennes statistiques des personnes qui se rendent dans les laboratoires, qui ne constituent pas le groupe le plus sain pour évaluer la longévité et la santé optimale. En médecine fonctionnelle, nous recherchons l’optimum, et non la moyenne, lorsqu’il s’agit de ces paramètres clés de la santé métabolique :

1. Glycémie à jeun : optimale moins de 90 mg par décilitre (mg/dL)

2. HDL (lipoprotéines de haute densité) : optimal supérieur ou égal à 60 mg/dL

3. Triglycérides : valeur optimale inférieure à 100 mg/dL

4. Tour de taille : optimal inférieur à 101 cm pour les hommes et 86 cm pour les femmes

5. Tension artérielle : optimale systolique inférieure à 120 et diastolique inférieure à 80 mm de mercure.

Nommé le syndrôme métabolique en France, il touche près d’une personne sur 5, selon l’Inserm.

Le respect de soi, clé de la lutte contre la culture de l’alimentation toxique

Lorsqu’il s’agit de lutter contre la culture de l’alimentation toxique, la solution commence par l’autocompassion, car on ne peut pas guérir un corps que l’on déteste. Il n’est pas possible d’atteindre le bien-être par la honte. On ne peut pas être obsédé par la santé.

Pourtant, si nous nous « aimons » en mangeant régulièrement certains aliments sans culpabilité selon le mouvement « anti-régime/positivité corporelle », beaucoup de ces aliments ne nous aiment pas en retour et les éviter n’est pas une « culture de régime restrictive et toxique », c’est du respect de soi.

Quiconque normalise la consommation chronique d’aliments qui ne l’aiment pas en retour permet d’accepter de manger des aliments qui ne servent pas la santé et le bien-être du corps. Cette vérité peut être transmise avec grâce et amour, et sans honte. Manger des aliments qui ne nous aiment pas en retour ne fait pas de nous une mauvaise personne, mais cela ne fait pas non plus de nous une personne en bonne santé.

Lorsque nous commençons à soigner notre corps avec des aliments vrais, nourrissants et riches en nutriments, notre corps commence à avoir envie de ce qu’il y a de mieux pour nous. Cette « intuition corporelle », comme un muscle, prend du temps à se développer et peut être renforcée par une bonne éducation nutritionnelle. En attendant, l’« alimentation intuitive », telle qu’elle est prônée aujourd’hui sur les médias sociaux, n’est pas un moyen fiable d’être en bonne santé.

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