Article viral contre Xi Jinping en Chine continentale: les luttes intestines du PCC peuvent-elles faire échouer sa candidature à un troisième mandat?

Par Nicole Hao
17 février 2022 19:20 Mis à jour: 17 février 2022 19:20

Un article critiquant le dirigeant chinois Xi Jinping a pu devenir viral en Chine continentale, ce qui, selon les analystes, reflète les luttes intenses entre les différentes factions au sein du Parti communiste chinois (PCC) et leurs conséquences sur l’autorité de l’actuel secrétaire général du Parti.

Alors que Xi Jinping a fait modifier avec succès la constitution du Parti en 2018 pour éliminer les limites de mandats, les observateurs estiment qu’il pourrait finalement échouer à obtenir un troisième mandat. S’il y parvient néanmoins, ce sera un précédent historique. Tout va se jouer cet automne lors du XXe Congrès national du PCC.

« L’article de 40 000 mots énumère les erreurs que Xi Jinping a commises en politique, en économie et en diplomatie. C’est un résumé du pouvoir de Xi Jinping au cours des neuf dernières années », explique Li Hengqing, spécialiste de la Chine au Washington Institute for Information and Strategy, à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 8 février.

« Après 2018, nous avons tous déclaré qu’aucune force ne pourrait empêcher Xi Jinping d’obtenir un troisième mandat. Maintenant, nous voyons que la situation n’est pas simple, et il n’est pas certain qu’il puisse l’obtenir.

« L’article a largement circulé à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine. Même plusieurs amis de Chine continentale me l’ont transmis. (…) Cela montre que les factions du PCC opposées à Xi se battent pour l’empêcher de rester en fonction. »

Xi Jinping a accédé à la tête de la Chine en novembre 2012, et a remporté un second mandat en octobre 2017. Chaque dirigeant a toujours été limité à deux mandats selon la constitution précédente du PCC. Xi Jinping aurait de ce fait du prendre sa retraite cette année. Ayant opéré un changement constitutionnel, il s’est donné la possibilité de rester à la tête du gouvernement aussi longtemps qu’il obtiendrait le soutien des autres dirigeants du Parti.

Le dirigeant chinois Xi Jinping en train de parler à distance lors de l’ouverture des sessions virtuelles de l’Agenda de Davos du Forum économique mondial, au siège du WEF à Cologny près de Genève, le 17 janvier 2022. (Fabrice Coffrini/AFP via Getty Images)

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Le 19 janvier, un auteur sous le pseudonyme Ark and China a publié l’article « Evaluate Xi Jinping Objectively » [Évaluer Xi Jinping de manière objective, ndt.] sur des blogs chinois d’outre‑mer. Depuis le 1er février, date du Nouvel An chinois, le commentaire sur le leadership de Xi Jinping est devenu viral parmi les lecteurs en Chine.

Le 9 février, la Central News Agency (CNA), l’agence de presse publique taïwanaise, a rapporté que les internautes chinois ont largement diffusé l’article, malgré la censure par le régime.

L’article passe en revue les performances de Xi Jinping au cours de la dernière décennie, notamment sa campagne de lutte contre la corruption, la poursuite de la campagne du Parti visant à éradiquer les religions et les croyances indépendantes, les violations des droits de l’homme, la surveillance et le contrôle étroits du peuple, le renforcement de la propagande, la poursuite de la révision des manuels scolaires pour enfants et des livres d’histoire, le renforcement des entreprises d’État et la suppression du secteur privé, les conflits avec le monde occidental et la conquête des pays en développement par la dilapidation du trésor national.

Selon l’auteur, Xi Jinping n’a pas la capacité de diriger le pays et a provoqué la colère des responsables du PCC qui s’opposaient à lui, ainsi que de ceux qui l’ont soutenu lors de son entrée en fonction. Pendant ce temps, alors que la vie des gens est entravée, leurs voix ne peuvent être entendues en raison de la censure du régime.

« À l’heure actuelle, il est difficile pour lui de poursuivre son règne. L’année 2022 sera son plus grand tournant », écrit l’auteur. « Même s’il obtient miraculeusement un autre mandat, il sera confronté à davantage de difficultés et à un échec complet avant 2027. »

L’auteur énumère trois facteurs qui pourraient provoquer l’effondrement du règne de Xi Jinping, parallèlement à une aggravation prévue de la situation politique. L’essai indique que les réalisations revendiquées par Xi Jinping sont fabriquées de toutes pièces, que le fondement politique de son autorité a été détruit et que « l’ensemble de la bureaucratie du PCC » s’oppose à Xi Jinping et à sa poignée de partisans.

Luttes intestines féroces

Le Comité permanent du Politburo du Parti communiste chinois, l’organe décisionnel suprême de la nation (de gauche à droite) : Han Zheng, Wang Huning, Li Zhanshu, le dirigeant chinois Xi Jinping, le Premier ministre Li Keqiang, Wang Yang et Zhao Leji rencontrent la presse au Grand Hall du peuple à Pékin, le 25 octobre 2017. (Wang Zhao/AFP via Getty Images)

« Ne traitez pas le PCC comme un parti politique ! C’est en fait un gang politique. Comme l’a dit l’ancien chef de l’Union soviétique Vladimir Lénine, le parti communiste se développe en luttant en interne et en nettoyant (tuant) ses membres », a écrit Cai Xia, ancien professeur d’idéologie politique à l’École centrale du Parti du PCC, dans une tribune publiée le 6 février sur le média chinois basé aux États‑Unis Yibao.

« En raison de la cruauté et des luttes intestines sanglantes au sein du Parti, tous les hauts fonctionnaires comprennent la règle cachée, qui consiste à choisir une faction et à se battre pour elle sans penser à ce qui est bien ou mal. »

Li Hengqing a assuré à Epoch Times que ceux qui, au sein du régime chinois, s’opposent à Xi Jinping se rassemblent.

Selon lui, « Ils utilisent toutes leurs ressources et leurs solutions pour empêcher Xi Jinping de prendre le prochain mandat ».

« L’article [viral] fait écho à l’opinion des politiciens chinois. Il préconise de maintenir le pouvoir du PCC en Chine, mais de supprimer Xi Jinping », a déclaré Chen Weijian, dissident chinois basé en Nouvelle‑Zélande et rédacteur en chef du magazine en ligne Beijing Spring, à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 8 février.

« Lors de la sixième session plénière de la 19e conférence de l’assemblée législative, les factions du PCC ont présenté leurs graves désaccords [sur les politiques du régime]. [L’article long] est la dernière bombe que la faction anti‑Xi a fait exploser au milieu des combats entre factions », a expliqué à VOA le 8 février Gao Wenqian, ancien biographe officiel de Zhou Enlai, le premier Premier ministre du PCC.

Gao Wenqian estime que la dictature rigide du PCC est de plus en plus fragile et qu’elle peut se briser à tout moment.

Cai Xia a énuméré les crises auxquelles le régime de Pékin est actuellement confronté dans toute la Chine, notamment l’augmentation du chômage des cols blancs et bleus, la crise financière à laquelle sont confrontés les plus grands prédateurs immobiliers de Chine, le régime qui perçoit davantage d’impôts et de taxes auprès des personnes qui ne peuvent pas gagner leur vie et des entreprises non rentables, les politiques strictes du Covid‑19 qui nuisent davantage à l’économie et menacent la vie des gens, et les jeunes Chinois qui refusent d’avoir des enfants même après leur mariage.

« C’est un article fort qui peut pousser l’opinion publique contre Xi Jinping », a écrit Cai Xia.

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