Attaque au couteau à Annecy: Maryline, une réserviste de la gendarmerie, décorée pour son sauvetage héroïque de deux bébés

Par Emmanuelle Bourdy
23 février 2024 07:57 Mis à jour: 23 février 2024 08:06

Ce vendredi 16 février, Maryline, brigadière-cheffe, a reçu la médaille de la gendarmerie nationale avec étoile de bronze, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à Sathonay-Camp (Rhône). Le 8 juin 2023, lors de l’attaque au couteau à Annecy, la quadragénaire avait permis de sauver deux enfants grièvement blessés.

Cette gendarme réserviste, également assistante maternelle, a amplement mérité cette récompense. Elle a fait preuve d’un sang-froid qui a permis de sauver la vie à de très jeunes enfants. Elle se souvient de cette journée, qui s’annonçait radieuse lorsqu’elle est arrivée sur l’esplanade du Pâquier avec les trois enfants dont elle avait la garde. Elle a livré son témoignage, ainsi que le rapporte le site du ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer.

Elle voit deux bébés d’à peine deux ans, les yeux révulsés

Le jour où cet individu de 31 ans d’origine syrienne a blessé à l’arme blanche six personnes, dont quatre enfants en bas âge, restera gravé à jamais dans la mémoire de Maryline. Ce jour-là, lorsqu’elle est arrivée sur place, elle a entendu crier et a su que quelque chose de grave était en train de se produire.

Elle a vu Youssef, un homme de 78 ans assis sur un banc, se prendre un coup de couteau mais elle a assisté impuissante à la scène, décidant de ne pas s’arrêter, sans quoi elle mettrait en danger les petits qu’elle avait en garde. Elle a rapidement pris « les informations visuelles » pour les transmettre à ses collègues. Peu de temps après, les policiers sont arrivés en se dirigeant sur le forcené pour le maîtriser. Voyant que la situation de ce côté ne présentait plus de dangers, elle a décidé de rebrousser chemin pour secourir les blessés. Après s’être assurée que Youssef était hors de danger, elle s’est dirigée vers une dame âgée qui criait. Elle a alors découvert que deux bébés d’à peine deux ans, se trouvant dans une poussette double face à face, avaient les yeux révulsés et râlaient.

« Il faut les mettre au sol et comprimer les plaies qui saignent »

« Il y a du sang sur les bodies blancs. À côté de moi, un monsieur me dit, ‘il faut les mettre en PLS’, et donc là, direct, je lui réponds que non, que là, il faut les mettre au sol et comprimer les plaies qui saignent. Je prends alors le petit garçon avec moi et le monsieur s’occupe de la petite fille », raconte l’assistante maternelle.

Tout en continuant d’exercer un point de compression sur les plaies du petit garçon, la brigadière-cheffe va donner les consignes au monsieur qui gère la fillette. À un moment donné, elle réalise qu’elle est en train de perdre le petit et décide de lui mordre le bras pour le faire revenir, n’ayant pas d’autre choix. « Et j’ai peur que le temps passe trop vite et que les enfants lâchent les armes avant que les secours n’arrivent », se souvient-elle.

Au bout de 20 interminables minutes, un pompier arrive et lui demande si elle souhaite qu’il prenne la relève. Elle acquiesce. « Il a mis ses mains sur les miennes et j’ai pu me lever et je me suis éloignée un peu sans regarder la scène », se remémore-t-elle.

« Le cerveau travaillait encore, je me refaisais la scène »

C’est en racontant tout ce qu’elle avait vécu durant ce moment, soit une heure après être rentrée chez elle, qu’elle a commencé à pleurer et à relâcher la pression. « Ensuite, il y a la famille qui appelle, les amis qui demandent si tout va bien. Il y a eu les médias, la rencontre avec Emmanuel Macron, qui remet dans l’action, la commémoration, l’hommage, etc. Donc on reste dans le stress, en alerte. Il a fallu attendre encore une semaine avant que ça ne se calme », indique-t-elle.

Elle explique avoir mal dormi durant les jours qui ont suivi, en raison du stress post-traumatique. « Le cerveau travaillait encore, je me refaisais la scène. Puis on ne savait pas si les enfants allaient survivre. À ce moment-là, on n’est pas sûr que ce soit réellement arrivé, notre cerveau ne veut pas l’encaisser. Je me refaisais le film en revalidant tout, en validant mon action, tout ce que j’avais fait. » Maryline a enfin pu s’apaiser lorsqu’elle a appris que les deux enfants étaient tirés d’affaire.

« Je suis fière de moi, mais j’aurais préféré que ça n’existe pas et ne pas être médaillée »

Si la quadragénaire a pu réagir avec autant de sang-froid, c’est grâce à sa double casquette, ou plus précisément en raison des formations qu’elle a suivies dans le cadre de ses deux métiers. « Je suis contente d’avoir suivi ces formations, contente d’être arrivée là où je suis aujourd’hui, contente d’avoir pris la décision de devenir réserviste, d’avoir pu grâce à ça agir, de ne pas être restée hébétée, de ne pas m’être enfuie. Je suis plus que contente aussi que les enfants soient sortis d’affaire. Et effectivement, j’ai beau refaire le film, je n’aurais pas pu faire plus, car j’avais moi-même trois enfants avec moi. Je n’aurais pas eu les enfants, j’aurais tenu ma casquette de gendarme réserviste, je serais allée au combat. Là, je ne pouvais pas faire plus, ce n’était pas possible, il fallait que je les mette en sécurité. On protège, on alerte, on secourt ! »

Pour cette bravoure, Maryline a été décorée vendredi dernier sur la place d’arme de la caserne de la région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes, à Sathonay-Camp. « C’est un honneur ! On est fiers, mes enfants sont fiers, je suis fière de moi, mais j’aurais préféré que ça n’existe pas et ne pas être médaillée », a-t-elle conclu.

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