Au Royaume-Uni, des exilés de Hong Kong continuent d’avoir peur pour leur sécurité

Par Epoch Times avec AFP
28 juin 2023 15:40 Mis à jour: 3 août 2023 07:24

En 2021, les artistes Lumli et Lumlong ont fui Hong Kong sans prévenir personne de peur d’être dénoncés et arrêtés. Mais même à Londres, le couple se sent menacé par Pékin, comme de nombreux autres Hongkongais exilés au Royaume-Uni. 

Depuis début 2021, Londres a accordé 166.000 visas à des habitants de son ex-colonie. Une réponse directe à la répression du mouvement pro-démocratie et à la loi draconienne sur la sécurité intérieure sur le territoire chinois.

Ce nouveau visa leur permet de vivre et de travailler au Royaume-Uni pendant cinq ans, puis de demander la nationalité britannique. Il est réservé aux titulaires d’un passeport britannique d’outre-mer, délivré aux Hongkongais nés avant la rétrocession de la colonie à la Chine le 1er juillet 1997.

« Nous ne sommes pas complètement en sécurité »

Lumli et Lumlong, une femme et un homme de 43 ans, se font appeler par leur nom d’artiste. Dans leur petit appartement londonien sont entreposées leurs toiles montrant la violence subie par les manifestants hongkongais.

Après une exposition à Hong Kong en mai 2021, « nous avons été accusés par le Parti communiste chinois d’avoir violé la loi sur la sécurité nationale. (…) La police est venue à notre studio pour nous faire peur », raconte Lumlong. Son épouse complète : « Tôt ou tard, nous allions être arrêtés. »

Les deux artistes ont obtenu leur visa en deux semaines et n’ont prévenu leurs proches qu’une fois à Londres. « Mais même ici, nous ne sommes pas complètement en sécurité », affirme Lumlong. « Il y a tellement d’informateurs. »

Le gouvernement britannique a d’ailleurs ordonné début juin au régime communiste chinois de fermer ce qu’il considère comme des « postes de police » clandestins sur son sol. L’ONG Safeguard Defenders a accusé ces centres ouverts à travers le monde de servir à traquer des opposants.

Le couple raconte que des journalistes travaillant pour des médias de propagande sont venus incognito l’an dernier à l’une de leurs expositions à Londres. Lumli et Lumlong rapportent avoir ensuite été accusés dans ces médias de s’être allié avec des « forces étrangères ».

« Quelques jours plus tard, nos comptes sur Instagram et Facebook ont été piratés. Nous avons perdu nos contacts », raconte Lumli. « Notre photo a été remplacée par le drapeau du groupe État islamique et le nom du compte a été changé », affirme Lumlong. « Si le gouvernement britannique ne se montre pas ferme contre le Parti communiste chinois, nous ne serons jamais en sécurité », juge-t-il.

Une répression transnationale

La communauté hongkongaise a été choquée par des violences en octobre au consulat de Chine de Manchester (Nord). Des vidéos montrent des individus sortir du consulat pour détruire les banderoles de manifestants puis un militant pro-démocratie de Hong Kong recevoir des coups dans l’enceinte diplomatique après y avoir été tiré de force. Le consul général lui-même a été impliqué.

Le Royaume-Uni a alors sèchement rappelé Pékin à l’ordre, sur le droit à manifester sur le sol britannique. Le Parti communiste chinois a mis en cause des « fauteurs de troubles » entrés « illégalement » dans l’enceinte du consulat.

« Notre communauté fait l’objet d’une répression transnationale », accuse Simon Cheng, le fondateur de l’organisation Hongkongers in Britain. Cet ancien employé du consulat britannique à Hong Kong affirme avoir été détenu 15 jours et torturé par la police chinoise en août 2019. Il a ensuite obtenu l’asile au Royaume-Uni.

Il dit avoir « parfois l’impression d’être suivi, d’être sur écoute ». Il craint que la police chinoise « trouve un moyen de l’attraper et de le renvoyer à Hong Kong ou en Chine ». Il en fait des cauchemars.

Interviewé mais ne veut plus donner son nom

Un autre homme interrogé par l’AFP raconte en revanche la quiétude de sa nouvelle vie, avec femme et enfant, dans une petite ville anglaise où ils se sont établis en juillet 2020.

« Nous sommes partis pour notre enfant, parce que la démocratie régressait à Hong Kong », dit-il. Il a retrouvé un travail assez rapidement. Son fils joue au foot et a de nombreux amis.

« Pas de regret » d’être parti, lâche ce quadragénaire qui a participé aux manifestations en 2019. Il se sent en sécurité. « Ce qui arrive à Londres ou à Manchester ne pourrait pas arriver ici. Et je ne crois pas qu’il y ait dans le coin beaucoup de gens de Chine continentale. »

Il a dans le passé donné des interviews à visage découvert, mais ne veut plus donner son nom. « À ce moment là, la situation à Hong Kong n’était pas aussi mauvaise. Ça s’est beaucoup détérioré en trois ans. »

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