Au Zimbabwe, les éléphants trop nombreux menacent l’homme

Par Epoch Times avec AFP
26 mai 2022 15:30 Mis à jour: 26 mai 2022 15:30

Hanganani Gideon Dube est un Zimbabwéen de 75 ans, plutôt petit, à la silhouette courbée. Sa démarche est lente, son élocution laborieuse, sa douleur visible: depuis son accident avec un éléphant, il se dit « plus bon à rien ».

Il vit dans un village à 30 kilomètres de Hwange (ouest), qui abrite la plus grande réserve du pays. A la frontière avec le Botswana, le parc compte quelque 50.000 pachydermes sur 14.600 km2 de végétation: les animaux en surpopulation s’aventurent de plus en plus souvent hors du parc, à la recherche de nourriture.

Un quart des éléphants africains au Zimbabwe

Une journée de mai 2021, Hanganani Dube gardait son bétail lorsqu’il a été attaqué. « Je me suis soudain retrouvé face à face avec un éléphant. J’ai pris mes jambes à mon cou mais je n’ai pas réalisé que je me mettais sur le chemin d’un autre… », raconte-t-il à l’AFP.

-Hanganani Gideon Dube, 75 ans, un agriculteur dans sa ferme au Zimbabwe, le 26 mai 2022, a survécu à une attaque d’éléphant alors qu’il s’occupait de son bétail. Photo de ZINYANGE AUNTONY/AFP via Getty Images.

Il ne se souvient pas de grand chose après, il a perdu connaissance. Des passants l’ont ramassé, il a fini par être transporté à l’hôpital. Aujourd’hui, il sait sa chance d’être en vie, même s’il ne peut plus subvenir aux besoins de ses six enfants dont deux sont encore en âge d’aller à l’école.

Il n’a reçu aucune aide, aucune compensation. Au Zimbabwbe, rien n’est prévu en cas d’incident avec un animal sauvage.

60 personnes ont été tuées depuis le début de l’année

Le pays, qui compte un quart des éléphants africains, est un des rares au monde où leur population augmente, de +5% par an. Mais les incidents sont de plus en plus fréquents: 60 personnes ont été tuées dans des incidents impliquant des pachydermes depuis le début de l’année contre 72 sur toute l’année dernière, selon le gouvernement.

Une troupe de lions est vue à la porte d’une clinique dans un complexe résidentiel du parc national de Hwange, au Zimbabwe, le 24 mai 2022. -Photo de ZINYANGE AUNTONY/AFP via Getty Images.

A la nuit tombée, certains de ces grands mammifères traversent l’autoroute, a constaté cette semaine un photographe de l’AFP. Des lionnes rodent aussi devant la clinique locale, imperturbables dans les phares des voitures qui passent à proximité.

Le pays compte environ 100.000 éléphants, près du double de la capacité de ses parcs, selon les défenseurs de l’environnement.

Souhaite le commerce de l’ivoire

Dans d’autres régions africaines, l’espèce a été décimée par les braconniers. Mais le Zimbabwe et ses voisins, qui rassemblent 70% des éléphants du continent, militent pour que le commerce de l’ivoire soit autorisé.

Un troupeau d’éléphants passe devant un bac à eau alimenté par des forages pour assurer un approvisionnement régulier en eau pour les animaux dans le parc national de Hwange. Photo JEKESAI NJIKIZANA/AFP via Getty Images.

Le gouvernement a invité cette semaine à Hwange 15 pays, dont la Chine et le Japon où l’ivoire est très prisé, pour faire avancer ce projet. Le Kenya et la Tanzanie, opposés à cette commercialisation, n’ont pas été conviés.

Les ventes internationales d’ivoire sont interdites depuis 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Des ventes exceptionnelles ont été autorisées en 1999 et 2008.

« Nos méthodes de conservation fonctionnent et au lieu d’être punis »

« Nos méthodes de conservation fonctionnent et au lieu d’être punis, nous devrions être récompensés », a affirmé à l’AFP Fulton Mangwanya, de l’autorité de gestion des parcs, évoquant la possibilité pour le Zimbabwe de se retirer de la CITES.

Selon certains pays dont le Zimbabwe, les sommes déboursées pour sécuriser d’énormes stocks d’ivoire, acquis par morts naturelles ou confiscations, pourraient financer la conservation ou l’envoi de pachydermes dans des pays où ils sont en déclin.

Mais une cinquantaine d’organisations protectrices de la nature ont mis en garde cette semaine contre les risques d’une telle politique: La reprise de ce commerce serait « un signal dangereux aux braconniers et organisations criminelles, laissant penser que les éléphants sont des marchandises », ce qui « aggraverait la menace sur l’espèce ».

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