Avant les JO-2024, inquiétudes sur le «nettoyage social» de l’Île-de-France

Par Epoch Times avec AFP
31 octobre 2023 10:00 Mis à jour: 31 octobre 2023 10:28

« Le revers de la médaille » : c’est le message qu’a projeté dans la nuit de dimanche à lundi un collectif de militants sur le bâtiment du Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo), pour dénoncer le « nettoyage social » en Île-de-France en amont des JO-2024.

Le message lumineux a été projeté vers 23h00 sur la façade du Cojo à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au-dessus du logo Paris 2024 et des anneaux olympiques qui ornent le bâtiment, autour duquel plusieurs dizaines d’acteurs associatifs ont placardé des affiches.

« PLUS VITE pour vider l’Île-de-France des populations précarisées », « PLUS HAUT vers l’exploitation des travailleurs sans-papiers », « PLUS FORT dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue », dénoncent les associations sur les pancartes bleue, orange et rouge placardées dans le quartier du comité d’organisation et sur les plots en béton devant son siège.

L’organisation des Jeux de Paris (26 juillet-11 août) présente un risque de « nettoyage social », se sont inquiétées lundi plus de 70 organisations dont Médecins du monde ou Emmaüs France dans une lettre ouverte destinée au Cojo, aux athlètes et aux fédérations.

« Il y a un impact négatif des JO sur les personnes à la rue »

Les associations s’inquiètent de la volonté des autorités de faire place nette avant l’événement, en vidant les rues franciliennes des personnes à la rue, que ce soient les migrants qui vivent en campements, les sans-abri ou encore les bidonvilles occupés par des populations Roms.

« Ça a déjà commencé très fort », observe Paul Alauzy, porte-parole de l’ONG Médecins du monde pour la région parisienne. « Il y a un impact négatif des JO sur les personnes à la rue, c’est ce revers de la médaille, ce nettoyage social des rues qu’on veut rendre visible : on parle de centaines, voire de milliers de personnes dont on détruit les lieux de vie informels », explique-t-il devant le bâtiment du comité olympique.

Pour les seuls squats et foyers de travailleurs migrants, le collectif Schaeffer, signataire de la lettre ouverte, estime à 4100 le nombre de ressortissants de pays africains qui ont été déplacés de la Seine-Saint-Denis après le démantèlement de leur lieu de vie. À ceux-là s’ajoutent les plus de 1600 personnes qui ont été transférées depuis six mois dans des « sas » d’hébergement en régions, ouverts en avril par le gouvernement pour y orienter les personnes migrantes à la rue en Île-de-France, où les tentes ressurgissent à intervalles réguliers et où l’hébergement d’urgence connaît une saturation chronique.

Exclure les populations considérées comme indésirables

Les autorités ont également tenté d’interdire début octobre les distributions alimentaires dans un quartier populaire du nord de Paris, une décision finalement retoquée en justice. Autant d’exemples qui ne sont qu’un « avant-goût » des décisions à venir, anticipe Paul Alauzy. « Les politiques qui excluent les populations considérées comme indésirables ont déjà cours depuis longtemps. Les JO n’en sont qu’un accélérateur », estime-t-il.

Les organisations hétéroclites qui soutiennent l’action, allant du Barreau de Paris à l’Armée du Salut, en passant par Action contre la faim, en sont certaines : il faut s’attendre à d’autres arrêtés, notamment contre la mendicité ou les travailleuses du sexe. Hasard du calendrier, quelques heures avant leur action, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était venu dimanche dans la même ville de Saint-Denis annoncer des moyens de sécurité « décuplés » pour les Jeux, comparé à ceux mobilisés pour le Mondial de rugby.

Les associations appellent les autorités à « garantir une continuité de la prise en charge des personnes en situation de précarité et d’exclusion, avant, pendant et après les Jeux ». Elles demandent également à intégrer les comités de pilotage des JO. Le Cojo a assuré lundi à l’AFP qu’il allait recevoir le collectif d’associations, dont il dit « comprendre les préoccupations ». Mais la « situation de tensions » sur l’hébergement d’urgence en région parisienne « n’est pas nouvelle », a souligné le comité d’organisation. Elle s’est accentuée ces derniers mois, certes, mais « indépendamment du contexte de l’accueil des Jeux de Paris 2024 ».

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