Avis d’experts : Pékin est sous pression pour conclure un accord avec les États-Unis lors du Sommet du G20

Malgré sa résistance, le régime communiste chinois est dans une situation difficile face à l'administration Trump

27 novembre 2018 02:52 Mis à jour: 27 novembre 2018 02:52

Les experts chinois affirment que, face aux tarifs douaniers contraignants et aux autres restrictions imposées par l’administration Trump, les dirigeants communistes chinois sont soumis à une immense pression pour céder à certaines demandes américaines lors du Sommet du G20 prévu en Argentine les 30 novembre et 1er décembre prochains.

Toutefois, un ancien professeur d’une université de Pékin se réfère aux paroles d’un haut responsable chinois qui a déclaré que le dirigeant chinois Xi Jinping ne reculerait pas dans la guerre commerciale.

En mars 2017, Qiao Mu a émigré aux États-Unis après avoir démissionné de son poste à l’Université d’études internationales de Pékin, à la suite des critiques concernant l’article « politiquement sensible » qu’il avait rédigé. Dans un récent tweet, il a estimé que Xi Jinping ne céderait pas aux demandes des États-Unis, même si Washington imposait plus de sanctions économiques.

« Nous n’avions pas peur de l’embargo général et des sanctions après les manifestations de 1989 sur la place Tiananmen, pourquoi devrions-nous nous préoccuper des tarifs douaniers maintenant ? Dans le passé, les relations avec les États-Unis étaient notre première priorité, mais maintenant nous disposons du projet ‘One Belt, One Road’ (‘Nouvelles routes de la soie’) ainsi que des marchés dans le monde entier, en particulier en Afrique et en Amérique latine », cite M. Qiao Mu ce haut responsable chinois.

De son côté, le commentateur Xia Xiaoqiang, basé également aux États-Unis, affirme que le Parti communiste chinois (PCC) est en crise et que « le coup porté à l’économie chinoise est fatal » pour le Parti.

« La seule légitimité dont dispose le PCC pour contrôler la Chine est d’assurer sa croissance économique. [Tant que cela continue,] le Parti n’a pas peur des critiques sur les violations des droits de l’homme ou dans d’autres domaines », a écrit Xia Xiaoqiang dans un article paru le 21 novembre dans l’édition chinoise d’Epoch Times.

« Une fois qu’il perd le contrôle de l’économie chinoise, le règne du PCC est terminé », a-t-il précisé.

Selon M. Xia Xiaoqiang, les droits de douane imposés par Trump sur les exportations chinoises aux États-Unis ont pesé lourdement sur Pékin, amenant au déplacement hors de Chine de la production et du capital des sociétés étrangères, la hausse du chômage et les troubles sociaux.

Tang Jingyuan, un autre expert sur la Chine, pense que Xi Jinping et d’autres dirigeants chinois œuvrent ardemment pour conclure un accord avec les États-Unis.

« L’administration de Xi essaye de négocier avec Trump, mais en avançant plusieurs conditions préalables », a déclaré M. Tang. À son avis, Xi Jinping veut protéger son plan « Made in China 2025 », conçu pour donner au régime chinois une longueur d’avance dans la production de haute technologie.

« Pour le moment, le PCC ne mentionne plus ce plan, mais le sort du Parti dépend de sa capacité de mettre en œuvre le plan ‘Made in China 2025’. »

M. Tang s’est référé aux rumeurs que le PCC se prépare au pire des scénarios, selon lequel il arrêterait complètement ses relations avec les États-Unis – ce qui a également suggéré dans son tweet Qiao Mu. Toutefois, selon Tang Jingyuan, cela serait plus facile à dire qu’à faire.

« La société chinoise est complètement différente de celle qui existait en 1989 », explique-t-il. « Comment le PCC pourrait-il utiliser le même modèle pour contrôler les gens ? Certains disent que si les négociations tournent mal, le PCC pourrait étendre sur l’ensemble de la population chinoise les méthodes qu’il utilise sur les Ouïghours du Xinjiang, mais je ne pense pas que ce soit possible. Sept cents millions de Chinois ont accès à Internet. L’information se répand trop vite, et il sera difficile de contrôler tout le monde de cette façon. »

Tang Jingyuan souligne le fait que le régime chinois compte sur ses réserves en dollars pour effectuer son commerce international. Si Pékin vend les bons du Trésor américain, ses banques centrales perdront une grande partie de leurs actifs et l’influence mondiale du régime chinois diminuera considérablement. « Le PCC ne peut pas survivre sans le dollar américain », conclut-il.

Si Xia Xiaoqiang et Tang Jingyuan s’accordent en estimant que les autorités chinoises souhaitent ardemment parvenir à un accord avec les États-Unis pour mettre fin à la guerre commerciale, élaborer et conclure un tel accord ne sera pas facile.

« Les États-Unis veulent que le PCC mette en œuvre une réforme commerciale globale, mais la condition fondamentale de la survie du Parti est le fait qu’il doit enfreindre les règles internationales et voler la propriété intellectuelle. Si le PCC acceptait une véritable réforme, la Chine développerait une économie de marché, ce qui signifie que le Parti perdrait sa domination économique », martèle Xia Xiaoqian.

Le PCC pourrait appliquer une stratégie de retardement en la combinant avec différentes manœuvres sournoises, en particulier en acceptant certaines demandes, mais en y renonçant par la suite.

« La présidence du président Trump est limitée par la durée de son mandat. Il lui reste encore six ans au maximum [à partir d’aujourd’hui] s’il remporte les élections en 2020 », souligne Tang Jingyuan. « Le PCC pourrait utiliser la stratégie appliquée par [le dictateur nord-coréen] Kim Jong-un au sommet Trump-Kim, qui consistait à accepter de mettre en œuvre les réformes par étapes, puis à ne pas tenir ses promesses ou à ne les appliquer que bien lentement. »

Nicole Hao

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