Bac 2022: des correcteurs accusent le ministère de l’Éducation nationale d’avoir réévalué les notes de certaines copies

Par Emmanuelle Bourdy
20 juin 2022 12:50 Mis à jour: 21 juin 2022 13:24

Des correcteurs se sont aperçus que de nombreuses copies des épreuves de spécialité du baccalauréat 2022 avaient été réévaluées. Depuis la mi-juin, la polémique enfle à ce sujet.

Plusieurs professeurs dénoncent, depuis lundi 13 juin dernier, la réévaluation des notes de copies des épreuves de spécialité des 11, 12 et 13 mai dernier. Un fait dont ils n’ont d’ailleurs pas été avertis. Ces correcteurs remettent en cause le logiciel de numérisation des copies Santorin. Ce logiciel permet au ministère de l’Éducation nationale d’accéder aux copies et d’en modifier les notes.

« Toutes mes notes ont été remontées »

C’est le constat de nombreux professeurs et certains d’entre eux sont allés voir sur le logiciel en question. Après ce constat, ils ont réagi sur les réseaux sociaux. « Du coup je suis allée faire un petit tour sur Santorin, et, effectivement, toutes mes notes ont été remontées. Des copies qui auraient valu 7 en cours d’année sont montées à 9. Je me demande pourquoi j’ai passé des heures à corriger. L’an prochain je lancerai des dés », pointe sur son compte Twitter un professeur d’histoire-géographie de l’académie de Créteil.

Mécontents, ces professeurs se demandent pourquoi faire appel à leurs compétences, si le fruit de leur travail est ainsi bafoué. La rehausse, qui est en général d’un ou deux points, a d’ailleurs été réalisée sans le consentement du correcteur.

Certains estiment que cette modification de notes serait due aux résultats catastrophiques obtenus, notamment dans certaines filières technologiques (STMG et sciences de gestion). Car si le nombre de redoublants est élevé, il n’y aura pas suffisamment de places pour eux en classe à la rentrée prochaine.

« L’outil informatique doit être au service de l’humain et non s’y substituer »

Le but du logiciel Santorin est soi-disant d’harmoniser les notes, afin d’éviter des écarts trop importants entre les différents correcteurs, certains étant plus sévères que d’autres.

Dans un communiqué, le syndicat de l’enseignement Snes-FSU appelle à la « transparence sur ce qui s’apparente à des opérations d’harmonisation en masse » et dénonce Santorin, qualifiant le logiciel d’ « outil de surveillance permanente des correcteurs, Big Brother de l’Éducation nationale du XXIe siècle ». Le syndicat mentionne encore : « De telles pratiques ne sauraient masquer et compenser les inégalités créées par la réforme du bac Blanquer. »

Claire Guéville, la secrétaire nationale du Snes-FSU, précise que 15% des copies de spécialités ont été réévaluées, relate Le Figaro. « C’est du jamais vu », s’insurge-t-elle. Elle rappelle que « l’outil informatique doit être au service de l’humain et non s’y substituer. Le ministère peut s’en servir pour remonter les notes. Mais ce n’est pas parce qu’il peut le faire que c’est légitime ». Selon elle, cette méthode est une manière de « se débarrasser de l’expertise des enseignants ».

Du côté de l’Éducation nationale, le directeur général de l’enseignement scolaire, Édouard Geffray, s’est expliqué ce lundi 13 juin. « On n’a pas changé le processus. La dématérialisation permet d’harmoniser globalement un lot de copies et des correcteurs peuvent avoir l’impression qu’il y a eu un traitement aveugle alors qu’avant on procédait copie par copie », a-t-il argumenté, ainsi que le relaye encore Le Figaro.

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