Budget 2026 : le Sénat baisse la taxe sur l’électricité et augmente celle sur le gaz
Le Sénat a adopté samedi un dispositif fiscal qui modifie l’équilibre entre gaz et électricité pour les ménages. La mesure intégrée au projet de budget 2026, vise à alléger les factures des foyers chauffés à l’électricité, tout en renchérissant celles des utilisateurs de gaz dans une logique assumée de transition énergétique.

Photo: STEPHANE OUZOUNOFF/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Le Sénat a adopté samedi un dispositif fiscal qui modifie directement la facture d’énergie des ménages. Les foyers chauffés à l’électricité paieraient un peu moins, tandis que ceux qui se chauffent au gaz verraient leurs factures augmenter, dans le cadre du budget 2026.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie d’électrification des usages portée par la droite sénatoriale. La majorité de la chambre haute veut ainsi orienter les ménages vers une énergie jugée plus vertueuse, sans coût supplémentaire pour les finances publiques.
Un transfert de taxe entre gaz et électricité
Le Sénat agit sur les accises, c’est‑à‑dire les taxes sur l’énergie. La mesure réduit la fiscalité sur l’électricité pour les ménages qui se chauffent avec ce mode, et augmente en parallèle celle qui pèse sur le gaz.
Les foyers équipés en chauffage électrique bénéficieraient d’un allègement annuel compris entre 11 et 45 euros, selon leur niveau de consommation.
En contrepartie, la facture des ménages chauffés au gaz grimperait de 12 à 80 euros par an, soit de 1 à 7 euros par mois. Selon la commission des Finances du Sénat, ce jeu de vases communicants resterait neutre pour le budget de l’État.
La droite assume un signal pro‑électricité
La droite sénatoriale veut envoyer un signal en faveur de l’électrification des usages. Elle estime que ce choix s’inscrit dans la transition énergétique et prépare les comportements des ménages.
Le rapporteur général du budget, Jean‑François Husson (Les Républicains), défend ce basculement fiscal en rappelant que le prix du gaz est aujourd’hui « très bas ».
Selon lui, cette configuration justifie un ajustement. Il présente ce dispositif comme un moyen « d’accompagner à la transition énergétique », en rendant l’électricité plus compétitive face au gaz.
Un soutien prudent du gouvernement
Le gouvernement accueille la proposition avec bienveillance, sans s’y engager pleinement. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, juge que l’initiative a « beaucoup de sens ».
Il met en avant « une volonté de favoriser la consommation d’électricité qui est à la fois décarbonée et souveraine, au détriment de la consommation de gaz qui est carbonée et non souveraine ».
Le ministre choisit toutefois de rendre un avis de « sagesse » sur cette mesure. Il ne se prononce ni pour ni contre, et laisse le Parlement poursuivre le travail sur le budget 2026.
Les réserves de la gauche sur les ménages au gaz
La gauche dénonce un mécanisme qui pénalise les ménages chauffés au gaz. Elle souligne que ces foyers disposent rarement d’une réelle liberté de choix sur leur mode de chauffage.
Le socialiste Thierry Cozic alerte : cette mesure « ne doit en aucun cas se faire au détriment de ceux qui se chauffent au gaz, bien plus souvent par contrainte que par choix réel ».
Pour ses opposants, la réforme risque de frapper des ménages déjà contraints financièrement ou techniquement. Ils craignent que ces foyers supportent une hausse de facture sans pouvoir changer d’équipement à court terme.
Une réforme encore loin d’être tranchée
Le vote du Sénat ne scelle pas encore le sort de ce transfert de taxe. L’examen du projet de budget 2026 doit se poursuivre au moins jusqu’à la mi‑décembre.
La navette parlementaire pourra encore modifier, préciser ou supprimer ce dispositif avant l’adoption définitive de la loi de finances.
D’ici là, la ligne politique reste claire : une majorité sénatoriale veut favoriser l’électricité, tandis qu’une partie de la gauche tente d’alerter sur les effets sociaux pour les ménages captifs du gaz.
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