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Cambodge: perpétuité pour le dernier dignitaire khmer rouge vivant, clap de fin pour le tribunal spécial

septembre 22, 2022 15:21, Last Updated: septembre 22, 2022 15:56
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Le tribunal spécial chargé de juger les Khmers rouges pour leurs atrocités, pour son ultime décision avant sa dissolution, a confirmé en appel la condamnation à la prison à perpétuité pour Khieu Samphan, dernier dignitaire en vie, pour génocide, jeudi à Phnom Penh.

L’ancien chef d’Etat du Kampuchéa démocratique, âgé de 91 ans, a aussi été reconnu coupable de crimes contre l’humanité – meurtres, mises en esclavage, mariages forcés, viols – et de graves violations aux Conventions de Genève.

Deux millions de personnes tuées entre 1975 et 1979

Khieu Samphan « avait connaissance directe des crimes et il partageait l’intention de les commettre avec les autres participants de l’entreprise criminelle commune » qui a tué près de deux millions de personnes entre 1975 et 1979, a rappelé le juge Kong Srim.

Le tribunal des Khmers rouges soutenu par l’ONU a annoncé jeudi son verdict final contre un haut dirigeant du régime de Pol Pot, confirmant le génocide et d’autres condamnations pénales contre Khieu Samphan, le dernier dirigeant vivant du régime condamné par le tribunal.

Les accusations qui le visaient sont associées à « certains des actes les plus haineux » de la dictature ultra-maoïste, a insisté le président de la Chambre de la Cour suprême.

Khieu Samphan a assisté au jugement, au tribunal, sur son fauteuil roulant, écoutant le prononcé de deux heures et demie avec un casque audio.

Condamné à la perpétuité en 2014

Il a déjà été condamné à la perpétuité en 2014 – verdict confirmé en appel en 2016 – pour des crimes contre l’humanité commis lors de l’évacuation forcée des habitants de Phnom Penh, dans le premier volet de son procès fleuve, démarré en 2011.

Près de 500 personnes, dont des familles de victimes, des moines bouddhistes et des diplomates, ont assisté à l’audience.

« Je suis heureux, le jugement est raisonnable, cela me rend justice », a réagi auprès de l’AFP Chum Mey, 91 ans, un survivant de la funeste prison S21 de Phnom Penh, où environ 18.000 personnes ont été tuées.

« Je ressens du soulagement, bien que nous n’ayons pas eu de compensation » financière, a expliqué Eam Mary, 57 ans, qui a perdu cinq membres de sa famille durant la terreur.

Khieu Samphan, un des rares visages publics du régime, a toujours nié son implication dans les faits qui lui sont reprochés, notamment dans le génocide contre les Vietnamiens.

Un tribunal pour crimes de guerre au Cambodge a confirmé la condamnation pour génocide du dernier dirigeant vivant du régime des Khmers rouges, aujourd’hui âgé de 91 ans. Il est l’un des cinq seuls dirigeants poursuivis pour avoir anéanti un quart de la population pendant leur règne de 1975-1979.

Comme son appel a été rejeté, le dernier chef khmer rouge survivant, Khieu Samphan, le visage partiellement masqué par de grands écouteurs noirs et un masque blanc, s’est enfoncé plus bas dans son siège.

Il est le troisième dignitaire khmer rouge à être condamné par cette Cour spéciale, composée de magistrats cambodgiens et internationaux.

Kaing Guek Eav, alias Douch, a été condamné à la perpétuité pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’ancien tortionnaire, chef du plus redoutable centre de détention du pays à l’époque, le S21, est mort en 2020, à 77 ans.

Un pays dirigé par un ancien commandant khmer rouge repenti

Les juges ont infligé la même sentence à Nuon Chea, l’idéologue du mouvement, pour génocide, contre les Vietnamiens et les musulmans chams, et crimes contre l’humanité. Il est décédé en août 2019 à l’âge de 93 ans.

« Frère numéro un », Pol Pot, est lui décédé en 1998, sans être jugé.

Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) s’apprêtent désormais à fermer leurs portes sans avoir dissipé les controverses qui les minent depuis le début.

L’abandon ces dernières années des poursuites contre trois personnes accusées de génocide ou de crimes contre l’humanité a rappelé leur fragilité dans un pays dirigé par un ancien commandant khmer rouge repenti, Hun Sen, qui s’est prononcé contre tout nouveau procès au nom de la stabilité nationale.

Son coût, plus de 330 millions de dollars, rapporté au nombre de condamnations, a également alimenté les suspicions.

Servir de « modèle pour poursuivre les crimes graves et massacres dans le futur au niveau international »

Mais les juges ont réussi à « redynamiser le processus de réconciliation nationale », nuance auprès de l’AFP Craig Etcheson, un expert du pays qui a témoigné à l’un des procès. Participation du public, nombreux témoignages… « En seize ans, il y a eu d’énormes progrès », explique-t-il.

Son fonctionnement doit servir de « modèle pour poursuivre les crimes graves et massacres dans le futur au niveau international », a affirmé Bin Chhin, Premier ministre adjoint du Cambodge.

Les procès « ont aidé à cicatriser les blessures du passé, permettant aux Cambodgiens de se tourner vers le futur », a déclaré Fergal Gaylor, co-procureur international de la Cour.

Sa dernière affaire close, la Cour doit se dissoudre en 2025, après avoir terminé son travail d’archivage, entre autres.

 

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