Caméras défectueuses et lourds endettements: l’avenir des infrastructures de surveillance Huawei

Les projets "villes sûres" proposés par Huawei s'avèrent inefficaces, selon les statistiques sur la criminalité

Par Nicole Hao
30 décembre 2019 16:40 Mis à jour: 10 avril 2020 12:58

La Chine a fait beaucoup de promotion pour sa technologie de surveillance auprès des gouvernements clients dans le monde entier, mais à part le fait qu’elle a endetté les populations locales et augmenté les risques pour la sécurité nationale des pays concernés, tous les projets ont donné des résultats médiocres.

De nombreuses villes du Pakistan ont signalé une augmentation du taux de criminalité, malgré l’installation d’une infrastructure de « ville sûre » construite par la société technologique chinoise Huawei, liée au régime communiste chinois.

Achevé en 2016 pour un coût d’environ 100 millions de dollars, le projet de « ville sûre » à Islamabad (la capitale du Pakistan) a doté la ville de 1950 caméras de surveillance. Dans le quartier général de la police, 72 écrans ont été installés pour aider les agents à surveiller les rues.

Huawei avait affirmé que ce projet améliorerait considérablement l’ordre public, avec une réduction prévue de 15 % des crimes violents. Mais si la criminalité a effectivement diminué en 2016, elle a ensuite augmenté de 33 % à Islamabad à la fin de 2018.

Le Pakistan est un pays clé de « la Nouvelle Route de la soie », le projet mondial d’investissement du régime communiste chinois dans les infrastructures des autres pays. Le Pakistan est également l’un des alliés de longue date de Pékin.

Depuis 2015, le Pakistan a engagé Huawei pour construire des systèmes de villes sécuritaires dans neuf villes.

Huawei affirme que le projet « ville sûre » (safe city) peut améliorer considérablement le temps d’intervention face aux urgences, les taux de criminalité et la résolution des problèmes. Mais les données du Bureau de la police nationale du pays montrent que le taux global moyen de criminalité des villes concernées a augmenté de 11 %.

Un article de Bloomberg datant du 12 novembre dernier cite également un comité législatif pakistanais qui a déclaré que la moitié des caméras produites par Huawei à Islamabad étaient hors service.

De plus, de 2017 à 2018, les cas de dacoity (terme utilisé sur le sous-continent indien pour désigner le banditisme), ont augmenté de 244 %, tandis que les vols et les cambriolages ont connu une hausse de 61,6 %. Les meurtres et les enlèvements sont également devenus plus fréquents.

Les statistiques de la police ont montré que la criminalité a augmenté de 2,86 % dans tout le Pakistan entre 2017 et 2018, la capitale étant la ville connaissant les pires augmentations.

Plus d’engouement médiatique que de résultats

Le Kenya, un autre pays qui bénéficie d’investissements importants de Pékin à la suite du projet de la Nouvelle Route de la soie, a également installé le système de ville sécuritaire de Huawei dans ses villes, dont Mobassa et la capitale Nairobi.

Selon Huawei, ces projets ont permis de réduire le taux de criminalité dans les villes de 46 % par rapport à l’année précédente, de 2014 à 2015.

Mais le Service national de police du Kenya a fait état de résultats différents. Selon ses statistiques, le taux de criminalité à Nairobi a connu une légère baisse en 2015, mais a augmenté les années suivantes, atteignant un niveau plus élevé que celui qui prévalait avant l’introduction du programme « ville sûre » en 2014.

Le même rapport de police a indiqué que le taux de criminalité à Mombasa n’a jamais diminué après l’installation, qui a également eu lieu en 2014. Les autorités kenyanes n’ont pas commenté les raisons pour lesquelles la technologie Huawei n’a pas fonctionné comme annoncé.

Le 4 novembre, le Centre d’études stratégiques internationales (CSIS), basé à Washington, a publié un rapport déclarant que Huawei a utilisé des données exagérées pour promouvoir ses projets de ville sécuritaire.

Le rapport a examiné les données des projets de « villes sûres » de Huawei installés dans 73 villes de 52 pays. La société Huawei elle-même affirme que l’infrastructure a été mise en place dans 230 villes de 90 pays.

Le rapport a également remis en question les affirmations de Huawei concernant le succès du programme, notant que « toutes les statistiques sont rapportées pour un lieu et une période non spécifiés et aucune donnée ou source spécifique n’est fournie pour les chiffres ».

En outre, « après avoir adopté le matériel de Huawei, les pays peuvent être ‘bloqués’ par des coûts de remplacement élevés », selon le rapport. Cela comprend les mises à niveau techniques ainsi que le remplacement et la réparation des éléments défectueux.

Dette et sécurité nationale

Le rapport du CSIS prévient et alerte que le régime chinois pourrait « exporter l’autoritarisme » en réorientant « la reconnaissance faciale et la reconnaissance des plaques d’immatriculation, la surveillance des médias sociaux et d’autres moyens de surveillance » associés aux programmes ville sûre.

Et comme la plupart des projets font partie du plan de la Nouvelle Route de la soie, les clients risquent de se retrouver avec des dettes qu’ils ne pourront pas payer. Il n’existe actuellement aucune donnée publique qui indique le montant des dettes causées par Huawei. Mais la plupart des pays faisant partie de la « Nouvelle Route de la soie » qui présentent des risques d’endettement élevés utilisent les systèmes de Huawei.

En 2018, le Centre pour le développement mondial (CGD), basé à Washington, a publié un rapport analysant les dettes liées à cette « nouvelle route ».

Le régime de Pékin envisage « la Nouvelle Route de la soie » comme un projet couvrant au moins 68 pays et impliquant des investissements pouvant atteindre 8 milliards de dollars dans le monde entier pour construire un vaste réseau d’infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications reliant principalement l’Europe, l’Afrique et l’Asie.

Pour construire ce réseau, le régime communiste chinois a prêté des fonds aux pays partenaires par l’intermédiaire de la Banque de développement de la Chine (CDB), de la Banque d’import-export de la Chine (China Exim Bank) et de la Banque de développement agricole de la Chine (ADBC).

Pour pouvoir bénéficier des prêts, les États clients sont tenus d’utiliser des produits chinois.

Le rapport a intégré le ratio global de la dette publique au PIB des pays et la concentration de cette dette avec la Chine comme créancier, et a identifié huit pays où la Nouvelle Route de la soie semble créer un potentiel de problèmes de viabilité de la dette.

Par exemple, le PIB de Djibouti était de 1,73 milliard de dollars en 2016, mais le pays doit maintenant à la Chine 1,2 milliard de dollars, soit plus de la moitié de son économie. Les sept autres pays à risque sont le Pakistan, le Laos, la Mongolie, le Kirghizistan, le Tadjikistan, les Maldives et le Monténégro.

Le Kenya possède 4 milliards de dollars donnés par la Chine et fait partie des 15 autres pays qui sont considérablement ou fortement vulnérables au surendettement en raison de leur acceptation de prêts pour la Nouvelle Route de la soie.

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