Catalogne : il est encore temps pour le dialogue

6 octobre 2017 15:30 Mis à jour: 6 octobre 2017 15:02

Le responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan a symboliquement réclamé vendredi « un cessez-le-feu » avec le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy, en appelant son camp à ne pas s’empresser de déclarer unilatéralement l’indépendance de la Catalogne.

Il nous faut « revenir à la sérénité et pour résumer, dire ‘cessez-le-feu’. Cessez-le-feu cela signifie que dans les prochaines heures et les prochains jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables, telle que la suspension de l’autonomie » de la région, a dit à la radio catalane Rac1 le conseiller Santi Vila, ancien maire de la ville de Figueras, parlant même de « signer une espèce de trêve ».

À l’attention de son propre camp indépendantiste, qui envisage une déclaration unilatérale d’indépendance la semaine prochaine, il a appelé à « réfléchir et savoir clairement si la précipitation ne risque pas d’abîmer le rêve et de gâcher un projet (d’indépendance) n’ayant jamais été si proche ».

Santi Vila – une des figures les plus modérées de l’exécutif catalan, proche du président régional Carles Puigdemont – a tenu ces propos alors que des doutes surgissent à l’intérieur du mouvement indépendantiste sur la pertinence d’une déclaration unilatérale d’indépendance, sur la seule base d’un référendum d’autodétermination interdit et non reconnu internationalement.

Selon les résultats non définitifs communiqués par le gouvernement régional, le « oui » l’aurait emporté « à 90% » lors du référendum du 1er octobre, déclaré anticonstitutionnel par Madrid.

Seuls 42,3% des 5,3 millions d’électeurs auraient participé à cette consultation boycottée par les partis d’opposition et que les forces de l’ordre sont parvenues à empêcher par endroits.

Le président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, a demandé à comparaître mardi devant le parlement catalan. La Cour constitutionnelle avait suspendu la séance plénière initialement prévue lundi prochain, pendant laquelle M. Puigdemont devait « évaluer les résultats et les effets du référendum » interdit.

« Avant la décision que pourrait adopter le parlement (catalan) sur une déclaration d’indépendance, la priorité doit être de donner une dernière opportunité au dialogue, que les deux parties s’engagent pour un temps à ne pas prendre de nouvelles décisions unilatérales et, pourquoi pas, rechercher la médiation », a également insisté M. Vila dans une tribune publiée par le quotidien catalan Ara.

Carles Puigdemont avait également lancé cette semaine différents appels à une médiation, rejetée par le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy, qui se trouve également poussé par son camp à répondre fermement au défi indépendantiste.

Timides signes d’apaisement entre Madrid et Barcelone

L’impasse semble pour l’instant totale, alors que le gouvernement central de Mariano Rajoy écarte toute possibilité de médiation.

« Pour dialoguer il faut rester dans la légalité », a aussi déclaré jeudi Mariano Rajoy ce qui a été rappelé par le porte-parole du gouvernement vendredi.

L’instabilité dans cette région grande comme la Belgique alarme tous les Espagnols, mais aussi l’Europe.

« Défaire l’Espagne, c’est-à-dire un État-nation (…), c’est défaire l’Europe. Et si on ouvre la boîte de Pandore, demain c’est le Pays basque, et après c’est le Pays basque français, et après c’est l’Italie du Nord, et après c’est la guerre », a estimé sur BFMTV l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, originaire de Barcelone.

Les séparatistes catalans envisagent de déclarer l’indépendance après la publication de résultats définitifs d’un référendum d’autodétermination qui s’est tenu le 1er octobre et qu’ils estiment déjà avoir emporté avec près de 90% des suffrages et 42,3% de participation.

Ils pourraient chercher à profiter de l’élan plus favorable dont ils disposent dans l’opinion catalane, qui est aussi scandalisée par les violences policières ayant fait au moins 92 blessés et quelque 800 personnes ayant requis une assistance médicale.

Le préfet de région, principal représentant de l’État en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses vendredi au nom de ses agents.

À Madrid pendant ce temps l’Audience nationale, spécialisée dans les affaires touchant à la sécurité nationale, a entendu le chef de la police catalane, son adjointe et les dirigeants des deux principales associations indépendantistes pour des faits de « sédition », des manifestations remontant au 20 et 21 septembre.

Josep-Lluis Trapero, Jordi Sanchez (Assemblée nationale catalane et Jordi Cuixart (Omnium) en sont ressortis libres, le parquet n’ayant pas requis leur placement en détention. Et les deux indépendantistes ont appelé au dialogue. « Il faut accepter la réalité, il y a un conflit politique, qui ne peut se résoudre que par la voie politique », a dit Jordi Cuixart

Depuis le début de la crise actuelle, la justice a agi avec fermeté contre les indépendantistes. Le Tribunal constitutionnel a en particulier interdit avant sa tenue le référendum d’autodétermination de dimanche, et il a encore suspendu jeudi la session annoncée pour lundi du Parlement catalan.

L’onde de choc de la crise politique a atteint le secteur économique: Caixabank, première banque de Catalogne et troisième d’Espagne, doit tenir vendredi un conseil d’administration extraordinaire pour décider si elle va déplacer son siège social hors de la région en crise.

Jeudi, c’est Banco Sabadell, deuxième banque de Catalogne qui a annoncé le transfert de son siège social à Alicante, dans le sud-est du pays, après la dégringolade de son cours en Bourse.

Les banques craignent les conséquences d’une éventuelle sortie de la Catalogne de la zone euro au cas où son indépendance serait proclamée.

Parmi les armes du gouvernement figure la suspension de l’autonomie régionale dont jouit la Catalogne, une mesure que le gouvernement central n’exclut pas et que réclament des voix de plus en plus nombreuses en Espagne.

Mais une telle suspension échaufferait encore davantage les esprits en Catalogne, risquant de déclencher une spirale de violence.

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