Lanceuse d’alerte lors de l’émergence du Covid-19 en Chine, elle explique pourquoi elle ne se taira jamais malgré les menaces qui pèsent sur sa vie : « C’est moi le gros problème »

Par Epoch Times et Joshua Philipp
23 décembre 2021 20:32 Mis à jour: 24 décembre 2021 08:27

Ses conclusions scientifiques sur la pandémie du Covid-19 et les origines du virus du PCC (Parti communiste chinois) sont controversées. Son point de vue, selon lequel le virus du PCC est le résultat d’un programme secret de recherche sur les armes biologiques (comprenant des coronavirus) mis en place par le régime chinois il y a 20 ans, n’est toujours pas confirmé.

Mais, malgré l’opposition de ses collègues scientifiques, de son ancien employeur, et même de son ex-mari (qui, selon elle, a essayé de l’empoisonner), le Dr Yan Li-meng affirme qu’il lui a été « très facile » de risquer sa vie et sa carrière pour pouvoir partager ses observations sur les débuts de l’épidémie.

« C’est moi le gros problème », déclare la virologue lors de l’émission Crossroads (Le tournant) d’EpochTV. Yan Li-meng était membre du laboratoire de référence de l’OMS pour la grippe H5, basé à l’école de santé publique de l’université de Hong Kong, un laboratoire d’urgence clé pour le gouvernement chinois. « Ils [le PCC] doivent me faire disparaître », affirme-t-elle.

Pourquoi représente-t-elle une si grande menace pour le PCC ; qui règne tout de même sur 1,4 milliards de personnes ? « La raison est très claire, car les choses que je raconte au monde révèlent en fait les plans confidentiels du gouvernement chinois. Ils ont passé plus de 20 ans à travailler sur de nouvelles armes biologiques, en utilisant les coronavirus notamment. »

Le PCC a déjà réduit au silence d’autres lanceurs d’alerte qui avaient certainement des informations et des théories pertinentes sur l’épidémie.

Les affirmations de Yan Li-meng étant difficilement vérifiables, elle sait qu’elle met sa réputation en jeu en exprimant publiquement son point de vue. Elle estime que le public doit avoir les moyens de juger par lui-même ce qui s’est réellement passé à Wuhan.

Ses affirmations sur les armes biologiques n’ont reçu aucun soutien à travers les publications de la communauté scientifique internationale. Les renseignements américains ont également invalidé ses allégations en déclarant dans un rapport paru en août : « Nous estimons que le virus n’a pas été élaboré pour être une arme biologique. »

Les responsables chinois n’avaient aucune « connaissance préalable du virus » avant l’apparition de l’épidémie, selon ce rapport peu concluant quant aux origines du virus PCC. Selon eux, les scénarios les plus probables étant une origine naturelle ou un accident de laboratoire.

Mais le rapport des renseignements américains manque cruellement de rigueur scientifique. En effet, comme l’a fait valoir David Asher, ancien enquêteur principal sur le Covid-19 au Département des Affaires étrangères des États-Unis, une fuite de laboratoire n’exclut pas que le PCC ait pu mener des recherches sur les armes biologiques… et que celles-ci aient entraîné une fuite accidentelle.

À ce jour, il n’existe aucune preuve pour étayer les affirmations de Mme Yan Li-meng sur une diffusion intentionnelle du virus.

Mais certains services de renseignement confirment l’existence d’un programme d’armes biologiques dirigé par le PCC. En mai, la journaliste d’investigation de The Australian, Sharri Markson, a rapporté que le département des Affaires étrangères américain avait découvert, au cours de ses enquêtes sur les origines du Covid-19, un document de 263 pages rédigé en 2015 par des scientifiques de l’Armée populaire de libération (APL) et de hauts responsables chinois de la santé publique.

Le document, intitulé « The Unnatural Origin of SARS and New Species of Man-Made Viruses as Genetic Bioweapons » (L’origine non naturelle du SRAS et les nouvelles espèces de virus fabriqués par l’homme en tant qu’armes biologiques génétiques, ndt.), décrivait les possibilités offertes par les coronavirus du SRAS pour lancer une « nouvelle ère d’armes génétiques » dans laquelle les virus peuvent être « manipulés artificiellement en un virus de maladie humaine émergente, puis utilisés comme arme et libérés d’une manière jamais vue auparavant ».

Le document, rédigé par 18 des plus hauts responsables de l’armée et des universités chinoises, présente également une affirmation des scientifiques militaires chinois selon laquelle le virus SRAS-CoV-1, entraînant une vague de décès en 2003, a été mis au point par des « terroristes » ayant intentionnellement libéré cette arme biologique artificielle sur la Chine.

C’est, selon les observateurs, ce qui aurait potentiellement motivé l’intérêt de Pékin pour les des armes biologiques.

Franchir la « ligne rouge »

Yan Li-meng explique avoir franchi la « ligne rouge » pour le PCC. Ainsi ébranle-t-elle les intérêts politiques du régime et ceux de ses services de renseignement qui surveillent chacun de ses mouvements et chacune de ses communications, même sur le sol américain. Elle est également victime de rumeurs variées qui visent à saper sa réputation. Son mari (œuvrant pour le régime) a tenté de la ramener à Hong Kong où elle peut facilement être inculpée en vertu de la nouvelle loi de sécurité nationale. Avant sa défection aux États-Unis en avril 2020, il avait déjà essayé d’empoisonner son petit-déjeuner.

« Mon mari a toujours tout fait pour aider le gouvernement chinois et le gouvernement de Hong Kong à me ramener », explique-t-elle. L’instrumentalisation d’un membre de la famille d’un opposant est une manœuvre typique du PCC. « Il m’a dit : ‘Si tu reviens, le gouvernement [dira] que tu es innocente. Ils te donneront une promotion quand tu reviendras, ils te donneront un laboratoire, ils te donneront d’énormes subventions de quelques millions de yuans.' »

Alors que la pandémie battait son plein, en janvier 2020, Yan Li-meng a « réalisé qu’il était urgent » de s’exprimer.

Selon ses sources, au 31 décembre 2019, les autorités de Wuhan étaient déjà au fait d’une transmission interhumaine d’un virus de type SRAS. Puis, le mois de janvier s’écoulant, Yan Li-meng a vu le PCC et l’OMS mentir au monde entier sur ce point. Il a ensuite été prouvé que le régime avait été averti antérieurement, mettant tout en œuvre pour dissimuler l’ampleur de l’épidémie.

Selon Yan Li-meng, à cette époque, le PCC avait déjà réduit au silence ou fait disparaître un certain nombre de médecins lanceurs d’alerte tels que le Dr Li Wenliang. Au 17 janvier, il n’y avait plus d’informations en provenance de Wuhan.

Yan Li-meng pensait alors : « Si je ne le dévoile pas au monde, ils vont continuer à dissimuler la situation et il y aura une épidémie plus importante, voire une pandémie, dans le monde entier. »

Le 19 janvier 2020, elle décide de rendre l’affaire publique. Elle déclare à l’émission American Thoughts Leaders (Maîtres à penser américains) d’Epoch Times avoir d’abord contacté M. Lu De, l’animateur d’une chaîne YouTube opposée au PCC en langue chinoise et basée en Amérique. Ainsi a-t-elle expliqué à l’animateur que son témoignage était motivé par l’espoir de « faire pression sur [le] gouvernement chinois afin qu’il stoppe ce plan diabolique ».

« Cela a retardé l’épidémie et réduit les dégâts d’une certaine manière », souligne Yan Li-meng dans Crossroads. Le PCC a alors été « forcé d’admettre l’épidémie à Wuhan dans les quatre heures » suivant ses commentaires.

« Dans les 24 heures qui ont suivi ma révélation, ils ont été contraints d’admettre pour la première fois à la face du monde que la transmission interhumaine existait », poursuit-elle.

Elle explique que ce sont les manifestations pro-démocratie à Hong Kong qui lui ont donné l’inspiration pour s’exprimer.

« J’étais à Hong Kong, et quand j’ai vu ce qui s’est passé à Hong Kong… j’ai réalisé à quel point le PCC peut être diabolique. Ils veulent arracher la liberté, la démocratie, les droits de l’homme – toutes ces choses fondamentales – aux pauvres gens. Et lorsque les gens commencent à se battre, ils les font disparaître ou les tuent », déplore-t-elle à propos de son pays.

Une des scènes de protestation l’a particulièrement marquée. De nombreuses personnes âgées de Hong Kong, qui devaient avoir plus de 70 ou 80 ans, se tenaient en première ligne pour empêcher l’armée de faire du mal aux manifestants, qui pour la plupart étaient des jeunes.

Ils ont expliqué aux journalistes : « Lorsque nous étions jeunes, il y a 50 ans, nous ne réalisions pas que le PCC était si mauvais, alors nous ne l’avons pas stoppé », raconte Yan Li-meng. « Et maintenant, nous réalisons qu’ils sont mauvais et que nous n’avons rien fait quand nous étions jeunes, alors nous voulons le faire maintenant pour aider nos prochaines générations. C’est la seule chose que nous pouvons faire pour les arrêter. »

« C’est donc aussi ce que je pense, c’est la chose que je peux faire pour les arrêter », affirme-t-elle au sujet de ses efforts. « Et j’ai la chance d’être encore en vie pour partager ces choses avec les gens. C’est donc très facile. »

Entre-temps, Yan Li-meng a été invitée par la société de débat de l’université d’Oxford, l’Oxford Union, à s’exprimer sur l’évolution de la situation : « Cette institution fera tout ce qui est nécessaire ». L’Oxford Union a déjà accueilli des personnalités telles que Sir Winston Churchill, Albert Einstein et Mère Theresa par le passé.


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