La Chine élude les questions de l’ONU sur le prélèvement forcé d’organes

Par Frank Fang
12 octobre 2021 12:42 Mis à jour: 12 octobre 2021 12:42

La Coalition internationale pour mettre fin aux abus liés aux transplantations en Chine (ETAC) et deux autres groupes de défense des droits de l’homme américains ont blâmé la Chine pour ses réponses « inadéquates et trompeuses » face aux allégations crédibles de prélèvements forcés d’organes.

Les questions ont été soulevées en juin par 9 rapporteurs spéciaux auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et par les membres d’un groupe de travail sur la détention arbitraire. Ensemble, ils ont affirmé être « extrêmement alarmés » par des informations selon lesquelles la Chine prélèverait des organes sur des minorités détenues, notamment des pratiquants de Falun Gong, des Ouïghours et des chrétiens.

Les rapporteurs, des experts indépendants chargés par l’ONU d’examiner le respect des droits de l’homme, ont exhorté la Chine d’éclaircir quelques points des accusations (pdf), notamment le « fondement juridique des examens médicaux menés sur des prisonniers ou des détenus » ou « l’objectif de ces examens médicaux ».

La Chine a fait de son industrie de la transplantation un commerce rentable en éliminant des prisonniers de conscience et en prélevant de force leurs organes, ce qui permet aux hôpitaux chinois de proposer aux patients des organes compatibles dans un délai extraordinairement court. Au fil des ans, Pékin nie ces crimes en rejetant les preuves et qualifie ces accusations de « rumeurs ». Le régime avance que le pays dispose d’un système national de dons.

En 2019, un tribunal indépendant basé à Londres a conclu que des prélèvements d’organes forcés sanctionnés par l’État ont  lieu en Chine depuis des années « à une échelle significative ». Le rapport (pdf) a déclaré être « certain » que des organes provenaient de pratiquants de Falun Gong emprisonnés, qui étaient « probablement la source principale ».

Le rapport souligne également que les pratiquants de Falun Gong en détention sont « systématiquement soumis à des tests sanguins et à des examens d’organes ». Les tests sanguins sont effectués pour vérifier leur groupe sanguin et type de tissus, ce qui permet de déterminer si un receveur d’organes peut correspondre à un donneur.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique spirituelle fondée sur trois principes : la vérité, la compassion, la tolérance. Le mouvement spirituel est devenu très populaire dans les années 1990. En 1999, selon les estimations officielles, il comptait non moins de 70 millions d’adeptes, soit plus que les 60 millions de membres du Parti communiste chinois (PCC). De ce fait, le chef du PCC, Jiang Zemin, a ordonné la persécution du groupe religieux, donnant ainsi le coup d’envoi à une répression brutale faisant au moins 4 696 morts recensés. Le nombre réel de victimes est difficile à déterminer, il est probablement beaucoup plus élevé, selon Minghui.org, le site internet qui suit la persécution.

C’est en 2006 qu’ont émergé les premiers témoignages sur les prélèvements d’organes forcés sur des pratiquants de Falun Gong en détention. Ceux qui suivent cette pratique spirituelle continuent de faire l’objet d’arrestations arbitraires, de détentions, de travaux forcés, de décès par torture ou prélèvement d’organes.

Le 24 septembre, ETAC, la Victims of Communism Memorial Foundation (VOC) et la China Aid Association ont publié une déclaration commune blâmant la Chine de ne pas avoir répondu de manière adéquate aux interrogations des rapporteurs.

« Une fois de plus, les autorités chinoises n’ont pas fourni de statistiques officielles sur les transplantations, les temps d’attente pour l’attribution d’organes ou les sources d’approvisionnement en organes, comme l’avaient demandé les experts de l’ONU en 2006, 2007 et maintenant en 2021 », a déclaré Susie Hughes, directrice exécutive d’ETAC, dans la déclaration.

« Il est temps de lancer un boycott mondial du secteur de la transplantation en Chine, jusqu’à ce que des groupes minoritaires innocents soient libérés et que des pratiques éthiques de transplantation soient prouvées par l’État chinois. »

Les trois groupes de défense des droits de l’homme ont précisé qu’il ne suffisait pas à la Chine de citer les directives de sécurité publique et les ordres du Conseil d’État pour répondre aux questions sur les examens médicaux.

« La réponse de la RPC [République populaire de Chine] ne fournit aucune nouvelle donnée suggérant que l’objectif de ces examens était autre que l’évaluation de la fonction des organes, requise avant leur prélèvement », ont-ils déclaré.

Selon eux, la Chine a éludé une question relative aux mesures « adoptées pour garantir la nécessité de rendre les activités de don et de transplantation transparentes et ouvertes à l’examen ».

Elle est, par ailleurs, restée évasive sur « la façon dont les données sont recueillies pour prévenir l’abus des systèmes de transplantation ».

Les données publiques de la Chine sur les dons d’organes avaient déjà été remises en question par des experts. En 2019, un article publié dans la revue scientifique BMC Medical Ethics constatait que « les chiffres sur les dons d’organes déclarés par Pékin ne tiennent pas debout et il existe des preuves très convaincantes qu’ils sont falsifiés ».

« Les mensonges flagrants du Parti communiste chinois en réponse aux questions soulevées par les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les prélèvements d’organes forcés par l’État sont honteux mais pas surprenants », a déclaré Andrew Bremberg, ancien représentant des États-Unis aux Nations unies et actuel président de VOC, selon le communiqué.

« Je félicite les rapporteurs spéciaux de l’ONU d’avoir soumis ces questions à la Chine et j’exhorte les États membres à mettre fin à leur complaisance à l’égard de la réponse totalement inadéquate du PCC.

« C’est aux États membres, y compris les États-Unis, de décider si le travail des rapporteurs spéciaux doit être ignoré, ou s’il est temps d’agir enfin pour demander des comptes sur l’horrible pratique chinoise de prélèvement d’organes forcés sur des prisonniers de conscience. »

Frank Fang est reporter pour Epoch Times à New York. Il couvre les nouvelles en Chine et à Taiwan. Il est titulaire d’une maîtrise en science des matériaux de l’Université Tsinghua à Taiwan.


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