Les Chinois, bientôt classés selon leur honnêteté et loyauté politique

18 décembre 2016 14:32 Mis à jour: 18 décembre 2016 19:26

Les autorités chinoises sont en train d’introduire dans le pays un projet pilote du système de crédit social. Le projet vise à mesurer la loyauté politique des Chinois, leur honnêteté et l’adhérence à la ligne du Parti communiste chinois (PCC). Le nombre de points obtenus par les citoyens déterminera leur position dans ce classement. Selon le Wall Street Journal, si ce nombre n’est pas assez élevé, la personne sera soumise aux certaines sanctions.

Le système de crédit social devrait être introduit en Chine en 2020. Il est actuellement testé en stade pilote dans certaines régions du pays. D’après le Wall Street Journal, le but principal du système ne devrait pas apporter d’amélioration de la sécurité, mais permettre la «construction d’une société socialiste harmonieuse ». Dans ce but, les autorités chinoises attribueront une note à chaque citoyen. En cas d’absence de violation de la loi, le système attribuera des points supplémentaires, en cas contraire, les points seront retirés.

Le gouvernement chinois accumulera toutes les informations sur les citoyens et les entreprises par le biais des téléphones mobiles, des services de commerce électronique, des tribunaux, des banques, des autorités fiscales, de la police et du service de l’emploi. Ces informations vont former une vaste base de données, permettant de déterminer la « loyauté » de chaque Chinois dans les domaines politique, commercial, social et juridique. Le rôle de juge sera attribué au Parti communiste.

Une note sociale élevée donne certains avantages aux citoyens chinois. Ils pourront utiliser les wagon-lits dans les trains, voyager en première classe en avion, aller à l’étranger et y envoyer leurs enfants pour leur scolarité.

Les Chinois dotés d’une « mauvaise » note seront soumis à certaines sanctions, dont la privation de la sécurité sociale, l’interdiction de travailler dans les établissements d’État, la soumission à une inspection douanière minutieuse, l’interdiction d’occuper des postes de direction dans les industries alimentaire et pharmaceutique, le refus d’accès aux hôtels et restaurants de luxe, etc.

Les créateurs du système

Huit entreprises privées aident l’État chinois à créer le système de crédit social, dont Alibaba, la plus grande plateforme du commerce électronique du monde, qui compte environ 400 millions de visiteurs par mois. Alibaba a déjà son propre système de classement de clients connu sous le nom de « Sesame credit ». Le principe d’évaluation des utilisateurs d’Internet et de rémunérations dans le cadre d’un classement privé coïncide avec la politique du Parti et des autorités chinoises. Une note élevée permet aux clients de louer des voitures et des vélos sans caution, consulter un médecin sans faire la queue, etc.

La société Baihe, offrant le plus grand service de rencontres en Chine, présente les pages des utilisateurs dans un ordre déterminé par leurs points dans le « Sesame credit ». Ce site de rencontres est fréquenté par environ 90 millions de personnes. L’élaboration d’un système de classement est également envisagé par la société d’Internet chinoise Tencent, qui détient les messageries QQ et WeChat. La société a développé son propre système d’évaluation des utilisateurs et favorise ceux qui répondent en détails à ses questionnaires.

Toutefois, comme il est plus facile de tracer des infractions administratives et des arriérés sur les prêts que des délits dans le domaine d’éthique, le système de crédit social compte sur les dénonciateurs. Les citoyens chinois seront récompensés pour la dénonciation des délits ou des cas de manque de confiance envers l’État.

L’avis des experts

Le système centralisé de crédit social attirera certainement les pirates informatiques, a déclaré William Glass, expert en cyber attaques chez FireEye. « Les cybercriminels ou même des agents du gouvernement voudront accéder à la base des données où ils pourront voler ou modifier ces données. Le système contiendra toutes les informations sur un citoyen, mais comme il sera en format numérique, il sera facile de modifier ces informations », a-t-il précisé.

Selon Pamela Kyle Crossley, professeur d’histoire au Collège de Dartmouth,le modèle chinois de contrôle social pourrait s’établir au fil du temps dans les pays démocratiques. D’après elle, le constat est simple : « la société chinoise est mieux préparée pour l’intégration des données commerciales, militaires et juridiques. En conséquence, les Chinois sont mieux contrôlés par le biais de l’intimidation et de l’autocensure ».

Surveillance de la population

La Chine n’est pas le seul pays à vouloir connaître tous les aspects de vie de ses citoyens. Selon le site hightech.fm, la base des données des services d’application de la loi américain contient les photos de 117 millions d’Américains – soit presque la moitié des résidents adultes du pays. Il suffit d’avoir un permis de conduire pour y être enregistré.

La doctrine de la sécurité informatique adoptée en Russie vise également à renforcer le contrôle de l’État sur l’Internet. L’expérience chinoise dans l’application du contrôle de l’État sur l’Internet et la population sert d’exemple pour la Russie. Natalya Kasperskaia, la PDG de la société de sécurité informatique russe InfoWatch et du groupe « Internet + Society » a proposé de considérer les « données importantes d’utilisateurs » comme propriété de l’État. Mme Kasperskaia a souligné que Facebook est prêt à coopérer avec le gouvernement chinois dans le domaine de censure et qu’on pourrait faire de même en Russie.

Version russe : В Китае всех граждан оценят по политической благонадёжности и порядочности

 

 

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