Christine Cotton: « Les données de l’essai Pfizer ne peuvent pas être considérées comme intègres et fiables »

Par David Vives
14 avril 2023 05:42 Mis à jour: 27 octobre 2023 12:12

Christine Cotton est biostatisticienne depuis 1995. En 2022, elle signait un rapport d’expertise sur les essais Pfizer sur le vaccin contre le Covid-19. Elle y dénonçait des résultats et une méthodologie loin d’être « fiables et intègres » selon les critères des « bonnes pratiques cliniques » reconnus dans le métier. Elle a été auditionnée à l’Assemblée nationale par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) au sujet des « effets indésirables des vaccins contre la Covid-19 et le système de pharmacovigilance français ». Elle a également participé à un documentaire « Effets secondaires: la face cachée des vaccins » réalisé par Raphaël Berland en 2022.

Epoch Times : Bonjour Christine Cotton, en préambule, pourriez-vous expliquer la nature du travail de biostatisticien ?

Christine Cotton: C’est un travail à plusieurs niveaux. Le travail en amont consiste en l’écriture d’un protocole incluant les critères qui vont être analysés et à quel moment ils vont être analysés. Ce sont des choix qui sont médicaux, discutés avec des experts et le laboratoire. Pour chacun des critères retenus, on discute également de la façon de l’analyser. Le choix des critères et des méthodes doivent respecter les normes des “bonnes pratiques cliniques”. Une fois ce travail réalisé et approuvé par les autorités de santé, l’essai peut commencer, on recueille les données des patients qui seront incluses dans une base de données. C’est sur cette base que le biostatisticien pourra programmer son analyse et fournir les tableaux de résultats à intégrer dans le rapport clinique.

Tous les intervenants d’un essai clinique doivent travailler selon les normes ICH mises en place. L’ICH est un consortium auquel ont adhéré presque toutes les agences de santé du monde, les recommandations sont souvent mises à jour et encadrent toutes les activités d’un essai. Quel plan doit suivre le rapport clinique? Quelles sont les populations analysées? Ça va très très très loin. C’est pour cela que parler d’essais cliniques sans connaître les bonnes pratiques cliniques, c’est complètement impossible.

J’entends beaucoup trop de gens évoquer les essais cliniques pour justifier leurs raisonnement. Que ce soit sur Twitter, dans les médias et notamment certains journalistes ou médecins de plateau qui défilent dans les médias, ils n’y comprennent strictement rien et ils n’ont jamais travaillé dans aucun essai. Et ils disent pouvoir expliquer aux autres les problèmes des essais. Mais quand on n’y comprend rien, on ne peut rien expliquer.

Par exemple, dans l’étude de Pfizer la transmission n’a pas été étudiée dans les essais , cela semblait anormal dans la façon dont on a pu en entendre parler. Mais c’est relativement usuel dans les essais sur les vaccins.

Le journal allemand Die Welt a récemment mis à jour de graves irrégularités concernant les essais. L’une d’entre elles est le « centre argentin 1231 » où se sont déroulés des essais avec la vaccination de centaines de personnes par jour, ce qui semble étrange en termes de capacité.

Le journal allemand a rapporté le cas d’Auguste Roux. C’est un avocat à la Haute Cour de justice avec qui j’échange très régulièrement. Je vais dire que c’est un ami, un frère de guerre. Il était l’un des participants qui s’est rendu dans le centre argentin. Il a failli mourir pendant les cliniques Pfizer, il y aurait beaucoup de choses à en dire. Pour commencer, ce centre a recruté près de 6000 patients sur les 40.000 de l’étude. Donc c’est énorme, c’est quand même bizarre. Si on regarde les dates auxquelles ils ont recruté, on observe qu’il y a eu des jours où ils ont recruté 200, presque 300 patients. C’est quasiment impossible, même à l’échelle d’un gros centre, comme un hôpital militaire. Il faudrait un audit très sérieux de ce centre. Ensuite, qu’est ce que cela nous dit, le fait que cet homme ait failli mourir pendant ces essais cliniques et que l’on en n’ait pas trouvé mention dans la base de données ? Et bien clairement, les données sont frauduleuses. Et si les données sont frauduleuses dans ce centre pour ce patient, il n’y a pas de raison qu’éventuellement on n’ait pas d’autres fraudes pour d’autres patients dans ce même centre, voire dans d’autres centres. Donc, le résultat avéré de tolérance au vaccin ne peut pas être considéré comme étant intègre, fiable et relevant des bonnes pratiques cliniques.

Ce sont des violations de bonnes pratiques cliniques. C’est très très grave.

La FDA et Pfizer avaient décidé de ne pas rendre publiques les données complètes de l’étude avant une période de 75 ans, jusqu’à ce qu’une décision de justice ne les contraigne à les dévoiler. Dans les 80.000 pages de ce rapport rendu public à ce jour, vous évoquez la remise en cause du taux d’efficacité du vaccin qui serait bien en deçà des 95% déclarés par Pfizer…

Je n’ai pas écrit mon expertise sur la base de ces documents rendus publics, j’ai fait ma première analyse sur les rapports cliniques en avril 2021.

Pour écrire mon expertise, j’ai examiné les différents rapports cliniques disponibles sur le site de la FDA depuis décembre 2020, les plans de gestion des risques et un document rendu public, une analyse des effets indésirables rapportés depuis la mise sur le marché.

C’est dans le premier rapport de décembre 2020 qu’on trouve ce fameux 95 % d’efficacité, retenu comme un critère principal. Mais en fait, ce critère ne mesure qu’une partie de la maladie, les cas symptomatiques légers et modérés confirmés par les tests PCR et pas tous les cas Covid. Or, depuis qu’on a les données brutes rendues publiques sur décision judiciaire aux États-Unis grâce à maître Aaron Siri, on peut récupérer les fichiers sources. Ces données des participants je les ai importées dans mon logiciel d’analyse statistique. Dans ces données, on a un critère qui était bien mentionné dans le protocole mais dont les résultats n’ont jamais été fournis: la sérologie anti-nucléocapside. Cette sérologie nous permet de déterminer qui a eu le Covid ou qui ne l’a pas eu pendant l’essai. Sur ce critère, nous n’avons plus 95 % d’efficacité mais 55% ! Ce qui change tout ! Voyez déjà le choix du critère principal me permet de faire passer l’efficacité de 95 à 55%. Donc ce critère là, 55 % est plus précis puisqu’il compte tous les cas Covid, non pas que les cas Covid légers ou modérés confirmés par test PCR.

Voilà toute la nuance. Or, sur quoi a-t-on établi que le vaccin était efficace ? Si le critère principal retenu est différent, le résultat est différent. C’est typiquement le travail du biostatisticien d’y faire attention. Ensuite, le deuxième point très important, est que l’on a observé dès la phase 2 un début de chute des anticorps neutralisants, qui sont donc censés représenter notre protection contre la maladie. On l’avait observé déjà chez les singes dans les études pré-cliniques. Et comme par hasard, le laboratoire ne mesure pas ces fameux anticorps au-delà de deux mois après la dose 2. Si on avait effectué une mesure à trois mois après la seconde dose, on aurait constaté dès décembre 2020 la chute des anticorps. Et la question est, est ce qu’il y aurait eu une seule agence de santé qui aurait accordé une autorisation pour un produit, un soi-disant vaccin dont la protection dure trois mois ? Je ne crois pas.

Si on ne choisit pas les bons critères, si on ne mesure pas à certains temps précis, on arrive à prouver que c’est efficace. On ne reporte pas les effets indésirables, on prouve que c’est sans danger alors que ce n’est ni efficace et certainement pas sans danger. Donc c’est de la manipulation de données, c’est une utilisation frauduleuse de la méthodologie pour conclure à quelque chose qui n’existe pas.

Les études rapportent également la mort d’une personne de 60 ans trois jours après avoir reçu la deuxième dose de vaccin. Elle a été déclarée morte due à une athérosclérose sans qu’il n’y ait de rapport d’autopsie, donc sans une confirmation médicale. Que peut-on tirer de cas comme celui-là ?

C’est typiquement un cas qui jette le doute sur la qualité des données. On y revient toujours, qu’est-ce qui garantit la qualité des données ? Si dans un essai clinique, on n’est pas capable de savoir de quoi meurent les gens, c’est vraiment très grave. Ça veut dire qu’au niveau du suivi des participants, c’est catastrophique. Et c’est d’ailleurs ce que dénonce Brook Jackson aux États-Unis, qui a travaillé dans l’un de ces fameux centres qui recrutent les participants. Elle a remarqué que les participants étaient mal suivis, que l’on ne reportait pas ou pas correctement les effets indésirables, que l’on ne convoquait pas les participants qui devaient faire ces fameux tests PCR pour prouver s’ils avaient un Covid ou pas. Encore une fois, si la base de données est fausse, les résultats sont faux.

La fraude constatée des études peut-elle ouvrir la voie à des poursuites judiciaires ? Plusieurs lanceurs d’alerte montent au créneau pour dénoncer Pfizer aux USA, à quoi faut-il s’attendre ?

Nous sommes un peu tous en lien les uns avec les autres. Les conclusions de mon rapport sont dans une plainte pour empoisonnement que l’État français a, par ailleurs, classée, et qui est en procédure d’appel. Dès l’instant où l’on démontre que l’essai clinique n’a pas été fait convenablement, que l’on vaccine des gens sur la base de quelque chose qui n’aurait jamais dû être utilisé, c’est quand même problématique. De plus, il y a encore toutes les populations qui n’ont pas été incluses dans l’essai clinique ou pour lesquelles on n’a pas de résultat, les femmes enceintes ou allaitantes, les patients immunodéprimés, les patients avec comorbidités, ceux avec maladies auto-immunes. Ces patients pour lesquels nous n’avons aucun résultat sur les niveaux de tolérance et d’efficacité, on continue à les vacciner tous les jours.

Je suis également en contact avec certaines personnes aux Etats-Unis qui m’ont fait des retours, Peter MacCullough qui m’a félicitée pour mon travail.

Au sujet du Covid, je ne fais pas partie des gens qui disent que ce virus n’est pas grave. Je pense que ce virus peut être très grave pour certains, il y a également ce que l’on appelle les Covid long qui surviennent post-vaccination. On a la même chose avec les victimes du vaccin, qui maintenant sont dans l’errance et constatent un déni total de la part des médecins. Finalement, personne ne s’en occupe, personne ne les soigne, personne n’y comprend rien d’ailleurs. Parce que quand on a des symptômes qui touchent presque tous les organes, c’est très compliqué.

Enfin il faut le dire, Pfizer est quand même sur la sellette parce que cela commence à faire beaucoup de problèmes, sans compter tous les effets indésirables observés en vie réelle. Je travaille beaucoup avec les associations de victimes et certains sont dans l’errance. C’est dramatique ce qui arrive à ces gens.

Ils ont besoin qu’on parle d’eux, qu’on les aide, qu’on les écoute. Je leur parle presque tous les jours, j’essaie de faire en sorte qu’ils tiennent bon jusqu’à ce qu’on trouve une solution. Et clairement, là, parmi ces gens là, on a des gens qui sont au bord du suicide tellement ils n’en peuvent plus. C’est dramatique. Il y en a qui d’ailleurs se sont suicidés car ils souffraient du Covid long. Ce n’est absolument pas normal de laisser les gens agoniser comme cela. Tout ça parce que certains médias et des experts poursuivent leur narratif : les vaccins sont sûrs et efficaces, mais au bout d’un moment, la mascarade a assez duré. Tout le monde a bien remarqué que ce n’était pas efficace et tout le monde a bien remarqué que chez certains, ça pouvait être très toxique.

Pfizer a également développé une forme pédiatrique du vaccin, trois fois moins dosée, pour les enfants. Y a-t-il les mêmes problématiques ?

Complètement. On avait d’abord un premier rapport datant du 26 octobre 2021, concernant les 5-11 ans. On nous expliquait que le critère d’efficacité était de 90 %. Donc on avait une efficacité prouvée statistiquement sur un critère qui ne mesurait pas correctement la maladie. C’est-à-dire que l’analyse sur les  5-11 ans s’est poursuivie sur la même méthodologie que sur les ados.

On n’a pas mesuré les effets des cas sévères. Après, il y a eu les bébés de 6 mois à 4 ans et alors là c’est carrément pire. Dans ce cas, les résultats d’efficacité n’ont pas été prouvés. Sur les 6 mois à 4 ans, Pfizer annonce une efficacité à 80,3 %. Mais l’intervalle de crédibilité, c’est-à-dire l’intervalle dans laquelle varie cette efficacité, varie de 13,9 à 96.

Je voudrais encore insister sur le fait qu’on entend des gens dire n’importe quoi, ou qui prennent des critères ou des données qu’ils interprètent au hasard. Alors je vais prendre juste un petit exemple pour terminer. Il y a des bruits qui courent comme quoi Pfizer aurait inclus, par exemple, des femmes enceintes dans les essais, 50 femmes enceintes. C’est absolument n’importe quoi. Ils n’ont jamais inclus de femmes enceintes. Ce sont des femmes qui sont tombées enceintes pendant les essais cliniques malgré leurs moyens de contraception. Dans ce genre de cas, toute grossesse est considérée comme un effet indésirable et doit être reportée dans la méthodologie. Mais Pfizer ne l’a pas fait. Donc vous voyez, ça, c’est ce genre de bêtise qui est colportée par des gens qui ne comprennent rien.

Les essais cliniques ont cependant bien été réceptionnés par la FDA aux États-Unis et par l’Agence du médicament en Europe, au vu de l’accord des autorités sanitaires pour l’utilisation du vaccin. Comment analysez-vous leur réponse ?

C’est bien le pire. C’est la FDA elle-même qui a écrit des recommandations pour permettre d’avoir ce critère complètement bancal au niveau de l’efficacité. Habituellement, l’analyse des critères se fait après six mois de suivi dans les anciennes recommandations. Mais la FDA a permis tout cela, c’est-à-dire qu’on a fait en sorte de ne pouvoir attendre que trois mois de suivi des patients, dont la moitié n’a d’ailleurs été suivie que deux mois. Donc impossible de connaître la tolérance à moyen terme, les données n’existent pas. Sans même parler de la tolérance à long terme. Et pourquoi n’a-t-on pas eu plus de participants âgés inclus dans les essais alors qu’il s’agissait de la population la plus fragile ? On ne sait rien. En conclusion, les autorités ont clairement permis de faire cet essai médiocre comme je n’en ai jamais vu en 23 ans de carrière.

On a réécrit les critères de validité du test. La FDA a créé des critères pour cette autorisation d’urgence, des recommandations spéciales pour les vaccins Covid. Le laboratoire a suivi semblant dire “si on me dit que je peux faire n’importe quoi et encaisser l’argent, je le fais”. Comprenez que si on avait fait cette analyse au bout de six mois, cela nous aurait permis d’avoir cette fameuse mesure des anticorps qu’il nous manquait. Nous avons vu que la protection diminue, vu que les anticorps ont chuté, et que donc fatalement, le narratif selon lequel “deux doses et vous retrouverez la vie normale” ne tient plus. Les autorités auraient été obligées de dire à la population “la protection dure quatre mois ou six mois”. Peut-être cela aurait été mis sur le marché, mais pas dans les mêmes conditions. Ils le savaient depuis le début, et c’est bien pour cela qu’ils n’ont pas fait cette mesure.

Quant à l’agence européenne, elle a passé les essais en revue vite fait, mal fait.

À se demander s’ils ont un biostatisticien dans leur comité de lecture. Pour avoir parlé de ces essais avec des gens avec lesquels j’ai travaillé, il n’y a pas un biostatisticien qui ne m’ait dit que le critère principal était biaisé.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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