Claude Chollet : « Si l’UE a versé 132 millions d’euros en période électorale à des médias lui ayant été favorables, il y a tentative de corruption »

Par Etienne Fauchaire
3 mai 2025 13:50 Mis à jour: 3 mai 2025 15:29

ENTRETIEN – Le mois d’avril a été le théâtre d’une succession de controverses touchant les institutions européennes, allant du financement douteux de médias par la Commission aux subventions versées pour un projet de « Coran européen », en passant par la question de l’euro numérique et l’annonce d’un plan de lutte contre le racisme excluant explicitement le racisme anti-blanc. Du traitement médiatique de ces polémiques, le président de l’Observatoire du journalisme (OJIM) Claude Chollet dresse une analyse sévère, déplorant au sein d’une large partie de la presse tantôt le silence, tantôt la complaisance.

Epoch Times : L’OJIM a relayé le 20 avril une enquête du quotidien italien Il Fatto Quotidiano, qui révèle qu’en coordination avec la Commission présidée par Ursula von der Leyen, l’UE aurait versé discrètement pas moins de 132,82 millions d’euros à de nombreux médias en Europe. En quoi cette affaire pourrait-elle, selon l’Observatoire, « confiner au scandale d’État » ?

Claude Chollet : L’intrusion directe de la Commission pose un double problème.  D’abord, un problème démocratique : selon quels critères ces financements ont-ils été attribués ? Les subventions ont-elles été accordées en fonction de la ligne éditoriale des médias à l’égard de la politique de la Commission ? En récompense de services rendus ? Et si oui, lesquels, et dans quelle finalité ?

Ensuite, l’opacité demeure totale sur l’identité des heureux bénéficiaires : quels médias ont touché ces fonds, à quelles périodes, et pour quels montants ?

Il serait nécessaire que les médias enquêtent et réalisent une analyse croisée entre trois variables : le niveau des subventions perçues, la période concernée, et la ligne éditoriale des médias vis-à-vis de la Commission. Si une corrélation positive émerge, en particulier en période électorale, alors il s’agit d’une tentative de corruption. Je laisse vos lecteurs tirer eux-mêmes les conclusions qui s’imposeraient.

Parallèlement, l’UE a annoncé le 11 avril la création d’un réseau de fact-checking, Spotlight, réunissant 18 radios de service public et présenté comme un outil de lutte contre ce qu’elle qualifie de « désinformation ». Faut-il y voir les prémices d’un nouveau glissement vers un contrôle renforcé de l’information, comme ce fut le cas durant la crise du Covid, où certaines informations pourtant fiables avaient été censurées ?

Lorsque vous parlez poliment des prémices d’un nouveau glissement vers un contrôle renforcé de l’information, c’est se situer en-deçà de la vérité. La création de ce réseau de fact-checking s’inscrit dans la continuité d’une volonté de contrôle de l’information, qui prolonge une dérive technocratique déjà bien engagée.

Depuis août 2023, le Digital Services Act (DSA), ou loi sur les services numériques, est entré en vigueur. Présenté comme un prolongement du RGPD, ce règlement vise, en théorie, à s’attaquer aux défis posés par les géants du numérique, à commencer par les GAFAM. En réalité, l’objectif réel de l’Union européenne est, très concrètement, de lutter contre ce qu’elle qualifie de « haine » en ligne et d’encadrer toujours plus strictement les contenus diffusés sur les réseaux sociaux.

L’occasion faisant le larron, l’UE en profite pour limiter l’expression des voix qui remettent en question sa doxa. Et ce, tout particulièrement dans le domaine qui concerne ce que la bureaucratie bruxelloise appelle la « désinformation » : comprendre ce qui relève de la réinformation, de l’information ou de l’expression d’opinions libres mais jugées incompatibles avec sa ligne politique.

Il en va de même pour la « haine en ligne », puisqu’elle est définie selon des critères qui épousent étroitement les contours de l’idéologie régnante au sein de l’Union européenne. En clair, cette législation semble moins destinée à protéger les citoyens qu’à combattre ceux que Bruxelles assimile comme ses ennemis.

Ces nouveaux règlements, aussi discrets soient-ils dans leur naissance, relèvent d’une véritable déclaration de guerre contre les libertés fondamentales des Européens. Derrière le vernis du fact-checking officiel, il s’agit ni plus ni moins que de filtrer l’information, pour que seules les « bonnes vérités » atteignent les « bons peuples » en vue des « bons votes ».

Lors d’une conférence de presse le 6 mars, la présidente de la BCE Christine Lagarde a annoncé que la première phase préparatoire de l’euro numérique s’achèverait en octobre 2025. Cette déclaration a ravivé la controverse autour d’un projet perçu comme une menace potentielle pour la vie privée des citoyens. Outre-Atlantique, le président des États-Unis, par décret signé le 23 janvier, a interdit à la Réserve fédérale (Fed) de développer sa propre monnaie numérique, précisément en raison de ces risques. En Hongrie, le droit de payer en espèces a été constitutionnalisé en avril. Au Parlement européen, Jorge Buxadé, chef de la délégation Vox, va jusqu’à dénoncer un « piège de Bruxelles ». En France, à l’inverse, plusieurs médias ont critiqué ceux qui mettaient en doute les « bonnes intentions » de l’UE. AFP Factuel qualifie de « rhétorique conspirationniste » les craintes d’une société sans argent liquide, une thèse également relayée, par exemple, par La Tribune, qui affirme qu’il est faux de prétendre que l’euro numérique aurait vocation à remplacer les espèces. Que cela vous inspire-t-il ?

Sans être spécialiste des questions monétaires, comme tout un chacun, je dois régler mes dépenses : en liquide, par chèque, virement ou carte bancaire. Et comme beaucoup, j’utilise de plus en plus ma carte, par simple souci de commodité. Pourtant, une phrase d’un de mes anciens professeurs d’économie me revient souvent : « La monnaie, c’est de la liberté frappée. »

Lorsque je paie en espèces, je ne suis ni tracé ni profilé : j’exerce une liberté concrète, immédiate. Sans être opposé par principe à une monnaie numérique pour les entreprises, restons vigilants : il est essentiel que chacun conserve la possibilité de payer en billets et en pièces, sans contrôle d’un Big Brother numérique.

En avril, le JDD a révélé que le Conseil européen de la recherche, un organisme financé par la Commission européenne, subventionne à hauteur de près de 10 millions d’euros un programme scientifique : « Le Coran européen ». Selon ses responsables, ce projet « repose sur la conviction que le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses de l’Europe ». Une initiative vivement critiquée par l’anthropologue du CNRS Florence Bergeaud-Blackler, qui y voit une « islamisation de la connaissance » conforme, selon elle, aux orientations idéologiques des Frères musulmans. Malgré la vive polémique suscitée par l’annonce, aucun écho dans Libération, Le Monde ou France Info. Que révèle le silence de ces médias ?

Il s’agit d’une nouvelle tentative d’islamisation culturelle et religieuse des Européens. La prochaine étape ? Peut-être la réécriture des manuels d’histoire pour présenter l’islam comme l’un des fondements de l’Europe. Dans ce climat idéologique, tout devient possible…

Quant au silence des médias concernés, il est assourdissant. Un silence qui vaut approbation tacite, reflet d’un accord discret, mais réel, avec les logiques portées par ce « Coran européen ». Qui ne dit mot consent.

Le 15 avril, l’UE a aussi annoncé un plan destiné à lutter contre le racisme et les discriminations, mentionnant explicitement le « racisme anti-noir, anti-asiatique, anti-musulman, l’antisémitisme ». Aucun mot, en revanche, sur le racisme anti-blanc et chrétien, une omission vivement dénoncée par l’eurodéputé RN Fabrice Leggeri. Quelques jours plus tôt, le 4 avril, France Info — qui intégrera le réseau européen de fact-checking Spotlight — qualifiait cette notion d’« expression promue par l’extrême droite », estimant qu’elle « occulte le racisme plus systémique subi par les minorités », une thèse également repris par l’AFP. Comment s’articule cette convergence de vues entre certaines institutions et médias autour du déni de ce phénomène, ou de sa minimisation ?

Elle s’articule autour d’une véritable omerta, soigneusement entretenue, autour du racisme dont on ne parle jamais : celui dont sont victimes les Européens blancs. Une omerta médiatique, judiciaire, mais aussi politique.

Je ne peux qu’inviter vos lecteurs à lire – et à faire lire de toute urgence – l’enquête que vient de publier François Bousquet : Le Racisme antiblanc, l’enquête interdite (La Nouvelle Librairie, 2025).

À travers plus de 40 témoignages saisissants, l’auteur met en lumière un racisme caché, qui touche en particulier les enfants et les adolescents. Garçons et filles y sont confrontés dans la cour de récréation, en salle de classe, dans les transports, dans le cadre sportif, etc.

Face à cette haine, les jeunes dits « faces de craie » courbent l’échine, se taisent, ou finissent parfois par adopter les codes de leurs bourreaux : ils changent de prénom, observent le ramadan sans être musulmans, voire se convertissent. Ils survivent dans un environnement devenu hostile… chez eux, dans leur propre pays. Quant aux enseignants, souvent inquiets avant tout pour leur propre sécurité ou pour l’état de leur voiture à la sortie des cours, ils préfèrent détourner le regard ou minimiser les faits.

Nier l’existence du racisme antiblanc, c’est, en creux, l’autoriser. C’est l’encourager par le silence, et le légitimer de fait et en droit.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.