Clusters de cancers d’enfants : les autorités ne trouvent aucune explication, les parents se mobilisent

Par Emmanuelle Bourdy
16 février 2022 23:06 Mis à jour: 16 février 2022 23:06

Après avoir mené des investigations pour expliquer la cause des cancers d’enfants répertoriés dans plusieurs clusters en France, les autorités sanitaires n’ont abouti à rien. Des parents d’enfants malades se mobilisent.

En France, trois clusters de cancers d’enfants, et bientôt un quatrième, ont été répertoriés. L’un se trouve vers le secteur de Sainte-Pazanne, au sud de Nantes, un autre est situé dans le Jura et le troisième dans l’Eure. Un autre aurait aussi été détecté à Lyon, rapporte Enquêtes d’actu.

Des connaissances scientifiques trop limitées, selon la directrice de Santé publique France

Les familles se sont mobilisées afin de trouver les causes de tous ces cancers, qui touchent principalement le sang et le système nerveux central. Malgré leurs enquêtes, les autorités sanitaires n’ont cependant trouvé aucune explication. Pour Laëtitia Huiart, directrice scientifique de Santé publique France, la raison en est que les connaissances scientifiques actuelles sont trop limitées, ainsi qu’elle l’a expliqué à Enquêtes d’actu.

Mais mettre fin aux investigations, faute de résultats est inadmissible pour la députée Modem de Loire-Atlantique, Sandrine Josso, rapporteuse de la commission d’enquête sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale. « Santé publique France a fait mine d’investiguer sans s’en donner réellement les moyens », a-t-elle dénoncé, ajoutant : « Santé publique France a démissionné. Cette démission doit nous interroger. On ne peut pas constater sans en chercher sérieusement la cause. »

« Il faut exiger une obligation de résultats et a minima de moyens »

« On ne peut pas imaginer que par confort ou peur de la vérité, l’État détourne le regard et laisse mourir ces enfants. Il faut exiger une obligation de résultats et a minima de moyens », a martelé la députée de Loire-Atlantique.

Deux chercheuses en santé publique, Annie Thébaud-Mony et Laurence Huc, ainsi que Patrick Dubreuil, un médecin généraliste de Nantes, ont décidé d’aider les familles de Sainte-Pazanne. Ils ont écrit une tribune publiée en juin 2021 dans la revue de médecine Pratiques : « Les cancers d’enfants ne relèvent pas du hasard, mais d’un processus de mise en danger. » Tous trois déclarent qu’il faut regarder « l’effet cocktail », c’est-à-dire l’interaction de facteurs individuels et/ou environnementaux.

Les recherches qu’ils ont menées à Sainte-Pazanne ont conduit à la découverte d’une combinaison de plusieurs facteurs cancérigènes, qui ne peuvent « en aucun cas être considérés comme induisant des ‘risques négligeables’ », ont-ils mentionné. Ils ont en effet trouvé la présence de pesticides liés à la pollution d’un site industriel jouxtant l’école. De plus, dans le village, les radons et les ondes électromagnétiques avec les lignes à haute et basse tension sont certainement aussi en cause.

Un rapport de Santé publique France « bâclé »

Quant au rapport publié par Santé publique France, il est « bâclé », selon Fabienne Pierre, la représentante de l’association de parents Avenir santé environnement. La découverte, en janvier 2021, d’un herbicide cancérogène dans une eau de captage alimentant la population en eau potable avait inquiété la population. « Sa présence était 130 fois supérieure à la normale. On a alerté l’ARS, les maires des communes concernées quant aux risques. On a eu très peu de retours », souligne encore Fabienne Pierre à Enquêtes d’actu.

Plusieurs collectifs ont donc vu le jour, afin « d’avoir de l’aide et des financements pour trouver les causes », indique l’une de ses membres. Le collectif du pays de Retz, qui revendique « le droit de savoir », a déjà analysé les cheveux de nombreux enfants et les résultats sont stupéfiants. Certains échantillons contenaient jusqu’à 37 métaux, notamment utilisés dans les composants électroniques ou l’informatique, mais aussi du mercure, du plomb ou du cadmium, précise Enquêtes d’actu.

Fabienne Pierre estime que c’est « quand même incroyable » que ce soit aux citoyens eux-mêmes de devoir mener l’enquête, alors que c’est le rôle des autorités.

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