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Comment la Chine soumet l’ONU à sa volonté

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Siège des Nations Unies à New York, le 22 septembre 2025.

Photo: Ludovic Marin/AFP/Getty Images

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Durée de lecture: 13 Min.

Lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies s’est réunie à New York le 22 septembre, deux groupes de journalistes étaient remarquablement absents.
Une journaliste chevronnée couvrant les affaires politiques américaines pour Epoch Times avait voyagé pour couvrir les réunions. Pourtant, l’ONU lui a refusé une accréditation de presse, affirmant que ce journal n’était pas un média, mais une organisation non gouvernementale (ONG).
Deux membres du personnel de NTD, la chaîne partenaire d’Epoch Times, ont soumis leurs demandes d’accréditation, mais n’ont jamais reçu de confirmation. Un représentant de l’ONU a simplement informé la journaliste de NTD qu’elle ne remplissait pas les critères requis, sans fournir d’explication supplémentaire.
Les justifications de l’ONU ne tiennent pas la route. Epoch Times est aujourd’hui l’un des plus grands journaux, publié en 22 langues dans 33 pays.
Et pourtant, bien qu’il s’agisse de médias reconnus, les Nations Unies leur ont interdit l’accès à leur plus grand rassemblement annuel.
Ce n’est pas un cas isolé. Depuis plus de vingt ans, les Nations Unies excluent discrètement Epoch Times et NTD.
La main de Pékin dans les coulisses
Le Parti communiste chinois (PCC) considère depuis longtemps ces médias comme des adversaires. Tous deux ont été fondés à New York — Epoch Times en 2000 et NTD en 2001 — avec pour objectif d’offrir aux lecteurs chinois des informations non censurées, de défendre la liberté de la presse et de donner une voix à ceux qui sont réduits au silence en Chine.
Le PCC redoute et réprime quiconque ose dire la vérité. En Chine, le premier groupe de journalistes d’Epoch Times a été arrêté, torturé, et plusieurs ont écopé de longues peines de prison. À l’étranger, le harcèlement se poursuit — agressions physiques, cyberattaques, voire des opérations d’usurpation d’identité qui visent à discréditer le journal en envoyant de fausses menaces à des agences gouvernementales.
NTD, l’une des seules chaînes de télévision indépendantes en langue chinoise diffusées par satellite en Chine, a été à plusieurs reprises contrainte d’interrompre ses émissions sous la pression exercée par Pékin sur les sociétés de transmission par satellite.
Compte tenu de cette politique, il est clair que Pékin a utilisé son influence au sein des Nations Unies pour marginaliser ces médias. Les actions menées contre ces journalistes ne relèvent pas simplement d’une censure, mais s’inscrivent dans une stratégie plus vaste que l’État-parti chinois déploie au sein des institutions internationales.
Jusqu’où va l’influence du régime chinois à l’ONU ?
Le dernier incident n’est que la partie émergée de l’iceberg.

L’Assemblée générale des Nations Unies tenue au siège de l’ONU à New York, le 23 septembre 2025. (Timothy A. Clary/AFP via Getty Images)

Le rapport « China Targets »
Le Consortium international des journalistes d’investigation a publié en avril un rapport intitulé China Targets (Cibles de la Chine), révélant comment Pékin instrumentalise les Nations Unies et Interpol pour traquer les dissidents à l’étranger.
Les auteurs ont interrogé 105 personnes réparties dans 23 pays, dont des dissidents chinois et hongkongais, ainsi que des Ouïghours et des Tibétains ciblés pour avoir critiqué la politique de Pékin. Ils ont examiné des documents classifiés du régime chinois émis depuis plus de vingt ans, ainsi que des documents confidentiels provenant de l’ONU et d’Interpol.
Selon les conclusions du rapport, la répression exercée par Pékin s’est intensifiée et raffinée, atteignant les institutions internationales telles que l’ONU, que le rapport décrit comme devenue « la base d’opérations de la Chine ».
Depuis 2018, le nombre d’ONG chinoises enregistrées auprès des Nations Unies a doublé – ces 59 ONG ne sont en réalité que des vitrines du PCC, dont les dirigeants et le financement sont directement liés au régime. Parmi elles figurent notamment : China Society for Human Rights Studies (Société chinoise pour les études des droits de l’homme), China Foundation for Human Rights Development (Fondation chinoise pour le développement des droits de l’homme) et China Association for Preservation and Development of Tibetan Culture , (Association chinoise pour la préservation et le développement de la culture tibétaine). Pour les observateurs extérieurs, il est difficile de les distinguer de véritables ONG.
Le rapport a également révélé que Pékin a déjà infiltré Interpol, en utilisant ses « notices rouges » pour lancer des poursuites internationales contre des dissidents. En outre, le régime a  tiré parti de son influence politique et économique pour exercer des pressions sur des gouvernements et forces de l’ordre étrangers afin qu’ils participent à sa répression.
L’enquête confirme que les campagnes mondiales de désinformation de Pékin prennent de l’ampleur. Désormais, elles ne se limitent plus à la propagande officielle : le régime mobilise secrètement des réseaux à l’étranger pour lancer des attaques, ce qui affaiblit la capacité de la communauté internationale à demander des comptes à Pékin.

Témoignages d’experts

De nombreux experts ont attiré l’attention sur l’influence néfaste et disproportionnée du régime chinois à l’ONU. Par exemple, cette influence grandissante a été considérée lors des auditions, tenues en avril 2024, par la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis.

Lors de ces audition Andrew Bremberg, ancien représentant des États-Unis auprès de l’office des Nations unies à Genève, a témoigné qu’à son arrivée en poste en 2019, quatre agences onusiennes étaient déjà dirigées par des ressortissants chinois, et qu’une cinquième était sur le point de l’être. Aucun autre pays, a-t-il souligné, n’occupait de postes de direction dans plus de deux agences à ce moment-là. Il a ajouté que ces fonctions permettaient à Pékin d’influencer les programmes de l’ONU, allant des politiques de développement aux normes technologiques.

L’ambassadeur Andrew Bremberg, président émérite de la Victims of Communism Memorial Foundation, prend la parole lors du China Forum à Washington, le 25 septembre 2024. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Kelley Currie, ancienne représentante américaine auprès du Conseil économique et social des Nations Unies, a alerté sur le fait que des responsables chinois, au sein d’agences telles qu’Interpol ou l’Union internationale des télécommunications, défendaient ouvertement les intérêts de Pékin en violation de leur devoir de neutralité.

Suzanne Nossel, alors directrice générale du PEN American Center, a noté que Pékin avait effectué des dons à certaines initiatives onusiennes dans le but d’influencer leurs projets — notamment une contribution de 200 millions de dollars au Fonds pour la paix et le développement des Nations Unies. Elle a précisé que le comité directeur du Fonds était majoritairement composé de responsables chinois, lesquels l’avaient utilisé pour promouvoir les projets du titanesque programme chinois « Initiative Ceinture et Route » qui vise à renforcer l’influence géopolitique de la Chine dans le monde entier par le biais d’investissements dans divers projet d’infrastructure.  

Une lanceuse d’alerte à l’ONU

Également en avril 2024, la Commission des affaires étrangères du Parlement britannique a publié un témoignage écrit de la lanceuse d’alerte Emma Reilly, accusant le PCC d’avoir infiltré les Nations Unies.

Mme Reilly- ressortissante irlandaise qui travaillait au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève – a affirmé dans sa déclaration que les méthodes de Pékin comprenaient des interférences dans les procédures de vote de l’ONU, la suppression de critiques visant la Chine dans les rapports de l’ONU, la corruption de fonctionnaires onusiens, ainsi que l’intimidation des familles de militants — y compris des enlèvements — pour réduire au silence toute dissidence.

Elle a témoigné que les rapports de l’Organisation mondiale de la santé et du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur l’origine du Covid-19 avaient été modifiés sous la pression de la Chine, afin de minimiser la possibilité d’une fuite en laboratoire.

Emma Reilly a souligné qu’un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur les Ouïghours avait subi d’importantes modifications apportées par le régime chinois. Elle a également révélé que des membres du personnel de l’ONU avaient transmis secrètement aux autorités chinoises les noms de militants prévoyant d’assister aux sessions du Conseil des droits de l’homme, ce qui a conduit à des cas de harcèlement, de détention arbitraire, d’assignation à résidence, de torture, de disparition ou d’emprisonnement dans des camps en Chine des membres des familles des militants.

Au cours des deux années de négociation sur les Objectifs de développement durable (2013–2015), elle a-t-elle indiqué, le régime chinois avait soudoyé deux présidents successifs de l’Assemblée générale des Nations Unies afin d’orienter les documents en faveur du modèle chinois — un modèle dépourvu de démocratie et de liberté.

Ces dernières années, l’État-parti chinois est parvenu à placer de nombreux responsables aux postes de direction et de haute gestion dans les différents départements et agences de l’ONU. Selon Mme Reilly, aucun autre État membre n’a jamais exercé une influence aussi étendue au sommet de presque tous les organes onusiens. La Chine, a-t-elle averti, œuvre à construire un ordre international conforme aux intérêts des régimes autoritaires et, lorsqu’elle est critiqué, elle utilise cette situation pour se protéger.

Un centre de détention dans la région du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, le 19 juillet 2023. (Pedro Pardo/AFP via Getty Images)

Un signal d’alarme

Le PCC utilise de manière agressive son influence au sein des Nations Unies. Le refus d’accréditation de presse à Epoch Times et à NTD n’est pas simplement une erreur administrative : il s’agit du résultat d’une campagne prolongée menée par Pékin pour manipuler l’ONU afin qu’elle serve ses objectifs.

Cela devrait constituer pour nous un signal d’alarme. Si des journalistes indépendants peuvent être exclus des Nations Unies à la demande du régime chinois, que cela révèle-t-il de l’intégrité de cette institution ? Si des intérêts autoritaires peuvent orienter les agences internationales, combien de temps l’ONU pourra-t-elle encore prétendre être un forum neutre au service de toutes les nations ?

Les pays occidentaux ne peuvent pas ignorer cette situation. Ils doivent s’attaquer à la manipulation exercée par Pékin sur les Nations Unies et plaider en faveur de réformes visant à restaurer l’indépendance de cette institution. Faute de quoi, l’ONU risque de cesser d’être le garant des normes internationales pour devenir un simple outil de plus dans l’arsenal de contrôle de l’État-parti chinois.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Wang He est titulaire de maîtrises en droit et en histoire, et a étudié le mouvement communiste international. Il a été professeur d'université et cadre d'une grande entreprise privée en Chine. Wang vit désormais en Amérique du Nord et publie des commentaires sur l'actualité et la politique de la Chine depuis 2017.

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