Comment l’ère de l’impérialisme européen a commencé à la fin des années 1400

Par Gerry Bowler
6 mai 2025 04:13 Mis à jour: 6 mai 2025 04:13

À la fin du XVe siècle, la technologie maritime européenne avait progressé au point que de longs voyages océaniques étaient possibles. Des navires suffisamment robustes pour résister aux périls de l’Atlantique avaient été conçus, de nouveaux arrangements de voiles latines et carrées permettaient d’exploiter le vent plus efficacement, et les compétences et les instruments de navigation tels que la boussole et l’astrolabe avaient permis de naviguer dans des eaux éloignées des côtes familières.

Cela a permis aux États-nations de la côte atlantique d’investir dans l’exploration dont le but était de trouver une route maritime vers l’Asie et ses richesses commerciales. Le pays qui y parviendrait pourrait ainsi se passer des intermédiaires méditerranéens comme Venise et Gênes et éviter de traiter avec les puissances islamiques hostiles. Le Portugal fut le premier à relever ce défi et entreprit une série d’expéditions le long de la côte dangereuse et inexplorée de l’Afrique, compilant des cartes, des relevés des vents et établissant des bases. En 1488, des navires menés par Bartolomeu Diaz franchissent finalement le cap de Bonne-Espérance, atteignant la pointe sud du continent. En une décennie, Vasco de Gama ira plus loin, naviguant vers le nord pour atteindre l’Inde, bouleversant ainsi des schémas commerciaux vieux de plusieurs siècles.

Le navigateur génois, Christophe Colomb, avait tenté d’intéresser les Portugais à un projet visant à atteindre les Indes, non pas par l’Afrique, mais par une route occidentale. Cependant, les conseillers scientifiques de Lisbonne se rendirent compte que Colomb s’était gravement trompé dans son estimation de la longueur d’un tel voyage et le renvoyèrent. Il trouva une oreille plus attentive auprès d’Isabelle, la reine de Castille, la principale puissance espagnole. Ensemble, Isabelle et Colomb négocièrent un accord qui lui fournirait une petite flotte, une part des bénéfices de son voyage et le grand titre d’amiral de la mer Océane.

En août 1492, Colomb mit les voiles vers l’ouest et tomba par hasard sur des îles jusqu’alors inconnues, convaincu d’avoir atteint les abords du Japon. Cette erreur fortuite s’avéra être la découverte des Amériques, dont les Espagnols récolteraient de précieux bénéfices.

Afin d’éviter que les prétentions rivales à de nouveaux territoires ne troublent la paix des nations, le pape Alexandre VI, un Espagnol du clan Borgia, publia en 1493 la bulle pontificale « Inter caetera » qui faisait l’éloge des exploits de Christophe Colomb et renforçait les prétentions espagnoles.

Portrait du pape Alexandre VI. (Domaine public)

« Parmi les autres œuvres qui plaisent grandement à la Divine Majesté et qui nous tiennent à cœur, celle-ci occupe assurément le premier rang, à savoir qu’à notre époque surtout, la foi catholique et la religion chrétienne soient exaltées, accrues et répandues partout, que le salut des âmes soit assuré et que les nations barbares soient renversées et amenées à la foi elle-même », affirmait la bulle pontificale.

« Nous […] vous assignons, à vous et à vos héritiers et successeurs, rois de Castille et de León, […] toutes les îles et terres fermes trouvées et à trouver, découvertes et à découvrir vers l’ouest et le sud, en traçant et en établissant une ligne du pôle Arctique, à savoir le nord, au pôle Antarctique, à savoir le sud, […] ladite ligne devant être distante de cent lieues vers l’ouest et le sud de l’une quelconque des îles communément appelées les Açores et le Cap-Vert. »

Les Portugais furent mécontents de cette division plutôt vague du globe et comprirent que, non seulement, elle excluait leurs espoirs de revendiquer un jour des droits en Inde, mais violait également des traités antérieurs qui leur avaient donné toutes les terres au sud des îles Canaries. Le roi Jean II avertit les Espagnols qu’il était prêt à faire la guerre à ce sujet et qu’il se préparait à envoyer une armada pour s’emparer de toutes les terres que Colomb avait trouvées.

Les Espagnols furent disposés à négocier et à ignorer – ou du moins à modifier – la bulle pontificale d’Alexandre VI ; il en résulta le traité de Tordesillas de 1494. Cet accord suivait la notion d’une ligne nord-sud traversant l’océan Atlantique, mais déplaçait la démarcation vers l’ouest, donnant au Portugal le territoire à l’est et à l’Espagne les terres à l’ouest (et, incidemment, rognant le renflement de la côte est de l’Amérique du Sud que les Portugais coloniseraient sous le nom de Brésil). D’autres décrets et traités papaux seraient nécessaires avant qu’un accord en 1529 ne résolve la plupart des querelles hispano-portugaises.

Avec ces accords, l’ère de la mondialisation et de l’impérialisme européen avait commencé. D’autres nations européennes tendirent à ignorer complètement ces décisions – l’Angleterre, la France et les Pays-Bas réussirent à s’immiscer dans les territoires attribués à l’Espagne et au Portugal – et, bien sûr, les États indigènes des Amériques, d’Afrique et d’Asie n’eurent pas leur mot à dire en la matière.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Epoch Times.

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