Comment vivre ensemble au temps de la barbarie

19 octobre 2020 16:17 Mis à jour: 19 octobre 2020 16:34

Un pays ne peut pas demeurer longtemps pacifique quand l’insécurité règne, quand sa police subit des attaques incessantes et meurtrières, quand des réseaux religieux sont capables de mettre en marche le processus qui conduit à l’effroyable assassinat d’un enseignant.

N’avons-nous pas été trop tolérants avec des comportements et des croyances qui vont non seulement contre des valeurs dites de la République, mais surtout et plus encore contre celles de la morale commune qui a construit notre civilisation sur le respect de la dignité, de l’intégrité et de la liberté de chaque être humain ? N’avons-nous pas été trop conciliants avec ceux qui sont venus nous demander de les aider, de leur offrir des soins, une éducation, et une sécurité qu’ils piétinent sans vergogne ? Comment admettre que la laïcité, fondée d’ailleurs sur le socle du christianisme, soit si ouvertement combattue ?

Nous pouvons accueillir ceux qui respectent notre droit, nos mœurs et nos conceptions de la vie au moins autant que nous respectons les leurs. Nous pouvons les assister quand ils en ont besoin, nous devons le faire dans la limite de nos capacités d’accueil et d’intégration. Mais nous ne pouvons pas tolérer, entretenir, voire favoriser des idéologies et/ou des individus qui n’ont pour objectif que de détruire par tous les moyens, y compris les plus belliqueux, les bases de notre société.

Ne sommes-nous pas coupables de cet état de fait ? Au fil des ans, nos dépenses sociales ont dépassé toutes les bornes raisonnables. La France y consacre le tiers de sa richesse annuelle, 50% de plus que la moyenne des pays de l’OCDE. Et elle n’a plus les moyens de disposer d’une police, d’une armée, d’une justice bien formées, bien outillées, adaptées aux exigences de la situation. Le budget de l’ensemble de ces dépenses régaliennes est dix fois inférieur à nos dépenses sociales.

N’avons-nous pas été naïfs ? Aux parents qui se plaignaient de l’attitude du professeur d’histoire, le Rectorat ne prévoyait pas de leur demander de respecter la liberté de l’enseignement, mais de sanctionner l’enseignant. Faut-il encore s’excuser auprès de ceux qui veulent nous couper la tête ?

Ne sommes-nous pas coupables aussi d’avoir admis que tout est possible, que tout se vaut mais que la religion ne vaut pas grand-chose. Une société ne peut pas garder durablement sa cohésion si ses membres ne partagent quelques grands principes. « Il n’y a que le patriotisme ou la religion, écrivait Tocqueville, qui puisse faire marcher pendant longtemps vers un même but l’universalité des citoyens » (De la démocratie en Amérique, I, 5). Et il se disait « porté à penser que, s’il n’y pas de foi, il faut qu’il [ le citoyen] serve, et s’il est libre, il faut qu’il croie » (De la démocratie en Amérique, II, 5). Il n’avait pas tort sauf qu’il pensait aux cultes chrétiens susceptibles de se développer « en respectant tous les instincts démocratiques qui ne lui sont pas contraires et en s’aidant de plusieurs d’entre eux. »

Notre faiblesse est sans doute aujourd’hui que nous ne croyons plus à rien quand d’autres croient que notre conception de la liberté et plus généralement de l’homme est diabolique. Notre tolérance, devenue abandon et faiblesse, permet désormais l’intolérable.

A nous de retrouver une force de convictions communes pour éviter de tomber en servitude et pour pouvoir accueillir l’autre sans crainte. Commençons peut-être aujourd’hui par demander à chaque Imam, chaque prêcheur de condamner sans réserve le crime de décapitation commis et plus généralement toute violence physique exercée pour désaccord avec la foi de quiconque. Ce sera un premier moyen d’asseoir une vision commune a minima dans l’ordre de nos relations humaines. En même temps, réduisons nos dépenses sociales et que l’Etat exerce pleinement ses missions régaliennes qui sont d’assurer à tous la paix et la tranquillité pour le meilleur exercice de nos libertés. Ce sera le meilleur moyen d’honorer les victimes des extrémismes et de la vacuité de l’Etat.

Article de Jean-Philippe Delsol avec l’aimable autorisation de l’IREF

Docteur en droit et licencié ès lettres, Jean-Philippe Delsol est avocat au Barreau de Lyon spécialisé en droit des sociétés et fiscalité internationale. Fondateur du cabinet Delsol Avocats, il est Président de l’IREF.

Auteur de plusieurs livres, dont « A quoi servent les riches », il est un interlocuteur privilégié des médias sur les sujets touchant à la fiscalité, au patrimoine et à l’entreprise. Autres ouvrages publiés : Au risque de la Liberté (FX de Guibert, 2007), Pourquoi je vais quitter la France (Tatamis, 2013), Anti-Piketty (libréchange, 2015), L’Injustice fiscale (Desclée de Brouwer, 2016).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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