Condamné pour « subversion », l’avocat des droits de l’homme Wang Quanzhang a été parmi les premiers à défendre le Falun Gong

Un éminent avocat des droits de l'homme s'est rendu jusqu'aux confins de la Chine, représentant ceux dont la foi est interdite par le Parti communiste.

1 février 2019 06:06 Mis à jour: 5 février 2019 08:53

Cette année, le 28 janvier 2019, Wang Quanzhang, défenseur des droits de l’homme, a été condamné à plus de 4 ans de prison à l’issue d’un procès secret tenu dans la ville de Tianjin.

Un jour de décembre 2014, la police de la communauté chinoise du nord-est du Jiansanjiang était en état d’alerte. Des postes de contrôle tenus par des agents armés de mitraillettes bloquaient les routes enneigées. Se tenant debout à des températures inférieures à zéro, ils arrêtaient les véhicules pour les examiner, eux et leurs passagers.

Le 17 décembre, à Jiansanjiang, où un homme et trois femmes étaient jugés, Wang Quanzhang était parmi les huit avocats qui ont bravé les rigueurs de l’hiver et les barricades de la police du nord-est de la Chine pour les représenter.

Les quatre accusés étaient accusés pour leur foi dans le Falun Gong, une pratique spirituelle chinoise interdite par les autorités communistes, et l’un des cas les plus longs et les plus brutaux de persécution religieuse en Chine.

Les avocats ont vu leur mini-fourgonnette saisie à un point de contrôle et se sont vu refuser le service par un chauffeur d’autobus qui suivait les instructions de la police. Me Wang et ses collègues ont pris des taxis et se sont dirigés vers la cour ; malgré une arrivée tardive, ils ont été en mesure d’offrir à leurs clients une formidable défense.

Wang Quanzhang, 42 ans, est originaire de la province du Shandong, dans le nord de la Chine, et est célèbre pour sa défense indéfectible et non discriminatoire des groupes les plus brimés dans leurs droits.

Cette année, le 28 janvier, il a été condamné à plus de quatre ans de prison à l’issue d’un procès secret tenu dans la ville de Tianjin, aux protestations de la communauté chinoise des droits de l’homme et de son épouse Li Wenzu. Trois ans plus tôt, Me Wang avait été appréhendé lors des arrestations massives d’avocats chinois de défense des droits de l’homme en juillet 2015, un incident souvent appelé 709.

Wang Quanzhang a été arrêté en 2015 et condamné le 28 janvier 2019. (photo de la famille de Wang)

Défendre le Falun Gong

Les efforts élaborés de la police du Jiansanjiang pour empêcher Wang Quanzhang et les autres avocats de défendre leurs quatre clients du Falun Gong en décembre dernier faisaient partie d’un épisode d’une campagne beaucoup plus vaste du Parti communiste chinois qui a débuté en 1999.

Le Falun Gong est une discipline spirituelle chinoise pratiquée par des dizaines de millions de personnes qui pratiquent la méditation et suivent les enseignements moraux traditionnels basés sur les valeurs universelles d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance. En juin 1999, Jiang Zemin, alors chef du Parti communiste, a ordonné l’interdiction du Falun Gong ; des arrestations massives ont suivi le mois suivant.

Selon le China Human Rights Lawyers Concern Group (CHRLCG), Me Wang s’intéressait à ce qui arrivait au Falun Gong depuis le début de la persécution, alors qu’il était encore étudiant en droit. Dans les années 2000, avec des avocats tels que le célèbre Gao Zhisheng, Quanzhang Wang a été l’un des premiers à représenter les pratiquants du Falun Gong au tribunal.

La police arrête un manifestant du Falun Gong sur la place Tiananmen le 1er octobre 2000. (AP Photo/Chien-min Chung)

Wang Quanzhang a offert une aide juridique aux pratiquants du Falun Gong et à d’autres victimes de la répression du régime chinois, incluant les pétitionnaires dont les terres avaient été saisies par des promoteurs, les prisonniers maltraités dans les camps de travail et ceux maltraités par la police.

La campagne anti-Falun Gong étant dirigée par les organes exécutifs du PCC, les pratiquants de Falun Gong ont été non seulement maltraités physiquement et assassinés pour leur croyance, mais aussi diabolisés comme de dangereux sectaires dans la propagande d’État. Une imposture d’auto-immolations mise en scène sur la place Tiananmen en janvier 2001 – au cours de laquelle plusieurs prétendus pratiquants du Falun Gong se seraient auto-immolés – a favorisé une atmosphère sociale de haine et de dérision contre la pratique et ses partisans.

En raison de la nature hautement politique de la persécution, la défense du Falun Gong comportait des risques intrinsèquement plus importants que ceux associés aux cas de droits ordinaires. Wang Quanzhang, Gao Zhisheng et d’autres avocats des droits de l’homme qui représentaient les pratiquants de Falun Gong ont eux-mêmes été harcelés, emprisonnés et torturés.

Grace Geng, la fille de Gao Zhisheng, l’un des plus éminents avocats chinois spécialisés dans les droits de l’homme, présente un livre écrit par son père lors d’une conférence de presse à Hong Kong, le mardi 14 juin 2016. (AP Photo/Kin Cheung)

Droit contre le régime

Avant sa détention, Me Wang a pris en charge des cas de Falun Gong dans tout le pays, du Heilongjiang, à la frontière sino-russe dans le nord-est, au Xinjiang, la région autonome musulmane qui comprend une grande partie du nord-ouest de la Chine.

Ses activités ont fait de lui une cible des autorités du Parti. En 2008, Me Wang s’est fait saccager son domicile et ses biens ont été saisis par des agents du ministère de la Sécurité d’État. En 2013, il a été placé en détention pendant 10 jours dans la province du Jiangsu, dans l’est de la Chine, pour avoir supposément « gravement perturbé l’ordre judiciaire » alors qu’il représentait une affaire de Falun Gong. Selon le CHRLCG, une protestation conjointe de 100 confrères avocats a abouti à sa libération après 3 jours de détention.

En mars 2014, alors qu’il travaillait pour soutenir d’autres avocats dans l’affaire de Jiansanjiang du Heilongjiang, Me Wang a été battu par la police et forcé de signer des documents de garantie. En juin 2015, Me Wang est entré au tribunal de Liaocheng, dans la province du Shandong, pour y défendre un groupe de pratiquants de Falun Gong, mais il a été battu et blessé par 7 huissiers, qui ont également déchiré ses vêtements. À plusieurs reprises, ses défenses ont été interrompues par l’accusation et le juge d’instance qui l’a ensuite expulsé de la salle d’audience, tel que rapporté par Minghui.org, un site Web qui documente la répression du Falun Gong.

Le mois suivant, Wang Quanzhang a été arrêté lors de la rafle de 709 avocats chinois spécialisés dans les droits de l’homme. Il a été accusé de « subversion du pouvoir d’État » en 2017.

Li Wenzu, épouse de l’avocat chinois Wang Quanzhang, est suivie par des journalistes et des amis alors qu’elle quitte le bureau des plaintes de la Cour populaire suprême à Pékin, en Chine, le 4 avril 2018. (Reuters/Damir Sagolj)

Les persécutions dont Wang Quanzhang et d’autres avocats ont été victimes, sans parler de leurs clients, mettent en évidence les conflits structurels entre l’État de droit en Chine et la suprématie politique du Parti communiste.

Malgré l’insistance répétée des dirigeants chinois que le pays doit être géré conformément à la loi, la gravité des violations des droits de l’homme et des persécutions religieuses n’a fait qu’augmenter au cours des deux dernières décennies. Le durcissement des restrictions intervient alors que le Parti tente de consolider son pouvoir politique et son idéologie socialiste dans un contexte de ralentissement économique, de troubles sociaux et de lutte intense en coulisses entre les factions au sein du régime lui-même.

Li Wenzu, l’épouse de Wang Quanzhang, s’est exprimée à plusieurs reprises pour protester contre le traitement réservé par les autorités envers son mari. En avril dernier, elle a tenté de quitter son domicile à Pékin pour rejoindre d’autres dissidents dans une marche sur Tianjin, où son époux Wang est incarcéré, mais la police en civil l’a arrêtée, comme elle l’a rapporté dans des commentaires traduits par le site Internet des droits humains China Change.

Un policier a menacé Li Wenzu et son fils disant : « Si tu oses sortir, on va te tuer, tu ne le crois pas ? »

« Je le crois, je le crois vraiment, car vous êtes tous des voyous et des canailles, je sais que vous êtes capables de tout », répondit Li Wenzu, l’épouse de Wang Quanzhang.

Sur cette photo, un groupe d’avocats chinois ont entamé une grève de la faim devant le centre de détention de Jiansanjiang en mars 2014, appelant les autorités à libérer quatre avocats des droits illégalement détenus pour avoir défendu des pratiquants de Falun Gong. (Capture d’écran / Weibo.com)

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