Corruption : Emmanuel Macron refuse de « donner des leçons » à l’Ukraine et accuse la Russie de « la vraie dictature »
Emmanuel Macron a affirmé lundi refuser de « donner des leçons » à l’Ukraine, secouée par une affaire de corruption qui éclabousse son gouvernement, tout en estimant que « la vraie dictature » se trouvait du côté russe plutôt qu’à Kiev.

Emmanuel Macron, Président de la République française, serre la main de Volodymyr Zelensky, Président de l’Ukraine, avant une rencontre à l’Élysée, le 1er décembre 2025.
Photo: Bastien Ohier / Hans Lucas / AFP via Getty Images
Lors d’une conférence de presse à Paris avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le chef de l’État a défendu la capacité des autorités ukrainiennes à traiter ces dérives, en soulignant la différence avec le système russe.
« Nous sommes très vigilants », a déclaré le président français, aux côtés de Volodymyr Zelensky, reçu à Paris alors que Kiev traverse une séquence politique délicate.
Un scandale de corruption à Kiev
Le chef de l’État ukrainien doit en effet faire face à un important scandale de corruption qui a conduit à la démission du puissant chef de cabinet de la présidence, Andriï Iermak. Emmanuel Macron a rappelé, dans ce contexte, que les pays soutenant militairement et financièrement l’Ukraine étaient en droit d’attendre des garanties sur l’usage des fonds engagés : « Comme on donne de l’argent, comme on soutient un effort de guerre, il est normal qu’on soit exigeant », a-t-il expliqué.
Tout en assumant cette vigilance, le président français a toutefois tenu à souligner les efforts engagés par Kiev : « Je constate qu’en tout cas, la lutte contre la corruption fonctionne puisqu’il y a des décisions qui sont ouvertes et des décisions aussi politiques qui sont prises », a-t-il ajouté, saluant implicitement la mise à l’écart de responsables mis en cause.
« Pas notre rôle de donner des leçons »
Emmanuel Macron a refusé de se poser en donneur de leçons vis-à-vis des autorités ukrainiennes. « Est-ce que notre rôle est de donner des leçons, nous, à l’Ukraine ? Pas vraiment. Il a pu nous arriver d’avoir d’ailleurs des scandales de ce type », a-t-il poursuivi, renvoyant la France à ses propres affaires de corruption passées et réaffirmant une forme d’humilité occidentale face aux exigences adressées à Kiev.
Le locataire de l’Élysée a ainsi cherché à ménager l’équilibre entre l’exigence de transparence, jugée légitime au regard du soutien considérable accordé à l’Ukraine, et la reconnaissance des progrès réalisés par ce pays dans la mise en place de mécanismes de contrôle et de sanctions internes.
Moscou désignée comme « vraie dictature »
La charge la plus frontale du président français a été réservée à la Russie. Emmanuel Macron a lancé : « vous n’avez jamais ce type de décision prise du côté russe, parce que la vraie dictature est là ». Il a insisté sur le fait qu’« vous n’aurez jamais de problèmes de corruption en Russie » au sens où ces affaires ne peuvent y éclore au grand jour, dénonçant l’absence d’entités indépendantes capables de traiter ces sujets à Moscou.
Le chef de l’État a, dans le même temps, réitéré son « soutien » et son « amitié » au président ukrainien, liant étroitement l’appui politique et militaire de la France à l’exigence d’un État de droit renforcé à Kiev, tout en présentant le fonctionnement, même imparfait, des institutions ukrainiennes comme un marqueur de différence avec le système autoritaire russe.

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