Un couple de médecins part dans un autre désert médical et touche 93.000 euros : la maire dénonce un gaspillage de l’argent public

Par Nathalie Dieul
7 avril 2022 02:37 Mis à jour: 7 avril 2022 12:16

La maire d’une commune de 3 000 habitants de la Sarthe est en colère, et pour cause : non seulement sa commune, située dans un territoire qualifié de désert médical, a perdu deux médecins, mais elle a appris que ceux‑ci ne sont pas partis en retraite comme ils l’avaient annoncé. Ils ont installé leur cabinet dans un autre territoire sous‑doté et empoché une aide de 93 750 €.

« Comment l’État peut‑il accepter de verser 100 000 € à des médecins qui ont déserté un territoire sous‑doté pour s’installer deux mois après à une centaine de km ? », s’indigne Fabienne Labrette‑Ménager, maire de Fresnay‑sur‑Sarthe (Sarthe), sur sa page Facebook après avoir appris la nouvelle.

Les médecins généralistes en question sont un couple de sexagénaires qui ont exercé pendant 25 ans dans ce village de 3 000 habitants.

« Ils ont dit à toute leur patientèle qu’ils prenaient leur retraite, là‑dessus pas de problème », reconnaît la maire. « Mais on apprend trois mois plus tard qu’ils se sont en fait installés sur le littoral normand à Saint‑Vaast‑la‑Hougue où ils ont préalablement acheté une résidence secondaire et qu’ils ont touché près de 100 000 € d’aide à l’installation. »

Saint‑Vaast‑la‑Hougue dans la Manche, avec ses 1 700 habitants, est une autre commune située dans un territoire qualifié de désert médical. Pour le maire Gilbert Doucet, l’arrivée de deux médecins était « presque inespérée ». « Quelques mois plus tôt, en août 2021, on risquait de se retrouver sans médecin dans la commune. L’un d’entre eux a pris sa retraite et le second hésitait à le faire. On était au pied du mur », a‑t‑il déclaré à La Presse de la Manche.

En signant cette convention, le couple de médecins s’est engagé à exercer pendant 5 ans sur la commune de Saint‑Vaast‑la‑Hougue.

Manque de critères pour cette aide financière

Le problème n’est pas de savoir laquelle des deux communes a le plus besoin de médecins, mais il pose plutôt la question du gaspillage de l’argent public et du manque de critères pour lesquels cette aide à l’installation est donnée à des médecins qui s’installent dans des territoires sous‑dotés, sans vérification de l’endroit d’où ils viennent.

Pour la maire de la commune sarthoise qui interpelle l’Assemblée nationale et le Sénat, donner une tel montant d’argent à des médecins proches de l’âge de la retraite est un gaspillage de fonds publics, d’autant plus que pour satisfaire une clientèle, ils laissent un grand nombre d’habitants sans professionnels de la santé. « Ce sont quatre médecins qui sont partis en un an », se désole Fabienne Labrette‑Ménager, en entrevue aux Alpes Mancelles.

« Une somme énorme qui ne passe pas »

Cette aide financière de l’Assurance maladie a été mise en place en 2016 avec pour but de lutter contre la désertification médicale, en aidant les médecins « à faire face aux frais d’investissement liés au début de votre activité (locaux, équipements, charges diverses). » 

Toutefois, ces deux généralistes ont déjà tout l’équipement nécessaire à leur activité, et de plus la mairie de leur nouvelle commune leur a trouvé des locaux en ne facturant que les charges, pour un loyer de 3 000 euros par an pour les deux cabinets.

Quant au fait de pallier au manque de clientèle le temps de se faire connaître, le maire de la commune de la Manche reconnaît que les nouveaux médecins ne risquent pas de manquer de travail à Saint‑Vaast‑la‑Hougue : « Cherbourg manque tellement de médecins qu’il y a des Cherbourgeois qui viennent consulter jusqu’ici ».

« Ce n’est pas un coup de pouce à l’installation, c’est plutôt un coup de pouce au départ en retraite », s’indigne Fabienne Labrette‑Ménager. « Ici, les gens touchent des petites retraites et les salaires sont bas. Cent mille euros, c’est une somme énorme qui ne passe pas. C’est de l’argent public, nos impôts. »

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