Covoiturage: des fraudeurs se remplissent les poches avec de l’argent public

Par Fabrice Durtal
27 juin 2023 15:20 Mis à jour: 27 juin 2023 15:20

À Rouen, une application de covoiturage, détournée de son usage initial, permet à des fraudeurs de se remplir les poches avec de l’argent public

Joli lièvre que celui levé par le Journal d’Elbeuf dans son édition du 5 mars dernier. L’hebdomadaire dévoile comment de petits aigrefins dévoient l’utilisation d’une application de covoiturage baptisée Klaxit.

Elle leur permet d’empocher une partie des fonds versés par la Métropole Rouen Normandie. Mais aussi de détourner une partie de l’aide de l’État qui a débloqué 150 millions d’euros pour soutenir l’effort des collectivités en faveur du covoiturage.

Klaxit, société qui vient d’être achetée par Blablacar, a développé un logiciel dont le principe consiste à rétribuer le conducteur qui touche de 1,50 à 4 euros par passager transporté ; et à offrir la course aux passagers qu’il véhicule.

La rémunération du conducteur est assurée par des entreprises privées ou grâce à des accords passés avec des agglomérations intégrant le covoiturage à leurs réseaux de transports publics. C’est notamment le cas dans la Métropole de Rouen.

En pratique, il suffit au conducteur d’activer le mode trajet sur son téléphone portable, puis au passager de confirmer la prise en charge et la dépose dans les zones de départ et d’arrivée prévues lors de la réservation.

Lorsque les conditions sont remplies, les euros tombent sous la forme d’une « compensation ». Elle correspond à la quote-part du passager versée par les collectivités sous contrat, comme une mini-facture de taxi.

Fraude sur Klaxit : des passagers fictifs

L’arnaque au covoiturage dévoilée par le Journal d’Elbeuf consiste à se faire rémunérer pour le transport de passagers fictifs.

Pour le conducteur, il suffit de lancer Klaxit sur un second téléphone, celui qui appartient théoriquement au passager, pour duper le système. Une fois parvenu à destination, le conducteur n’a qu’à valider le trajet pour être crédité de 2 à 4 euros par passagers alors qu’il n’a transporté personne !

Les adeptes de cette anarque aux fonds publics lui ont trouvé un sobriquet : le « covoiturage de boîte à gants ». L’astuce circulant par le bouche-à-oreille, la métropole de Rouen aurait déjà dépensé 4,2 millions d’euros avec Klaxit indique le Journal d’Elbeuf.

Dans le détail, la Métropole normande verse 2 euros par passager pour un trajet de 20 km maximum, 2 euros + 0,10 euro par km et par passager pour un trajet compris entre 20 et 40 km, ou un forfait de 4 euros par passager au-delà de 40 km.

Selon, le journaliste en charge de l’enquête, cette combine permet d’amasser une centaine d’euros (sans compter les bonus alloués par l’application) en un mois, à raison de 2 trajets par jour. Modeste. Mais, si on multiplie le nombre de téléphone dans le véhicule, la rémunération fait boule de neige…

Pire, certains filous se sont contentés de monter dans un bus et d’activer Klaxit, l’application ne faisant apparemment pas la différence entre bus et voiture. La Métropole Rouen Normandie a été contrainte d’interdire d’utiliser Klaxit dans un rayon de 400 mètres autour du métro et des lignes de bus pour faire cesser ce manège !

Dans ces conditions, pas étonnant que la Normandie soit aujourd’hui en 1ère position française du covoiturage après Paris.

La situation dans cette métropole pourrait être l’arbre qui cache la forêt : Klaxit a été adoptée par 40 collectivités territoriales. L’application est utilisée de Montpellier à Paris en passant par Metz ou encore la Touraine.

En 2022, l’application a revendiqué 2,6 millions de trajets domicile-travail. Les derniers chiffres de fréquentation ont été dopés par la hausse du prix des carburants, les grèves et… la prime de 100 euros que le gouvernement verse aux nouveaux conducteurs1 acquis au covoiturage.

Cerise sur le gâteau, en 2023, une autre prime de 100 euros, cumulable avec la première, est versée aux nouveaux inscrits réalisant 3 trajets sur une longue distance.

La prime est versée (en argent ou en bon d’achat) par les plateformes de covoiturage, en deux temps : 25 euros dès le premier trajet, puis 75 euros supplémentaires, si au moins neuf trajets ont été effectués durant les trois mois suivants.

Article original publié sur Contribuables Associés.

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