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Cures thermales

Cures thermales : le gouvernement veut passer le remboursement de 65% à 15%

Le gouvernement a confirmé mercredi sa détermination à opérer une réduction drastique du taux de remboursement des cures thermales, provoquant une onde de choc parmi les acteurs du secteur réunis aux rencontres du thermalisme à La Bourboule.

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Photo: PASCAL PAVANI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Pour ces derniers, il s’agit d’un « coup de massue » et d’« une catastrophe sanitaire et économique » qui menace durablement l’ensemble de la filière.

En cas d’adoption parlementaire, le taux de remboursement passerait de 65% aujourd’hui à seulement 15%, a précisé la ministre déléguée chargée de la Solidarité, Charlotte Parmentier-Lecocq. Cette mesure, assortie de la suppression du remboursement intégral pour les personnes en affection de longue durée (ALD), pourrait représenter une économie de 200 millions d’euros pour les comptes sociaux, selon la ministre venue défendre son projet au Sénat.

Cette décision, jugée « catastrophique pour la santé » et source d’« aberration » par Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh), risque en effet de priver nombre de patients de soins reconnus pour leur efficacité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 470.000 curistes, dont un quart en ALD, ont bénéficié des cures thermales en 2024. Or, si la réforme entrait en vigueur, le reste à charge pour les patients bondirait : sur une dépense moyenne d’environ 680 euros, le remboursement ne couvrirait plus que 130 euros, quand le coût total, incluant hébergement et transport, pourrait atteindre 1800 euros.

Un « coup de massue »

Dès lors, le secteur s’attend à une chute drastique de la fréquentation, avec des pertes estimées entre 3,5 et 3,8 milliards d’euros sur les ressources générées (contre 4,8 milliards actuellement) et une réduction de l’emploi de 25.000 à seulement 5000 équivalents temps plein.

Au-delà des curistes, ce sont les territoires et les communes thermales qui se trouvent également en première ligne. Julien Dubois, maire de Dax (Landes) et porte-parole des élus de 80 communes thermales, s’inquiète de l’impact sur l’aménagement du territoire, l’activité commerciale et le tissu local. Première destination thermale française, la station de Balaruc-les-Bains dans l’Hérault accueille 52.000 curistes par an. Paul-François Houvion, à la tête de cette institution, anticipe déjà une baisse de 50% de la fréquentation, avec 3500 emplois indirects menacés.

Les stations plus modestes craignent tout simplement de ne pas survivre à ce couperet : « C’est le coup de massue et la fermeture pour nous », avertit Benjamin Monssus, directeur de la station familiale de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire).

Le débat scientifique et sociétal relancé

Face à la polémique, les professionnels du secteur thermalisme brandissent les résultats de 22 études publiées ayant démontré les bénéfices des cures. Pourtant, la communauté médicale reste partagée. Pour le professeur André Grimaldi, diabétologue, « les eaux thermales ne font pas de miracles », même s’il reconnaît les bienfaits liés à l’activité physique et aux conseils diététiques associés aux séjours.

Pour Jean-Louis Montastruc, pharmacologue et président du conseil scientifique de l’Association Française de Recherche Thermale (AFRET), l’efficacité des soins thermaux est « irréfutable » sur certaines pathologies : « Il vaut mieux une cure que des anti-inflammatoires non stéroïdiens, qui présentent des risques élevés. » Reste pourtant une interrogation centrale, soulevée par les élus et les soignants : « Que faire de tous ces patients laissés sur le bord de la route ? »