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Cyberharcèlement et algorithmes

Emmanuel Macron veut lancer un débat sur les menaces d’internet et des réseaux

Le chef de l’État veut engager, dès mardi, un vaste débat sur les effets d’Internet et des plateformes numériques dans la mise en péril de la démocratie et du débat public en France.

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Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

L’ initiative est lancée depuis l’Élysée, alors que le pays se prépare aux prochaines échéances électorales.

« On assiste à une montée en puissance des réseaux sociaux où l’émotion négative est plus virale que l’émotion elle-même, qui est déjà plus virale que l’argument », observe un conseiller présidentiel. « Au fond, on risque d’assister à une disparition de l’espace public, de l’agora, avec un grand risque pour nos modèles démocratique et républicain », ajoute-t-il.

Une douzaine d’experts autour du président

Dans cette optique, Emmanuel Macron présidera mardi matin une réunion intitulée « La démocratie à l’épreuve des réseaux et des algorithmes », réunissant à l’Élysée une douzaine d’acteurs issus du monde académique, médical et économique. Objectif : « créer les conditions d’un débat éclairé et apaisé », selon sa présidence, en s’appuyant sur une consultation d’environ deux cents experts.

Autour du chef de l’État figureront notamment Gérald Bronner, professeur à La Sorbonne et président de la commission éponyme sur les perturbations de la vie démocratique à l’ère numérique, et Hugo Micheron, spécialiste des ingérences islamistes sur les réseaux. Participeront également la pédiatre Sylvie Dieu-Osika, membre fondatrice du Collectif Surexposition Écrans, le neuroscientifique Grégoire Borst, professeur de neurosciences cognitives de l’éducation, ainsi que l’historien David Colon, spécialiste de la propagande et de la manipulation de masse.

Dans l’après-midi, Emmanuel Macron présidera un Conseil présidentiel pour la science consacré à la santé mentale des jeunes, avant un dîner de travail avec plusieurs patrons du secteur technologique mondial autour de la régulation des réseaux sociaux, de l’intelligence artificielle et de leurs effets sur la vitalité du débat démocratique.

Au Forum de la Paix, un plaidoyer contre la désinformation

Le chef de l’État prendra ensuite la parole, mercredi, au Forum de la Paix à Paris, pour évoquer les menaces que représentent la désinformation et les ingérences étrangères. Il y dialoguera notamment avec la présidente moldave Maia Sandu, le président ghanéen John Dramani Mahama et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Cette séquence intervient sur fond d’une actualité judiciaire sensible : huit hommes et deux femmes comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement à l’encontre de Brigitte Macron. L’épouse du président est la cible d’une rumeur largement amplifiée par des réseaux complotistes, prétendant qu’elle serait une femme transgenre.

Une ambition européenne pour un âge numérique minimal

L’Élysée souligne qu’Emmanuel Macron agit « en plein dans son rôle de garant des institutions » et entend maintenir son influence sur les grands chantiers de société, malgré un contexte politique intérieur tendu depuis la dissolution manquée de 2024. Le président suit avec attention la préparation des municipales de 2026 et de la présidentielle 2027, échéances pour lesquelles « beaucoup de risques peuvent peser », estime son entourage, en référence aux récentes opérations d’ingérence soupçonnées en Roumanie ou en Moldavie.

Le chef de l’État plaide pour une réponse internationale coordonnée face aux manipulations numériques : désinformation, bots et algorithmes capables de distordre les débats dans un anonymat presque total. Il souhaite aussi bâtir une « coalition » de pays européens pour fixer à 15 ans l’âge minimal d’accès aux réseaux sociaux, seuil déjà en vigueur en France. La Grèce, l’Espagne, Chypre, la Slovénie et le Danemark ont déjà rejoint cette initiative.

« Il est possible d’obliger les plateformes à vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Nous avançons sur les solutions techniques pour le faire, et nous allons essayer de faire converger tout le monde », déclarait Emmanuel Macron à Bruxelles à l’issue du dernier Conseil européen.