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Dans le nord suédois, des soldats s’entraînent au combat arctique

mai 19, 2021 6:50, Last Updated: mai 19, 2021 6:50
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Dans une forêt tapissée de neige tout au nord de la Suède, des centaines de soldats en tenue de camouflage blanc creusent des abris, patrouillent à ski et dressent des embuscades pour tester leurs aptitudes au combat dans l’environnement impitoyable de l’Arctique.

Savoir se battre dans le Grand Nord est devenu une capacité recherchée tant en Suède qu’ailleurs à mesure que les tensions montent dans une région abritant des ressources naturelles que le retrait de la banquise rend plus accessibles.

L’exercice annuel « Winter Sun », qui se tient à 80 kilomètres sous le cercle polaire met aux prises 900 soldats avec chars et canons. Souvent, Français, Britanniques et Américains viennent aussi s’y faire la main.

-Un véhicule blindé militaire suédois traverse la neige lors des exercices annuels du soleil d’hiver dans les forêts au nord de Boden le 19 mars 2021. Photo de Jonathan NACKSTRAND/AFP via Getty Images.

Le mercure tombe à -30°C

Sous ces latitudes où il arrive que le mercure tombe à -30°C, des détails comme changer régulièrement de chaussettes peuvent faire la différence entre la vie et la mort.

« La moindre erreur peut être fatale », explique le lieutenant-colonel Fredrik Andersson, observant sous sa casquette de camouflage ses troupes creuser dans le sol glacé, près de la petite ville de Boden.

Ces abris de fortune serviront à se protéger de l’« ennemi » et du froid.

« Tout prend plus de temps en hiver », renchérit Oscar Sandström, un sous-officier de 25 ans. Au loin, des coups de feu crépitent.

Les soldats appartiennent à un bataillon de Rangers spécialistes du combat par grand froid, rompus aux missions de reconnaissance et aux embuscades derrière les lignes ennemies, à ski ou en motoneige.

Le sous-lieutenant Oscar Sandstrom, membre des bataillons de Rangers suédois, sort d’une tente camouflée dans une forêt au nord de Boden dans le nord de la Suède le 19 mars 2021. Photo de Jonathan NACKSTRAND/AFP via Getty Images.

Dans leurs épaisses bottes d’hiver, des appelés mettent la dernière main aux abris dans lesquels ils disparaissent après avoir dissimulé leurs traces avec une pelle.

Davantage d’unités de ce type vont voir le jour dans le cadre d’une remilitarisation plus globale du nord du pays. La Suède a annoncé fin 2020 une augmentation de 40% de son budget de la Défense sur cinq ans.

Un contingent sur l’île de Gotland dans la Baltique

La Suède a restauré la conscription en 2017 après des années de réaffirmation de la puissance militaire russe: annexion de la Crimée, violations de l’espace aérien suédois…

Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, le royaume nordique a aussi redéployé un contingent sur l’île de Gotland dans la Baltique.

« Il y a un changement de la situation sécuritaire » en Europe, dit à l’AFP le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist, évoquant « l’agression russe en Géorgie en 2008, l’annexion de la Crimée en 2014 et le conflit en cours en Ukraine ».

-Un soldat de l’un des bataillons de Rangers suédois revient d’une patrouille de ski dans une forêt au nord de la ville de Boden, le 19 mars 2021. Photo de Jonathan NACKSTRAND/AFP via Getty Images.

Un nombre croissant de pays veulent étendre leur influence dans le Grand Nord, observe-t-il.

Réunion du Conseil de l’Arctique « Ressources naturelles accessibles »

Les huit pays riverains de l’Arctique, dont les Etats-Unis et la Russie, se retrouvent mercredi à Reykjavik pour la réunion du Conseil de l’Arctique, centré sur la coopération.

« On voit que le changement climatique rend davantage de ressources naturelles accessibles dans cette zone et cela incite différentes puissances à accroître leur influence », ajoute-t-il.

Dans l’Arctique, la Suède, qui n’est pas membre de l’Otan, s’entraîne aussi, sur terre et dans les cieux, avec ses voisins nordiques, la Norvège, le Danemark et la Finlande.

-Des soldats de l’un des bataillons de Rangers suédois, se préparent sous un camouflage, à partir en patrouille, le 19 mars 2021. Photo de Jonathan NACKSTRAND/AFP via Getty Images.

Pour les analystes, cette coopération avec des armées étrangères envoie un message sans équivoque à d’éventuels ennemis, susceptibles de tomber sur des troupes autres que suédoises.

« C’est un signal clair à l’adresse d’un agresseur potentiel qui ne peut pas vraiment prévoir quel serait le contexte opérationnel », décrypte Niklas Granholm, directeur adjoint de la recherche à l’Agence suédoise de recherche pour la défense.

S’il accentue l’intérêt stratégique de la région, le changement climatique pourrait aussi affecter les modes d’opération des troupes confrontées à des conditions météo plus difficilement prévisibles.

« Les hivers ne sont plus ce qu’ils étaient et les conditions opérationnelles et tactiques peuvent donc varier », souligne l’expert.

Les lacs ou les tourbières ne gèlent par exemple plus toujours suffisamment pour supporter le passage de véhicules militaires.

-Des soldats suédois sont assis dans leur véhicule lors des exercices annuels du soleil d’hiver dans les forêts au nord de Boden le 19 mars 2021. Photo de Jonathan NACKSTRAND/AFP via Getty Images.

Dans les forêts environnantes de Boden, le lieutenant-colonel Morgan Gustafsson, chef du centre suédois de combat subarctique, observe ses troupes manœuvrer.

Chez les Rangers depuis 1986, l’officier dont la barbe grise se confond avec la tenue de camouflage a vécu aux premières loges les changements de la doctrine de défense suédoise.

Mais pour lui, le combat dans ces contrées immenses repose plus que tout sur la maîtrise des fondamentaux: « On commence avec les choses les plus essentielles –comment changer vos chaussettes, rester sec, quoi manger, quoi boire– et puis, on passe aux armes, aux skis, aux raquettes de montagne et aux motoneiges ».

 

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