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De criminelle à bienfaitrice : l’ancienne yakuza Mako Nishimura aide d’autres à renaître

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Mako Nishimura, un yakuza à la retraite, trie des feuilles mortes lors d'une activité de nettoyage au sanctuaire Gifu Gokoku à Gifu, le 28 septembre 2025.

Photo: YUICHI YAMAZAKI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Deux phalanges manquantes à son petit doigt trahissent le passé de Mako Nishimura. À 58 ans, cette femme, l’une des rares à avoir appartenu aux yakuza, consacre désormais sa vie à aider d’anciens membres de la pègre japonaise à se réinsérer dans la société.

Trente ans dans un univers d’hommes

Mako Nishimura a évolué par intermittence durant trois décennies dans la hiérarchie brutale des yakuza. « Les criminels des gangs rivaux me méprisaient simplement parce que j’étais une femme, ce que je détestais », confie-t-elle dans son appartement du département rural de Gifu, au centre du Japon.
« Je voulais être reconnue comme une yakuza. Alors j’ai appris à parler, à me comporter et à me battre comme un homme. »
Arrêtée à 22 ans pour possession de drogue, elle affirme avoir été officiellement reconnue comme la première femme yakuza par les autorités japonaises.

  »Je redeviens lentement un être humain »

Mince, les cheveux teints en blond, Mako Nishimura a tourné le dos au crime. Elle travaille aujourd’hui sur des chantiers de démolition, l’un des rares secteurs qui tolère ses tatouages de dragons et de tigres.
Elle dirige également la branche de Gifu du Gojinkai, une association dédiée à la réinsertion des ex-délinquants. Chaque mois, elle conduit un groupe d’anciens mafieux dans des opérations de nettoyage.
« C’est comme une grande sœur. Elle nous gronde quand il le faut », raconte Yuji Moriyama, 55 ans. « Elle m’a fichu une de ces trouilles », se souvient-il en riant.

Pour Mako Nishimura, « l’idée de faire quelque chose de bien pour les autres me donne confiance. Je redeviens lentement un être humain comme les autres. »

De la fugue adolescente à l’excommunication

Issue d’une famille stricte, elle fugue à l’adolescence et rejoint une grande organisation de yakuza à 20 ans. Bagarres, extorsions et trafic de drogue rythment alors son quotidien.
Elle va jusqu’à se sectionner un morceau de doigt, un acte rituel de pénitence. À la fin de la vingtaine, elle quitte le milieu pour se marier et élever son fils : « Pour la première fois, j’ai ressenti un instinct maternel. Il était si mignon, j’aurais pu mourir pour lui. »
Elle entreprend ensuite des études dans le secteur de la santé, mais est licenciée à cause de ses tatouages, avant de replonger temporairement dans le trafic de stimulants.

« Je pense que les yakuza vont continuer à décliner »

De retour vers la fin de la quarantaine, elle découvre un clan appauvri, privé de prestige. « Les yakuza étaient les rois des voyous », dit-elle. Mais, voyant son ancien chef lutter pour survivre, elle décide de quitter définitivement le milieu peu après ses 50 ans.

Mako Nishimura a trouvé un mentor en Satoru Takegaki, président du Gojinkai et ancien gangster réputé. Les revenus de son autobiographie récemment publiée lui assurent désormais une stabilité financière.
« Je pense que les yakuza vont continuer à décliner. J’espère qu’ils disparaîtront », conclut-elle.

Les yakuza, apparus dans le chaos de l’après-guerre, subsistent aujourd’hui dans une zone grise semi-légale, mais leurs activités sont fortement restreintes.

Longtemps, les yakuza ont contrôlé les trafics de drogue, les jeux clandestins et le commerce du sexe au Japon. Mais le renforcement des lois anti-mafia et la répression policière ont drastiquement réduit leurs effectifs, tombés l’an dernier sous la barre des 20 000 – un seuil jamais atteint depuis 1958.
Avec AFP