Dépression ou tristesse : comment faire la différence et apporter son aide

La dépression est plus qu'une simple sensation de tristesse. Comprendre les signes, offrir un soutien significatif et encourager des habitudes saines peuvent faire toute la différence

Par Connie Lai et JoJo Novaes
25 juin 2025 17:10 Mis à jour: 25 juin 2025 20:41

« On dit souvent à ceux qui se sentent déprimés de se relaxer ». Pourtant, pour les personnes souffrant de dépression, ce conseil peut sembler frustrant et déconnecté de la réalité. La dépression est bien plus grave qu’une simple mélancolie, mais comment faire la différence ?

Le Dr Liu Zongxian, directeur de la psychiatrie à l’hôpital de la ville de Taipei à Taïwan, a partagé des informations essentielles sur le diagnostic de la dépression, le soutien aux proches et la prévention de la rechute.

Dépression : c’est plus qu’un simple sentiment de tristesse

Tout le monde se sent triste ou déprimé parfois, et ces sentiments disparaissent généralement avec le temps. Cependant, la dépression est une condition qui ne disparaît pas et peut être causée par des facteurs génétiques, biologiques, environnementaux et psychologiques. Par exemple, de faibles niveaux de sérotonine dans le cerveau peuvent causer la dépression.

Le Dr Liu a déclaré que les symptômes de la dépression peuvent être identifiés à travers quatre aspects clés :

• Affect (émotion) : les patients souffrant de dépression sont généralement d’humeur exceptionnellement basse, ressentent un manque d’énergie et montrent une baisse de vitalité globale.

• Comportement : les personnes déprimées peuvent s’isoler, éviter de sortir et perdre l’intérêt pour des activités qu’elles appréciaient autrefois.

• Cognition (pensée) : la dépression peut affecter la concentration et la clarté mentale – ceux qui étaient auparavant perspicaces peuvent sembler inattentifs ou moroses.

• Dynamisme (motivation physiologique) : la dépression peut causer des problèmes de sommeil, comme l’insomnie ou un sommeil excessif, une diminution du désir sexuel, un manque d’appétit et un manque général de motivation.

Le Dr Liu a noté que même si les symptômes ci-dessus se produisent, leur durée compte. Si les symptômes proviennent d’une humeur basse temporaire sans déséquilibre chimique, ils peuvent s’améliorer progressivement après une à deux semaines. Cependant, si les symptômes durent plus de deux semaines, cela peut être un signe de dépression clinique et il est recommandé de consulter un psychiatre.

La bonne façon de soutenir une personne souffrant de dépression

Le Dr Liu a mentionné avoir rencontré des proches de patients déprimés qui les grondaient, les critiquaient ou leur prêchaient des actions qui n’ont fait qu’aggraver la situation et ajouter de la pression.

Il a souligné que les aidants devaient se concentrer sur la compagnie et l’écoute. Par exemple, si le patient aime certaines activités, y participer. Si le patient est désintéressé, parler de choses qu’il appréciait et se souvenir d’expériences positives pour aider à changer son humeur progressivement.

Tout en étant à l’écoute, on peut demander gentiment au patient ce qu’il veut dire, quelles sont les difficultés auxquelles il est confronté et comment il se sent maintenant. Maintenir toujours une attitude de « nous sommes toujours à tes côtés » afin de le rassurer et de lui procurer un sentiment de sécurité.

Le Dr Liu rappelle aux aidants de ne pas dominer les conversations ni de s’en extraire, mais de rester flexibles. Il a insisté sur le fait que l’empathie est extrêmement importante. Par exemple, dites « Tu as l’air triste », puis demander à la personne ce qui la préoccupe. Cette approche peut l’aider à se sentir vu et compris. Toutefois, si le patient n’est pas prêt à parler, on peut toujours évoquer ses anciens centres d’intérêt ou des souvenirs heureux pour l’aider à sentir qu’il y a encore des aspects positifs de la vie auxquels il peut s’attacher.

Les aidants ne doivent pas essayer de résoudre tous les problèmes émotionnels, car cela est rarement possible. L’objectif est plutôt d’encourager la personne déprimée à s’ouvrir. Même si les problèmes ne sont pas résolus, le simple fait de les exprimer peut apporter un soulagement.

Lorsqu’un patient raconte une histoire, il la revit. Il peut s’agir de moments où il s’est senti impuissant, désespéré ou accablé. Cependant, en racontant à nouveau l’événement à quelqu’un qui lui offre soutien, compréhension et patience, le patient peut commencer à défaire lentement le nœud dans son cœur et éprouver un soulagement. Le Dr Liu précise qu’il s’agit d’une technique courante en psychothérapie.

Un rappel pour les aidants : prendre soin de soi également

Le Dr Liu a conseillé aux aidants de veiller à leur propre bien-être. Trop s’impliquer émotionnellement peut conduire à la culpabilité ou à l’épuisement, en particulier si l’état du patient s’aggrave. Si le fait d’aider quelqu’un commence à sembler insurmontable, il est important de chercher du soutien auprès d’autres personnes, qu’il s’agisse d’amis, de membres de la famille ou de professionnels.

Lorsqu’un cas devient trop difficile à gérer, c’est le signe qu’une aide professionnelle est nécessaire. Un médecin peut évaluer l’état du patient et discuter avec l’aidant des possibilités d’aller de l’avant.

Que faire si la personne refuse de consulter un médecin ?

Si une personne résiste au traitement, le Dr Liu suggère d’encadrer les soins en traitant des symptômes spécifiques, comme l’insomnie ou la perte d’appétit, plutôt que la dépression elle-même. Par ailleurs, le fait de s’adresser à une personne qui s’est remise d’une dépression peut encourager et montrer qu’une amélioration est possible.

Si les stratégies ci-dessus s’avèrent inefficaces, certains hôpitaux proposent des visites à domicile par un médecin, ce qui peut être une solution de dernier recours.

Comment favoriser la guérison et prévenir la dépression

Si un traitement professionnel est essentiel, les habitudes quotidiennes jouent également un rôle clé dans la guérison et la prévention.

1. Bouger

Le Dr Liu note que l’exercice physique aide le cerveau à libérer de la sérotonine et de la dopamine. Plus on bouge physiquement, moins on risque de développer une dépression. L’exercice et une exposition régulière à la lumière du soleil sont également essentiels pour prévenir les rechutes.

Une métaanalyse publiée dans l’American Journal of Psychiatry a révélé que les personnes physiquement actives présentent des taux de dépression plus faibles, quels que soient l’âge et la région.

Toutefois, les personnes souffrant de grave dépression peuvent se sentir trop épuisées pour faire de l’exercice. Le Dr Liu conseille de les encourager et d’instaurer un climat de confiance plutôt que de les forcer à sortir. Dans de nombreux cas, un soutien constant conduit à une volonté progressive d’essayer.

2. Nourrir le cerveau

Le tryptophane, précurseur de la sérotonine, est vital pour la santé mentale. Une carence en tryptophane limite la synthèse de la sérotonine, ce qui affecte le fonctionnement normal du système nerveux.

Le Dr Liu recommande de consommer des aliments riches en tryptophane, comme l’avoine, les fruits à coque, le saumon et l’huile de poisson, pour favoriser la sérotonine et améliorer l’humeur. Cependant, dans certains cas, le cerveau peut être incapable de synthétiser correctement la sérotonine, de sorte que même un apport élevé en tryptophane peut ne pas résoudre la dépression à lui seul.

3. Les médicaments : procéder avec prudence

Les antidépresseurs peuvent changer la vie de nombreuses personnes, mais ils ne sont pas sans risques. Le Dr Liu a souligné que tous les médicaments ont des effets secondaires potentiels et que tout symptôme inquiétant doit être immédiatement signalé à un médecin.

Des études ont montré que l’utilisation à long terme d’antidépresseurs est associée à un risque accru de maladie coronarienne, de mortalité cardiovasculaire et de mortalité toutes causes confondues.

Contrairement aux somnifères, la plupart des antidépresseurs ne créent pas de dépendance. Le Dr Liu a déclaré que les personnes souffrant de dépression grave peuvent se sentir nettement mieux après trois ou quatre semaines de traitement, mais qu’elles ne doivent pas cesser de prendre le médicament à ce stade. Un arrêt trop précoce peut entraîner une rechute, souvent plus grave que l’épisode initial.

En général, les personnes souffrant de dépression sévère doivent continuer à prendre des antidépresseurs pendant au moins six mois. En cas d’amélioration significative, la dose peut être réduite progressivement ou arrêtée sous contrôle médical.

L’empathie est le meilleur remède

Aider quelqu’un à sortir de la dépression exige de la patience, de l’empathie et de la persévérance. Il ne s’agit pas de proposer des solutions rapides, mais d’être présent et constant. Avec le bon soutien – et une aide professionnelle si nécessaire – la guérison devient un objectif réel et réalisable.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.