Des chercheurs trouvent la plus ancienne preuve d’une utilisation contrôlée du feu pour cuire les aliments

Par Lia Onely
19 novembre 2022 14:34 Mis à jour: 19 novembre 2022 14:34

Des restes de poissons analysés par une équipe internationale de scientifiques ont révélé les premiers signes de cuisson par l’homme, datant de 780.000 ans, devançant de près de 600.000 ans les chiffres que nous avions jusque‑là.

Cette découverte, publiée dans Nature, a été réalisée par des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem, de l’Université de Tel Aviv et de l’Université Bar‑Ilan, en collaboration avec le Musée Steinhardt d’Histoire naturelle, l’Oranim College, l’Israel Oceanographic and Limnological Research (IOLR), le Musée d’Histoire Naturelle de Londres et l’Université Johannes‑Gutenberg de Mayence, en Allemagne.

« Une grande quantité de poissons »

Une analyse approfondie des restes d’un poisson ressemblant à une carpe de 2,5 mètres de long, découverts sur le site archéologique de Gesher Benot Ya’aqov en Israël, a montré que ce poisson avait été cuit il y a environ 780.000 ans.

Jusqu’à présent, les premières traces de cuisson avaient été établies à environ 170.000 ans.

Le site de Gesher Benot Ya’aqov est situé dans le nord d’Israël, juste au sud de la vallée de Hula, dans le rift de la mer Morte.

L’étude a été menée par Irit Zohar, chercheuse au Musée Steinhardt d’Histoire naturelle de l’université de Tel Aviv et conservatrice des collections biologiques de Beit Margolin à l’Oranim College, et Naama Goren‑Inbar, professeure à l’Université Hébraïque de Jérusalem et directrice du site de fouilles.

Parmi les membres de l’équipe de recherche figuraient également Marion Prevost, de l’Institut d’archéologie de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Nira Alperson‑Afil, professeure au Département d’études et d’archéologie d’Israël de l’Université Bar‑Ilan, et Jens Najorka, du Musée d’Histoire Naturelle de Londres.

« La grande quantité de restes de poissons trouvée sur le site prouve leur consommation fréquente par les premiers hommes, qui ont développé des techniques de cuisson spéciales », ont déclaré par écrit Irit Zohar et Marion Prevost. Ces nouvelles découvertes montrent qu’il existait de l’eau douce en quantité importante qui contenait des poissons servant à l’alimentation d’un groupe d’humains sédentarisés.

Lors de l’étude, les chercheurs se sont focalisés sur les dents pharyngiennes trouvées en grande quantité dans différentes strates archéologiques du site. Les dents pharyngiennes servent à broyer des aliments durs tels que des carapaces de poissons comme les carpes.

En étudiant la structure des cristaux qui forment l’émail des dents (dont la taille s’accroît lorsqu’ils sont exposés à la chaleur), les chercheurs ont pu prouver que les poissons pêchés dans l’ancien lac Hula, adjacent au site, avaient été exposés à des températures de cuisson et non simplement brûlés sur un feu.

« Nous ne savons pas exactement comment les poissons ont été cuits, mais malgré le manque de preuves sur comment ils ont été exposés à des températures élevées, il est clair qu’ils n’ont pas été cuits directement sur le feu et qu’ils n’ont pas été jetés dans un feu en tant que déchets ou matériau à brûler », a déclaré Jens Najorka.

« Autour des foyers »

« Le fait que la cuisson du poisson soit manifeste sur une période aussi longue et ininterrompue d’occupation du site indique une tradition continue de cuisson des aliments », a déclaré le Pr Goren‑Inbar.

Selon l’équipe de recherche, des zones d’eau douce (dont certaines sont situées dans des régions depuis longtemps asséchées et devenues des déserts arides) fournissaient de l’eau potable, attiraient les animaux et permettaient à des autochtones de pêcher du poisson en eau peu profonde. La tâche n’était pas dangereuse et offrait une alternative nutritionnelle intéressante.

La première preuve de l’utilisation du feu sur le site (la plus ancienne preuve de ce type en Eurasie) a été identifiée par le Pr Alperson‑Afil.

« L’utilisation du feu constitue un procédé caractérisant l’ensemble du continuum d’implantation sur le site », a‑t‑elle déclaré. « Cela a eu une incidence sur l’organisation spatiale du site et sur l’activité locale, qui tournait autour des foyers. »

Les groupes qui vivaient là « utilisaient le riche ensemble de ressources fournies par l’ancienne vallée de la Hula », a déclaré Naama Goren‑Inbar. « Leurs sources de nourriture (…) étaient caractérisées par une grande diversité d’espèces végétales du lac et de ses rives (notamment des fruits, des noix et des graines) et par de nombreuses espèces de mammifères terrestres. »

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