Des «chevaux sapeurs» mis à contribution contre les feux de forêt au Portugal

Par Epoch Times avec AFP
12 juillet 2023 17:40 Mis à jour: 12 juillet 2023 17:45

Des dizaines de chevaux de race « garrano », à la robe brune et à la crinière noire, paissent en liberté sur les hauteurs du nord-ouest du Portugal, pour prêter main forte au défrichage des massifs montagneux et réduire le risque d’incendie.

Avec leur allure de poneys vifs et trapus, les « garranos » sont une espèce menacée d’extinction dont les origines remontent à la préhistoire, selon les spécialistes portugais entendus par l’AFP.

Menacé d’extinction

N’étant plus utilisés dans les travaux agricoles à partir de la deuxième moitié du 20e siècle, leur nombre avait considérablement chuté, passant « de quelque 70.000 » à « environ 350 juments à la moitié des années 90 », explique le président de l’Association des éleveurs des « garranos », Joao Paulo Ribeiro. « Depuis, les effectifs ont bien augmenté » et leur nombre au Portugal est aujourd’hui estimé à un peu plus de 1500, souligne le responsable de l’organisation créée en 1995 pour aider à préserver cette espèce originaire de la région du Minho.

Cet homme passionné sillonne régulièrement les sentiers de montagne au volant de son pick-up pour, grâce à un système de localisation par GPS, veiller sur des chevaux vivant aujourd’hui à l’état semi-sauvage et qui sont parfois attaqués par des loups.

Grâce au projet de « chevaux sapeurs » lancé cette année, « cette espèce menacée a retrouvé une nouvelle utilité », se réjouit José Leite, auteur d’un livre sur la généalogie des « garranos ». « Une race de chevaux qui n’a pas une utilité, finit par disparaître », fait valoir ce vétérinaire de formation.

(Photo by PATRICIA DE MELO MOREIRA/AFP via Getty Images)

Ils sont aujourd’hui près de 300 chevaux et poulains, tous identifiés par puce électronique, à se mêler aux troupeaux de vaches sur les versants de la « serra da Cabreira », un massif qui culmine à plus de 1200 mètres d’altitude situé près de celui du Gerês, plus connu.

Bruyères, genêts, herbes sauvages : les « garranos », qui recherchent aux heures de plus forte chaleur l’ombre des rochers et des immenses éoliennes plantées au sommet des montagnes, dévorent chacun une trentaine de kilos de végétation par jour.

Une solution naturelle alternative

« Ce projet permet de joindre l’utile à l’agréable. (…) Tout en se nourrissant, ils défrichent de manière naturelle » la montagne, note le maire de Vieira do Minho, Antonio Cardoso.

La municipalité a conclu un accord sur trois ans avec le gestionnaire du réseau électrique REN pour l’entretien des zones placées sous sa responsabilité en matière de prévention des feux de forêt. L’objectif est d’attirer ces chevaux sous les pylônes électriques, grâce par exemple à l’installation de fontaines d’eau, afin qu’ils puissent défricher la végétation risquant de s’embraser en cas de décharge.

Après avoir fait appel à des sociétés spécialisées dans le débroussaillage des espaces boisés, « nous recherchions des solutions naturelles » alternatives, indique le responsable de REN dans ce domaine, Joao Gaspar. Le projet des chevaux sapeurs « ne permet peut-être pas de résoudre le problème des feux de forêt mais, localement, cela peut faire la différence », souligne-t-il.

Un pylône électrique dans les montagnes près de Vieira do Minho, au nord du Portugal, le 23 juin 2023. (Photo by PATRICIA DE MELO MOREIRA/AFP via Getty Images)

REN envisage ainsi d’étendre l’éco-pâturage à d’autres régions du pays en faisant appel à des vaches, des ânes ou encore des chèvres, comme cela a déjà été fait dans le massif de Serra da Estrela, dans le centre du pays.

Dans l’Espagne voisine, c’est un troupeau d’une quinzaine de bisons européens qui contribuent à l’entretien des sous-bois de la réserve de San Cebrian de Muda, située à quelque 200 km au nord de Madrid.

« Il est vrai qu’une forêt de chênes n’est pas facile à incendier, mais tout peut facilement se bloquer si des petits foyers de feu se développent sur le terrain, et dans ce cas, ça mettrait le sous-bois à feu et à sang », explique à l’AFP Jesus Gonzalez Ruiz, le directeur de cette réserve consacrée au rétablissement d’une espèce qui avait disparu à l’état sauvage dans les années 1920.

« Les bisons mangent tout, le rejettent et le sèment et cela fait que la montagne et notre environnement naturel sont mieux entretenus », se félicite-t-il.

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