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Plusieurs maires bravent l’interdiction de Retailleau, en maintenant le drapeau palestinien sur leurs mairies ce lundi

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Plusieurs maires maintiennent leur intention de faire flotter lundi le drapeau palestinien au fronton de leur hôtel de ville, coïncidant avec la reconnaissance officielle de l'État de Palestine par la France lors de l'Assemblée générale des Nations unies.

Photo: MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Plusieurs maires maintiennent leur intention de faire flotter lundi le drapeau palestinien au fronton de leur hôtel de ville, coïncidant avec la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Cette initiative, portée par le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, se heurte aux mises en garde du ministère de l’Intérieur et aux premières décisions de justice.
Ce lundi 22 septembre 2025, Emmanuel Macron doit annoncer lors de l’Assemblée générale des Nations unies la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France, vers 15h30 heure locale (21h30 heure de Paris).

Une résistance judiciaire organisée

À Malakoff (Hauts-de-Seine), la maire PCF Jacqueline Belhomme a décidé de ne pas retirer le drapeau palestinien « avant mardi », malgré une injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise rendue sur recours du préfet. Face à cette résistance, la préfecture a de nouveau saisi la juridiction administrative et réclame cette fois une « astreinte financière » pour contraindre l’édile à se conformer à la décision de justice.
D’autres mairies de la région parisienne ont confirmé leur intention de maintenir le pavoisement, notamment La Courneuve dont le maire Gilles Poux a assuré que la décision visant Malakoff « ne change rien » à leur volonté.
La bannière rouge, noire, blanche et verte devrait ainsi être exhibée au fronton d’autres mairies de la banlieue parisienne, telles que Nanterre, Bagneux, Gennevilliers, Ivry-sur-Seine ou Corbeil-Essonnes, selon les annonces faites par leurs édiles respectifs.

Une initiative politique assumée

« Il ne s’agit pas d’un acte militant de longue durée », mais d’un « choix » fait au moment où la France et une dizaine d’autres pays occidentaux officialiseront leur reconnaissance d’un État palestinien lors du sommet de New York, fait valoir le maire socialiste de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Mathieu Hanotin.
Ce dernier suit la consigne donnée par Olivier Faure, à l’instar du maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane – qui entend également déployer le drapeau israélien -, et des premiers magistrats de Lille, Arnaud Deslandes, ou de Nantes, Johanna Rolland.
Dans la métropole toulousaine, le maire de Ramonville participe également à cette initiative symbolique.

L’État impose le principe de neutralité

Le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau a donné consigne aux préfets de faire respecter un « principe de neutralité des services publics », doctrine également reprise par le juge administratif de Cergy-Pontoise pour motiver sa décision contre la mairie de Malakoff.
« L’État non seulement ne demande pas le pavoisement, mais demande le non-pavoisement », a insisté samedi le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh, précisant la position gouvernementale face aux initiatives municipales.
Cette position ferme s’appuie sur les règles encadrant l’affichage des symboles sur les bâtiments publics, qui ne prévoient normalement que les drapeaux français et européen sur les édifices publics, sauf exceptions particulières validées par l’État.

Des retraits sous la pression administrative

L’efficacité de la pression préfectorale se vérifie dans certains territoires. Dans les Pyrénées-Atlantiques, le maire communiste de Mauléon-Licharre (3 000 habitants), qui avait affiché un drapeau palestinien dès vendredi, l’a retiré samedi après saisine de la justice administrative par le préfet.
Cette réaction rapide illustre l’efficacité du dispositif juridique mis en place par l’État pour faire respecter sa doctrine de neutralité des services publics.

Une gauche divisée sur la stratégie

Si le centre, la droite et l’extrême droite se rangent derrière la doctrine de Beauvau, la question divise au sein de la gauche française. À Créteil, pas de drapeau au fronton de l’hôtel de ville : le maire socialiste Laurent Cathala estime que « la première de ses responsabilités doit être de préserver la cohésion sociale au sein de la commune ».
Cette position prudente contraste avec l’engagement affiché par d’autres élus socialistes, révélant les tensions internes au PS sur cette question sensible.
À Brest, la municipalité qui arbore le drapeau ukrainien depuis 2022 a choisi une voie alternative en décidant d’illuminer lundi le bâtiment municipal aux couleurs de la Palestine, évitant ainsi le pavoisement tout en marquant symboliquement l’événement.

Des gestes alternatifs pour contourner l’interdiction

Benoît Payan, à la tête d’une majorité de gauche à Marseille, a promis de poser lundi « un acte fort », sans en préciser la teneur mais en excluant le pavoisement du drapeau palestinien. Cette stratégie témoigne de la recherche de solutions alternatives par certains élus pour exprimer leur soutien sans défier frontalement l’autorité judiciaire.
Ces initiatives alternatives illustrent la créativité déployée par certaines municipalités pour concilier engagement politique et respect du cadre légal.

Un contexte international particulier

Cette polémique intervient alors qu’Israël entame une offensive terrestre de grande ampleur dans le nord de l’enclave palestinienne, donnant une résonance particulière aux gestes symboliques des élus français.
Emmanuel Macron a défendu jeudi la reconnaissance d’un État palestinien et la solution à deux États dans une interview accordée à une chaîne de télévision israélienne, préparant diplomatiquement l’annonce prévue lundi à New York.

Les enjeux juridiques et politiques

Cette confrontation entre élus locaux et autorités préfectorales soulève des questions importantes sur l’autonomie des collectivités locales face aux directives nationales. Le recours systématique aux tribunaux administratifs témoigne de la détermination de l’État à faire respecter sa ligne.
L’issue de ces procédures pourrait créer une jurisprudence importante sur l’usage des symboles politiques par les collectivités territoriales, particulièrement dans des contextes géopolitiques sensibles.

Une mobilisation inédite

L’appel d’Olivier Faure du 14 janvier à « faire flotter le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre » a suscité une mobilisation sans précédent, révélant l’engagement d’une partie significative des élus de gauche sur cette question.
Cette mobilisation dépasse le cadre habituel des initiatives municipales pour toucher à des enjeux de politique internationale, questionnant le rôle des collectivités locales dans l’expression de positions géopolitiques.

Perspectives d’évolution

L’ampleur des résistances municipales et la multiplication des procédures judiciaires suggèrent que cette polémique pourrait se prolonger au-delà de la journée symbolique du 22 septembre. La capacité de l’État à faire respecter ses directives dans l’ensemble des communes concernées constituera un test important de l’autorité gouvernementale.
La réaction des autres pays européens face à leurs propres initiatives municipales similaires sera également scrutée, dans un contexte où la reconnaissance de l’État palestinien devient un enjeu diplomatique majeur au niveau continental.