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Doctolib

Doctolib condamné à 4,6 millions d’euros d’amende pour pratiques anticoncurrentielles

La vedette de la tech française Doctolib a écopé d'une amende de 4665 millions d'euros pour des pratiques anticoncurrentielles, qui vient écorner l'image d'une des rares start-up françaises à avoir imposé sa marque auprès du grand public.

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Photo: OLIVIER MORIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Doctolib, qui vend ses services aux soignants, « a délibérément mis en œuvre plusieurs pratiques anticoncurrentielles répondant à une stratégie anticoncurrentielle globale, structurée et cohérente visant à verrouiller les marchés concernés et évincer les entreprises concurrentes », a indiqué dans un communiqué l’Autorité de la concurrence, qui a sanctionné l’entreprise.

Doctolib sanctionnée pour abus de position dominante

Doctolib, redoutant la décision de l’Autorité, a immédiatement réagi en annonçant dans un communiqué qu’elle allait faire appel de cette décision, qu’elle juge comme « présentant une lecture erronée de notre activité et de notre secteur ». L’entreprise est visée pour ses activités sur ses marchés phares, la prise de rendez-vous en ligne ainsi que la téléconsultation, où elle domine très largement selon les chiffres de l’Autorité. Cette dernière constate en effet « de 70 à 90% de part de marché » pour la prise de rendez-vous en ligne, et « plus de 40% » sur la téléconsultation.

L’Autorité reproche à la plateforme d’avoir mis en place des clauses obligeant le soignant à ne recourir qu’à son service, excluant toute concurrence, et des pratiques de vente liée. Par exemple, les soignants désirant accéder à l’offre de téléconsultation devaient souscrire en même temps au service de prise de rendez-vous en ligne.

Acquisition controversée et hausse des tarifs

L’autorité de la concurrence épingle également Doctolib pour l’acquisition en 2018 de son principal concurrent, MonDocteur, ouvrant ainsi la voie à des hausses de tarifs observées par la suite. Fabienne Siredey-Garnier, la vice-présidente de l’Autorité, détaille : « Concrètement, pour les nouveaux clients, les tarifs sont passés de 109 euros mensuels au moment de l’acquisition à 129 euros en mars 2019, puis 139 euros en mars 2021 et à 149 euros en mars 2023. »

L’entreprise déplore que la décision soit « la conséquence d’une plainte vieille de 2019 », déposée par l’un de ses « concurrents historiques » sur le marché du logiciel médical (Cegedim). Contestant les griefs, Doctolib rappelle que déconnecter l’offre de téléconsultation de celle de la prise de rendez-vous créerait « des difficultés conséquentes pour le suivi des patients et l’activité quotidienne des soignants ». Concernant le rachat de MonDocteur, qui n’équipait à l’époque que « 2% des soignants », Doctolib évoque « une opération de croissance externe d’une banalité absolue dans la vie d’une entreprise ».

Une décision qui marque les esprits

La décision de l’Autorité est exécutoire : Doctolib devra verser au Trésor public le montant de l’amende, quitte à la récupérer, majorée des intérêts, en cas de succès de l’appel devant la cour d’appel de Paris. Par ailleurs, l’entreprise doit mettre fin immédiatement aux pratiques anticoncurrentielles identifiées, notamment en matière de vente liée, comme l’a rappelé l’Autorité.

L’institution avait réuni, notamment lors d’une perquisition en 2021, une masse de documents internes confortant ses accusations. À l’époque du rachat de MonDocteur, certains de ces éléments témoignent explicitement d’une volonté de « faire disparaître le produit » pour obtenir la « disparition » du concurrent.

Fondée en 2013, Doctolib aligne aujourd’hui quelque 3 000 salariés et affichait en 2024 un chiffre d’affaires annuel de 348 millions d’euros. « Doctolib est un grand succès français, un grand succès technologique et commercial », souligne Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence. Mais, ajoute-t-il, « notre décision rappelle que nul n’est censé ignorer la loi ».