Donald Trump reçoit le président turc Erdogan pour discuter de commerce et de défense

Le président américain Donald Trump et le président turc Recep Tayyip Erdoğan assistent à une réunion multilatérale avec les dirigeants de plusieurs pays arabes et à majorité musulmane lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies au siège de l’ONU à New York, le 23 septembre 2025.
Photo: Chip Somodevilla/Getty Images
Un rendez-vous attendu à la Maison-Blanche
WASHINGTON — Le président Donald Trump accueillera le président turc Recep Tayyip Erdogan à la Maison-Blanche le 25 septembre pour discuter d’un accord avec Boeing et des dossiers bilatéraux, notamment le contentieux prolongé autour de l’acquisition par la Turquie d’un système de défense russe.
Donald Trump a annoncé cette rencontre le 19 septembre, affirmant qu’il espérait finaliser plusieurs accords commerciaux et militaires.
« Je suis heureux d’accueillir le président Recep Tayyip Erdoğan, de Turquie, à la Maison-Blanche le 25 septembre. Nous travaillons sur de nombreux accords commerciaux et militaires avec le président, y compris l’achat de grande ampleur d’avions Boeing, un important accord sur les F-16 et la poursuite des discussions sur les F-35, qui devraient aboutir positivement », a écrit le président dans une publication sur les réseaux sociaux.
« Le président Erdogan et moi avons toujours entretenu de très bonnes relations. J’ai hâte de le retrouver le 25 ! »
Des négociations commerciales majeures
Le gouvernement turc s’apprête à acheter des centaines d’avions Boeing, selon la presse turque.
Dans une récente interview, le président de Turkish Airlines, Ahmet Bolat, a confirmé que la compagnie pourrait finaliser un accord portant sur l’acquisition de 250 avions Boeing lors de la visite. Si cette annonce est faite à la Maison-Blanche, la commande marquerait une expansion majeure pour le transporteur national, qui exploite actuellement une flotte de 485 appareils.
Des médias locaux ont également rapporté que des discussions étaient en cours concernant un éventuel accord sur les F-16, mais aucun compromis n’a été confirmé à ce jour.
Une relation diplomatique en pleine évolution
La relation entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan a profondément évolué depuis 2018, lorsque Washington a exigé la libération du pasteur américain Andrew Brunson après deux ans de détention en Turquie.
La Turquie a libéré M. Brunson après que Donald Trump a menacé d’imposer d’importantes sanctions à Ankara. Un an plus tard, le président américain a adressé une lettre publique à M. Erdogan, l’avertissant qu’il pourrait « détruire » l’économie turque si Ankara poursuivait son offensive militaire dans le nord de la Syrie. Depuis cet épisode, les liens entre les deux dirigeants se sont sensiblement renforcés.
Le dossier sensible du S-400
L’un des points d’achoppement attendus lors de la rencontre à la Maison-Blanche concerne l’acquisition par Ankara du système de défense S-400 russe.
La décision turque d’acquérir ce système en 2019 a entraîné des sanctions américaines sur l’industrie turque de la défense, conformément au Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA : Loi sur la lutte contre les adversaires des États-Unis par des sanctions), et l’exclusion du programme F-35.
Au cours de la visite, M. Erdogan devrait plaider pour une réintégration de la Turquie au programme, selon les médias turcs.
Bien que la Turquie soit un allié de l’OTAN, le Congrès américain « demeure hostile aux liens russes d’Ankara et à son bilan en matière de droits humains », écrit Asli Aydintasbas, chercheuse au Centre États-Unis-Europe de la Brookings Institution, dans un récent rapport.
Les tensions persistantes entre la Turquie et Israël au sujet de Gaza et de la Syrie constituent également un défi pour la politique américaine dans la région, souligne-t-elle.
Les enjeux énergétiques et syriens
Donald Trump a critiqué les alliés de l’OTAN en raison de leurs importations d’hydrocarbures russes. En août, la Turquie se situait au troisième rang des importateurs de combustibles fossiles russes, derrière la Chine et l’Inde, d’après le Center for Research on Energy and Clean Air (Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur, ndlr).
Lors d’un discours à l’Assemblée générale de l’ONU lundi, Donald Trump a critiqué les alliés de l’OTAN pour « financer la guerre contre eux-mêmes ».
Malgré ces divergences, Ankara et Washington poursuivent des objectifs largement convergents en Syrie.
Suite à la chute du régime Assad en décembre 2024, les États-Unis et la Turquie se sont rapprochés sur leurs principales priorités en Syrie, avec l’Ambassadeur américain à Ankara et envoyé spécial pour la Syrie, Tom Barrack, comme coordinateur clé.
« Tout comme Ankara, M. Barrack a accueilli favorablement le régime post-Assad à Damas, dirigé par le président par intérim Ahmad al-Sharaa ; il soutient l’idée d’une Syrie unifiée et accepte globalement l’intégration des Kurdes syriens soutenus par les États-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dans l’armée syrienne, bien qu’avec une autonomie locale plus importante que ne le souhaiterait Ankara », a déclaré Mme Aydintasbas.

Emel Akan est journaliste spécialiste de la politique économique à la Maison-Blanche à Washington, D.C. Auparavant, elle a travaillé dans le secteur financier en tant que banquière d'investissement chez JPMorgan et en tant que consultante chez PwC. Elle est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’université de Georgetown.
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