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Donald Trump rencontre Xi Jinping en Corée du Sud
Donald Trump, qui a signé plusieurs accords commerciaux et d’investissement durant sa tournée asiatique, dit vouloir un "accord global" avec la Chine.

Le président américain Donald Trump (d.) s’entretient avec le dirigeant chinois Xi Jinping lors d’une réunion bilatérale sur la base aérienne de Gimhae, à Busan (Corée du Sud), le 30 octobre 2025.
Photo: Andrew Harnik/Getty Images
Le président américain Donald Trump s’est rendu à Busan, en Corée du Sud, pour achever sa dense tournée asiatique de trois pays par une rencontre à enjeu élevé avec le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, le 30 octobre.
Les deux dirigeants se sont réunis dans un bâtiment de la base aérienne sud‑coréenne de Gimhae vers 11 h 15 (heure locale) pour un entretien bilatéral — leur premier face‑à‑face depuis le retour de M. Trump à la Maison‑Blanche en janvier. Leur dernière rencontre remontait au G20 d’Osaka, au Japon, en 2019.
La Maison‑Blanche a prévu une fenêtre de juste moins de deux heures avant le départ de M. Trump pour Washington.
M. Trump avait rencontré, le 29 octobre, le président sud‑coréen Lee Jae‑myung pour évoquer les investissements et la sécurité, sans qu’un accord commercial soit signé.
M. Xi restera en Corée du Sud le 1er novembre et tiendra une réunion bilatérale avec le président sud‑coréen.
Des négociateurs américains et chinois ont indiqué, le 26 octobre, avoir arrêté un cadre d’accord entre les deux pays et s’attendre à la conclusion d’un texte à l’issue de la rencontre Trump‑Xi.
Un « accord global »
Une myriade de sujets figure à l’agenda des discussions : tarifs douaniers, fentanyl, chaînes d’approvisionnement mondiales, sécurité indo‑pacifique et prisonniers politiques.
Des porte‑parole chinois, qui ont confirmé la rencontre le 29 octobre, ont qualifié la relation de haut niveau entre M. Trump et M. Xi d’« irremplaçable » dans l’équilibre stratégique entre les deux pays et annoncé un échange « approfondi ».
M. Trump a souligné l’ampleur des sujets qu’il souhaite aborder et dit attendre de Pékin coopération et concessions sur plusieurs d’entre eux.
Le camp américain a par ailleurs laissé entendre que des tarifs à 100 % n’étaient plus sur la table, Pékin étant attendu sur un gel de son programme de restrictions d’exportation de terres rares.
Les États‑Unis et la Chine avaient relevé, en avril, des droits de douane jusqu’à des niveaux à trois chiffres, au plus fort des tensions, avant de les suspendre à plusieurs reprises pour laisser place aux négociations. La prochaine échéance est fixée au 9 novembre, susceptible d’être repoussée si aucun accord définitif n’émerge de la rencontre du 30 octobre.
Pékin devrait différer d’environ un an ses derniers contrôles à l’exportation sur les terres rares, le temps de réexaminer la règle, tandis que M. Trump accélère la diversification des chaînes d’approvisionnement. Le président américain a signé ces derniers jours des accords avec la Thaïlande, le Japon et la Malaisie.
Autre priorité : les agriculteurs américains, que Pékin aurait tenté d’utiliser comme « levier ». La Chine, premier acheteur mondial de soja américain — plus que tous les autres réunis —, a, cette année, boycotté les cargaisons américaines malgré une récolte record, se tournant vers le Brésil et l’Argentine et laissant les producteurs américains en difficulté.
Les organisations agricoles ont sollicité M. Trump, tandis que des responsables chinois exhortaient les agriculteurs américains à faire pression pour une baisse des tarifs. M. Trump a assuré qu’il utiliserait, à court terme, les recettes douanières pour indemniser les exploitants. Il a déjà indiqué vouloir que la Chine « quadruple » ses achats de soja américain.
Alors que nombre de pays ont conclu avec Washington des accords leur permettant de « racheter » leur déficit commercial via des investissements de plusieurs milliards, plutôt que par des achats de biens américains, des considérations de sécurité nationale devraient empêcher Pékin d’emprunter cette voie. M. Trump dit attendre un « accord sur tout » plutôt qu’un accord commercial classique.
Pékin est également attendu sur la réduction des exportations de précurseurs du fentanyl et la répression des trafics qui alimentent la crise des overdoses aux États‑Unis, a indiqué M. Trump aux journalistes à bord d’Air Force One le 28 octobre. Il a déclaré envisager une baisse du tarif de 20 % lié au fentanyl si la Chine coopère.
M. Trump a, en outre, précisé qu’il aborderait la guerre Russie‑Ukraine, la question de Taïwan, ainsi que la demande de libération du prisonnier politique Jimmy Lai, magnat des médias pro‑démocratie de Hong Kong détenu depuis 2020.
Nvidia s’envole en Bourse
Autre dossier : la puce d’IA de pointe Blackwell de Nvidia, évoquée par M. Trump le 29 octobre.
Il a confié aux journalistes que la « super‑puce » Blackwell pourrait être abordée avec M. Xi, faisant bondir le titre. Mercredi, Nvidia est devenue la première entreprise à franchir les 5000 milliards de dollars de capitalisation.
Les ventes de puces Nvidia vers la Chine ont été bousculées par la guerre commerciale. L’administration Trump avait envisagé de restreindre davantage ces ventes avant de se raviser, après un échange entre M. Trump et le PDG de Nvidia, Jensen Huang.
Pékin a toutefois exprimé des soupçons quant à ce revirement, invoquant des craintes de « portes dérobées » et de traçage, et a convoqué Nvidia pour obtenir des informations et des garanties. Nvidia n’a pas précisé la nature des demandes chinoises, mais a nié l’existence de backdoors.
Dans le même temps, les autorités et associations chinoises ont incité les entreprises locales à privilégier des puces domestiques. M. Huang a indiqué, lors de l’événement développeurs de Nvidia le 29 octobre, qu’il n’avait pas déposé de demandes de licence d’exportation vers la Chine. « Ils ont été très clairs : ils ne veulent pas de Nvidia pour le moment », a‑t‑il déclaré à propos de la Chine.
M. Huang, qui a annoncé mardi 500 milliards de dollars de commandes de puces d’IA et la construction de sept supercalculateurs pour le gouvernement américain, devait également rencontrer M. Trump le 29 octobre. « J’espère pouvoir annoncer des nouvelles qui raviront le peuple coréen et le président Trump, mais je garde cela pour dans quelques jours », a‑t‑il glissé avant le déplacement en Corée du Sud.
Compétition accrue dans l’Indo‑Pacifique
Américains et Chinois cherchent aussi à projeter leur influence par la diplomatie dans l’Indo‑Pacifique.
M. Trump, des responsables américains et leurs homologues étrangers ont souligné le rôle central du leadership américain dans la région, de nombreux pays asiatiques se tournant vers les États‑Unis pour leur sécurité.
Outre les accords commerciaux, M. Trump a signé des textes renforçant la lutte contre la criminalité transnationale, permettant des exercices militaires conjoints et intensifiant la coopération et les investissements dans les technologies de pointe.
De leur côté, des responsables chinois ont exhorté les pays à se coordonner avec Pékin pour contrer les tarifs américains, dénoncés comme du « protectionnisme ».
Reuters a contribué à cet article.

Catherine Yang est journaliste pour Epoch Times, à New York.
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