Elon Musk publie des Twitter Files exposant un système de listes noires secrètes

Par Caden Pearson
9 décembre 2022 19:54 Mis à jour: 10 décembre 2022 07:53

Bari Weiss, fondatrice et rédactrice en chef de The Free Press, a publié jeudi le deuxième lot des Twitter Files, qui aborde les « listes noires secrètes » de la plateforme.

Bari Weiss a travaillé avec Elon Musk et le journaliste indépendant Matt Taibbi.

Pour effectuer sa censure Twitter a mis au point, explique‑t‑elle, deux types de listes noires : une « liste noire des tendances » et une « liste noire des recherches ».

Le compte populaire Libs of TikTok, ainsi que celui du Dr Jay Bhattacharya, professeur en médecine de l’université de Stanford, font partie de ceux qui ont été discrètement ajoutés à la « liste noire des tendances ».

Le Dr Bhattacharya a été mis sur la liste pour avoir déclaré que les confinements nuisaient aux enfants.

Le présentateur de talk‑show conservateur Dan Bongino a pour sa part été placé sur la « liste noire des recherches ».

Bari Weiss note que le militant conservateur Charlie Kirk, fondateur de Turning Point USA, a été placé sur une liste « Ne pas amplifier ».

Ce deuxième lot de Twitter Files survient une semaine après la publication d’un premier lot par Matt Taibbi, avec l’aval de Musk. Le premier lot a permis de comprendre comment la plateforme a opéré pour censurer l’article du New York Post sur le contenu de l’ordinateur portable de Hunter Biden en octobre 2020.

« Une nouvelle enquête #TwitterFiles révèle que des équipes de Twitter mettent au point des listes noires, empêchent les tweets tombés en défaveur d’être tendance, et limitent activement la visibilité de comptes entiers ou même de sujets tendances – tout cela en secret, sans en informer les utilisateurs », écrit Bari Weiss.

Elle ajoute : « Twitter avait autrefois pour mission de ‘donner à chacun le pouvoir de créer et de partager des idées et des informations instantanément, sans barrières’. En cours de route, des barrières ont néanmoins été érigées. »

Le shadow banning

Selon Bari Weiss, les employés et les cadres de Twitter utilisaient les termes « filtrage de visibilité » ou les lettres « FV » lorsqu’il était question de shadow banning, ce que de multiples sources « de haut niveau » lui ont confirmé.

Le shadow banning pouvant se traduire par « bannissement furtif » consiste à bloquer totalement ou partiellement un utilisateur sans qu’il en ait conscience.

Bari Weiss explique que Twitter déployait son filtrage de visibilité pour empêcher les utilisateurs de trouver des personnes spécifiques, en d’autres termes, pour mettre leurs comptes sur liste noire.

L’outil FV limitait également la portée de certains tweets, empêchait les tweets d’utilisateurs spécifiques d’apparaître dans la section Tendance ou dans les recherches par hashtag.

« Tout cela à l’insu des utilisateurs », rappelle la journaliste.

Selon les confessions d’un cadre supérieur, le filtrage de visibilité permettait à l’entreprise de « supprimer ce que les gens voyaient à différents niveaux. C’était un outil très puissant ».

Selon les révélations d’un ingénieur de Twitter, la plateforme bannissait les utilisateurs « assez souvent ».

« Nous contrôlons en grande partie la visibilité. Et nous contrôlons en grande partie l’amplification d’un contenu. Et les gens normaux ne savent pas à quel point nous le faisons », a déclaré l’ingénieur de Twitter.

Bari Weiss précise que ces propos ont été confirmés par deux autres employés.

Un « groupe secret » pour mettre les utilisateurs sur liste noire

Selon Bari Weiss, Twitter disposait d’un « groupe secret » qui, au‑delà des modérateurs de contenu habituels de la Strategic Response Team‑Global Escalation Team (SRT‑GET), mettait les utilisateurs sur liste noire.

Ce groupe secret était connu sous le nom de « SIP‑PES », pour Site Integrity Policy, Policy Escalation Support.

Il était composé de Vijaya Gadde, la responsable de la Politique juridique et de la Confiance de Twitter, de Yoel Roth, le responsable de la Confiance et de la Sécurité au niveau mondial, et des PDG Jack Dorsey et Parag Agrawal, entre autres.

Alors que le SRT‑GET « traitait jusqu’à 200 ‘cas’ par jour » en suivant la politique officielle de l’entreprise, le groupe SIP‑PES œuvrait à un niveau « au‑delà des pénalités officielles, au‑delà des modérateurs de base ».

« C’est là qu’étaient prises les décisions les plus importantes et les plus sensibles politiquement. Des comptes avec beaucoup d’abonnés, mais controversés », selon un autre employé de Twitter. « Pour ces derniers, il n’y aurait pas de pénalité officielle ou quoi que ce soit », ajoute Bari Weiss.

« Nous ne faisons pas de ‘shadow ban’ »

Bari Weiss rappelle que les anciens cadres de Twitter avaient affirmé en 2018 que l’entreprise ne ciblait aucun compte et ne pratiquait jamais le shadow banning.

« Twitter a nié qu’il faisait de telles choses », écrit‑elle, citant Vijaya Gadde, ainsi qu’un autre responsable, Kayvon Beykpour.

« Nous ne faisons pas de ‘shadow ban' », écrivait Beykpour sur Twitter le 26 juillet 2018.

Vijaya Gadde avait utilisé la fonction Quote Tweet pour compléter l’affirmation de Beykpour.

« Favoriser une idéologie ou une croyance spécifique va à l’encontre de tout ce que nous défendons », écrivait‑elle.

Dans un blog, Gadde et Beykpour ont écrit ensemble : « Nous ne faisons pas de shadow ban. Vous êtes toujours en mesure de voir les tweets des comptes que vous suivez (même si vous devez faire plus d’efforts pour les trouver, comme aller directement sur leur profil). Et nous ne faisons certainement pas de shadow ban en fonction d’un point de vue politique ou d’une idéologie. »

Libs de TikTok

Le groupe SIP‑PES a pris la décision de bannir le compte populaire Libs of TikTok, de le placer sur la liste noire des tendances et de le désigner comme « Ne pas prendre de mesures sur l’utilisateur sans consulter le SIP‑PES », selon Bari Weiss.

Le compte Libs of TikTok, qui était toujours sur la liste noire au 7 décembre, a été créé par Chaya Raichik en novembre 2020 et a pris de l’ampleur jusqu’à atteindre les 1,4 million d’abonnés.

Le compte de Chaya Raichik a été suspendu par Twitter à sept reprises au cours de la seule année 2022 et a été bloqué pendant une semaine, selon Bari Weiss.

Twitter a informé à plusieurs reprises Chaya Raichik qu’elle avait été suspendue pour avoir violé la politique de Twitter contre les « comportements haineux », mais un mémo en interne du SIP‑PES datant d’octobre 2022 révèle que les responsables savaient que son compte n’avait « pas directement adopté un comportement contraire à la politique sur les comportements haineux ».

Le comité a justifié en interne la suspension de Chaya Raichik en déclarant qu’il encourageait le harcèlement en ligne des « hôpitaux fournissant des soins de santé », car il y était suggéré « que les traitements d’affirmation du genre sont équivalents à de la maltraitance d’enfants ou de la prédation sexuelle ».

« Comparez cela à ce qui s’est passé lorsque Raichik elle‑même a été doxxée le 21 novembre 2022. Une photo de sa maison avec son adresse a été publiée dans un tweet qui a recueilli plus de 10.000 likes », écrit Bari Weiss.

[« Être doxé » signifie que quelqu’un révèle des informations personnelles et privées sur un utilisateur, sans son accord]

« Lorsque Raichik a informé Twitter que son adresse avait été diffusée, le support de Twitter a répondu avec ce message : ‘Nous avons examiné le contenu signalé, et n’avons pas trouvé qu’il était en violation des règles de Twitter.’ Aucune mesure n’a été prise. Le tweet de doxxing est toujours en ligne », précise la journaliste.

Après les révélations de Barry Weiss, Chaya Raichik a relevé une capture d’écran partagée par la journaliste montrant que son compte Libs of TikTok était toujours sur la liste noire au 7 décembre. Elle a remonté le problème auprès d’Elon Musk. Celui‑ci a répondu qu’il s’en occuperait.

Epoch Times a contacté Chaya Raichik pour une demande de commentaires.

Bari Weiss indique qu’il y a « d’autres informations à venir sur cette histoire » qui seront publiées sur son site Web pour The Free Press. Une partie de son accord avec Musk pour avoir accès aux Twitter Files, explique‑t‑elle était que le matériel soit d’abord publié sur la plateforme.

« Nous ne faisons que commencer. Les documents ne peuvent pas raconter toute l’histoire ici », ajoute‑t‑elle.

Pour conclure, elle précise que Matt Taibbi publiera bientôt un nouveau lot de Twitter Files.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.