Pendant sa détention provisoire, Florian M. a exprimé, dans des écrits, son profond sentiment d’injustice face au traitement de l’affaire Nahel Merzouk, le jeune homme qu’il a tué lors d’un refus d’obtempérer le 27 juin 2023 à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Florian M. sera jugé pour meurtre aux assises, ont annoncé le 3 juin dernier le procureur et le président du tribunal de Nanterre. Dès le deuxième jour des émeutes, qui ont explosé dans cette ville après la mort de Nahel Merzouk, le policier mis en cause a consigné ses réflexions et sa version des faits dans un carnet d’une trentaine de pages que Libération a pu consulter. Il y explique notamment avoir été sacrifié par Emmanuel Macron, qui souhaitait alors apaiser les émeutiers.
« Trahi pour acheter la paix sociale »
« Je me dis que je vais finir en détention provisoire pour calmer ces pauvres jeunes en colère », a écrit le fonctionnaire juste après les faits, angoissé à cette idée. À l’issue de sa garde à vue, il a été incarcéré en détention provisoire au centre pénitentiaire de Paris-La Santé, situé dans le 14ᵉ arrondissement de Paris.
Le policier de 40 ans, qui a rédigé ce texte dans ce qu’il appelle sa « grotte » ou sa « chambre d’hôtel », révèle avoir reçu de nombreux soutiens parmi les agents des forces de l’ordre rencontrés avant d’être placé en détention. « Tous les fonctionnaires de police que je croise jusqu’au dépôt sont dépités, ils se sentent trahis, abandonnés, livrés en pâture aux émeutiers », confie-t-il. Et d’ajouter : « La colère d’une minorité de la rue l’a emporté, et un message d’impunité est envoyé aux délinquants. »
« Emmanuel Macron s’est positionné »
Le policier assure en outre n’avoir fait que son métier, ce 27 juin 2023. « Je suis en détention pour avoir voulu faire mon travail », affirme-t-il, précisant n’avoir pas eu d’autre choix que de tirer face à la dangerosité du comportement de Nahel Merzouk, qui refusait alors d’obtempérer. Au volant d’une Mercedes, le jeune conducteur de 17 ans – connu par la justice pour quinze faits différents – avait en effet failli renverser un cycliste et un piéton, comme l’ont confirmé les images de vidéosurveillance.
Florian M., qui accuse l’État d’avoir choisi de soutenir « un jeune délinquant multirécidiviste », a encore indiqué : « Le président de la République Emmanuel Macron s’est positionné, il a choisi de me sacrifier et donner raison aux émeutiers, en qualifiant mon geste d’inexcusable. » « J’ai pourtant sacrifié une partie de ces dernières années à protéger ses institutions, lors des mouvements sociaux », assure-t-il par ailleurs.
« Ma tête sera servie sur un plateau aux médias pour calmer les esprits », pointe encore le policier dans son texte, transmis par l’administration pénitentiaire aux magistrats en charge de l’instruction, constituant ainsi l’un des éléments du dossier d’enquête.
« Panne de stylo »
Florian M. admet néanmoins avoir été soutenu par Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur. En décidant de sa suspension, il lui a permis de conserver sa rémunération durant sa détention provisoire.
Mais « cette suspension avec maintien de traitement » suscite l’interrogation de Florian M., qui se demande si « même à la tête de la préfecture de police, on ne partagerait pas l’idée que [son] tir pourrait être considéré comme légitime ». « Sinon, pourquoi continuer à me verser mon salaire ? »
Ces écrits, qui révèlent en outre la personnalité de Florian M., ont subitement pris fin au bout de quatre jours – bien que le policier soit resté en détention provisoire cinq mois – en raison d’une « panne de stylo ».
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