Emmanuel Macron consulte ses ministres avant son allocution pour tenter de s’extirper de la crise

Par Epoch Times avec AFP
17 avril 2023 18:30 Mis à jour: 17 avril 2023 18:39

Emmanuel Macron s’adresse aux Français lundi à 20H00 à la télévision pour tenter de relancer son second quinquennat après la promulgation de la réforme des retraites, dans une atmosphère de crise politique et sociale persistante.

Le chef de l’État a déjeuné avec Élisabeth Borne, puis a reçu les dirigeants de son camp et les principaux ministres, dont ceux de l’Économie Bruno Le Maire, de l’Intérieur Gérald Darmanin ou de la Transition écologique Christophe Béchu, pour d’ultimes consultations avant son allocution solennelle et sans contradicteurs. « Je suis là parce que je pense être utile à mon pays », a dit à France 2 et LCP la Première ministre avant ce rendez-vous présidentiel, assurant appartenir à une « catégorie atypique » dénuée d’ambitions personnelles. À l’Élysée, on reconnaît que ces trois mois de bras de fer laissent « de la colère dans les têtes et dans les cœurs », et on assure qu’Emmanuel Macron va en tenir compte.

Renouer avec les Français

Mais il veut surtout « redonner une cohérence d’ensemble à son action », « tracer des perspectives pour les semaines et les mois à venir » et « esquisser les chantiers » prioritaires, poursuit son entourage. Avec un « cap » confirmé : ordre républicain, plein emploi et réindustrialisation, progrès au quotidien autour de l’éducation, de la santé et de l’écologie. Le président devrait aussi rapidement ressortir de l’Élysée pour « échanger avec les Français ».

Hormis au Salon de l’agriculture fin février, il s’est tenu à l’écart des bains de foule depuis le début de l’année. Pourra-t-il renouer ce contact, alors que ses derniers déplacements ont été chahutés par des manifestants ? Un déplacement pourrait intervenir dès mercredi ou jeudi, notamment sur l’éducation. Il pourrait faire des annonces sur les rémunérations des enseignants, selon plusieurs macronistes, qui préviennent qu’il ne faut pas s’attendre à d’autres dépenses pour panser les plaies de la contestation.

Rebondir

La popularité du président est au plus bas depuis la crise des « gilets jaunes » fin 2018, et dans son camp, on espère qu’il parviendra encore une fois à rebondir. Reprendre langue avec les syndicats s’annonce aussi ardu. L’Élysée assure qu’une rencontre entre Emmanuel Macron et les partenaires sociaux est maintenue mardi… malgré la fin de non-recevoir d’une intersyndicale qui réclame un « délai de décence ». Il pourrait se retrouver en tête-à-tête avec le patronat, au risque d’envoyer une nouvelle image clivante.

Unis contre la réforme, les syndicats n’ont pas digéré la promulgation de la loi dans les heures qui ont suivi la validation vendredi par le Conseil constitutionnel de la retraite à 64 ans. « Jusqu’au bout le mépris », a jugé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a mis en garde lundi contre un « ressentiment » encore vif. « On ne peut pas passer l’éponge », a-t-il dit sur France 2.

Démonstration de force

L’intersyndicale mise sur une démonstration de force lors du 1er-Mai, après quoi la CFDT pourrait toutefois revenir à la table pour évoquer les autres problématiques autour du travail, également au cœur de l’agenda présidentiel pour les prochains mois.

« Nous ne sommes pas prêts à passer à autre chose », a averti, côté politique, le patron du Parti socialiste Olivier Faure sur Public Sénat, alors que des appels ont fleuri sur les réseaux sociaux pour des concerts de casseroles et des rassemblements devant mairies ou préfectures à 20H00, lorsque le chef de l’État prendra la parole depuis le palais présidentiel.

« Pas beaucoup de solutions »

Relancer la machine sera d’autant plus complexe que l’exécutif ressort affaibli de la séquence. Élisabeth Borne a martelé samedi sa détermination à « accélérer », tout en assurant vouloir « apaiser le pays ». Mais accélérer quelles réformes, sans majorité absolue à l’Assemblée nationale ? Emmanuel Macron lui avait confié en mars la mission d’élargir la majorité relative, mais la cheffe du gouvernement n’y est pas parvenue.

« Est-ce que l’absence de majorité absolue nous empêche de faire les réformes ? Manifestement non », évacue maintenant un conseiller de l’exécutif, en invoquant notamment l’exemple… de celle des retraites.

« Une Première ministre totalement carbonisée, un gouvernement décrédibilisé », a jugé au contraire la leader du Rassemblement national Marine Le Pen, pour qui le chef de l’État a trois solutions : référendum, dissolution de l’Assemblée nationale… ou démission.

« C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de solutions aujourd’hui », admet le patron des sénateurs macronistes François Patriat, estimant que le président « doit s’adresser » à ceux qui, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve au candidat putatif de la droite à l’Élysée Laurent Wauquiez, pourraient rejoindre « un grand bloc central » pour faire barrage à « la montée inexorable des populistes ».

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