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« Emus », les Français retrouvent le plaisir du café du matin en terrasse

juin 2, 2020 10:29, Last Updated: juin 2, 2020 14:28
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Une « libération », un « grand jour » pour les restaurateurs, et un plaisir bien français retrouvé pour les amateurs de l’« indispensable » café du matin: les sourires étaient de mise mardi sur les terrasses des restaurants autorisées à rouvrir à Paris et sa région, après des mois de confinement.

« Le café en terrasse, c’est Paris ! » lance à l’AFP Martine Depagniat, installée à une table baignée de soleil au Café de la Comédie, dans le centre de la capitale française.

Cette employée au Musée du Louvre, portant masque et lunettes de soleil, se dit « presque émue » en appréciant son café fumant, confiant que le « goût de l’expresso » lui avait bien manqué. « Je pense que les gens ont besoin de retrouver une normalité », même si « il y a aussi une part d’appréhension », confie-t-elle. « S’il y a trop d’insouciance trop vite… faudrait pas qu’il y ait un retour de l’épidémie ». 

La France a été durement touchée par l’épidémie de Covid-19 qui a fait près de 30.000 morts et provoqué un quasi arrêt de l’économie. Mais grâce à la poursuite du ralentissement de l’épidémie depuis le début du déconfinement le 11 mai, le gouvernement a décidé le passage en phase 2 de ce déconfinement, synonyme d’un quasi retour à la normale.

-Les clients prennent un verre sur la terrasse du Café de Flore à Paris le 2 juin 2020, alors que les cafés et restaurants rouvrent en France. Photo par Martin BUREAU / AFP via Getty Images.

Mardi marque aussi la réouverture des parcs dans le pays et la fin de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 km de chez soi.

Cafés, bars et restaurants sinistrés

Les cafés, bars et restaurants sinistrés par plus de deux mois de fermeture sont enfin autorisés à accueillir du public. Mais en zones oranges (Paris et sa région, Guyane, Mayotte) encore placées en vigilance face au coronavirus, seules les terrasses peuvent accueillir des clients. Et en zone verte, à l’intérieur, pas plus de dix clients par table à l’intérieur et un mètre minimum entre chaque groupe.

« Ça m’a énormément manqué… je suis une afficionada des terrasses ! » lance à l’AFP Rachida, Parisienne de 70 ans, dans un grand sourire se devinant derrière son masque. Elle ne boude pas son plaisir en rejoignant la grande terrasse ouverte du restaurant « La Consigne » à Romainville, proche banlieue populaire de Paris.

Les employés installent des chaises et des tables sur la terrasse du café « Les deux Magots », le 1er juin 2020 à Paris. Photo par BERTRAND GUAY / AFP via Getty Images.

Les clients dégustent leur café au soleil, dans un doux silence

Une dizaine de clients y dégustent déjà leur café au soleil, seuls dans un doux silence, ou à deux. Des passants s’arrêtent pour entamer la conversation avec certains clients et les mots « ça fait du bien » reviennent souvent.

Rachida garde son petit-fils de deux ans et demi, et n’a pas résisté à venir prendre son café en terrasse peu avant 10h00. « Vous savez, on est un animal social… c’est l’un de mes premiers gestes quotidiens d’aller boire mon café sur la place en bas de chez moi… on revoit des amis, on fait des rencontres », confie-t-elle, un expresso brûlant devant elle et une limonade pour son petit-fils.

Thérèse contemple son expresso avec gourmandise

Quelques tables plus loin, Thérèse Houdry, 85 ans, contemple son expresso avec gourmandise. Le café du matin en terrasse ? « C’est indispensable, ça fait du bien, on revit ! », lâche cette retraitée originaire du Nord de la France, où la vie des cafés est particulièrement importante dans le quotidien des habitants.

S’affairant autour de la machine à café de « La Consigne », des yeux verts pétillants surmontant son masque, Emma Gil, 35 ans, sert des cafés « à des habitués depuis dès 09h00 et l’ouverture de la terrasse ! »« On n’a pas eu l’impression de perdre le lien avec nos clients, parce qu’on a fait de la vente à emporter depuis quelques semaines, les gens nous ont soutenus ».

-Un membre du personnel portant un masque facial prépare la terrasse du café-restaurant Etienne Marcel le 31 mai 2020 à Paris. Photo par BERTRAND GUAY / AFP via Getty Images.

Mais aujourd’hui, « c’est la libération ! c’est un grand jour, on est très contents… », lance la serveuse.

Pour le propriétaire Marc Durand, 50 ans, la décision de fermeture prise par le gouvernement français était « nécessaire » pour endiguer l’épidémie de nouveau coronavirus, même si cela a été « catastrophique pour notre métier ». 

Une période « très dure » économiquement

Plus tôt dans la matinée, dans le quartier de la Butte aux Cailles dans le sud de Paris, Barthélémy Bru finit de préparer sa terrasse d’une dizaine de tables de son restaurant « Les Tanneurs de la Butte ». Ce restaurateur avait fait le choix de ne pas ouvrir pendant le confinement, de ne pas faire de vente à emporter et donc ce mardi « c’est le grand jour », confie-t-il.

Après une période « très dure » économiquement, aujourd’hui « c’est un peu le stress, on sait pas à quoi s’attendre » en terme de nombre de clients, etc... « On a la terrasse, mais il y a quand même la superficie de l’intérieur (du restaurant) qui n’est pas prise en compte. Toute l’année 2020 va être un peu dure je pense… », anticipe-t-il.

Dans le même quartier, Petro Jaupi, restaurateur à l’Auberge de la Butte aux Cailles, finit de nettoyer ses tables. « C’est le premier jour, on va essayer de respecter les normes (sanitaires, NDLR). À partir de demain les choses vont être mieux organisées, ça fait un moment qu’on est off… », relève-t-il.

Mais il espère surtout que « les clients aient confiance en nous et qu’ils reviennent ». « Nous on veut juste pouvoir faire notre travail ». 

 

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