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En camping-car, deux soignants nomades apportent une «bouffée d’air» dans les déserts médicaux

juin 27, 2023 9:10, Last Updated: juin 27, 2023 9:15
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« On allie travail et voyage » : à bord de leur camping-car, deux aide-soignants sillonnent la France depuis près de deux ans pour venir en renfort d’établissements hospitaliers en zone rurale, en manque de personnel.

En septembre 2021, Wilfried Sarrazin, 33 ans, et Julien Poultier, 38 ans, qui changeaient régulièrement de poste et de région, vendent leur appartement en Picardie et font l’acquisition d’un camping-car d’occasion, lassés des déménagements à répétition.

« On est parti sans se retourner », se souvient Julien, crâne rasé, qui chérit depuis sa « liberté ». Habitués désormais à voyager, manger et vivre dans les 12 m2 de leur véhicule siglé de leur logo, « Les nomades soignants », leur périple démarre à Annecy en Haute-Savoie, et les ont amenés notamment dans l’est et le Finistère. Les prochaines étapes sont prévues dans des Ehpad près de Perpignan et au pays basque.

Les zones rurales et structures isolées

Les deux aide-soignants ciblent en priorité les zones rurales et les structures « isolées », qui manquent de personnel, notamment les établissements pour personnes âgées et ceux pour personnes handicapées.

Leur contrat en Mayenne, l’un des départements français les moins bien dotés en médecins selon l’Insee, touche bientôt à sa fin. Un nouveau contrat les attend en Ardèche pour l’été.

Derrière l’Ehpad Saint-Fraimbault, une ancienne congrégation religieuse près de Lassay-les-Châteaux, leur camping-car, où ils cohabitent avec deux bergers des Shetland, est garé sur un terrain herbeux, avec une vue imprenable sur la campagne environnante. À proximité, est stationnée leur Renault Twingo, conservée pour les petits trajets.

« Au début, on avait énormément de mal à trouver des employeurs car ils nous prenaient pour des rigolos », raconte Wilfried avec son léger accent picard.

Jusqu’au jour où la presse locale se fait l’écho de leur projet. « Maintenant, c’est les structures qui nous appellent » et leur planning pour 2024 est déjà bien rempli, poursuit-il.

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Cette vie « minimaliste » leur a apporté selon eux, une « encore plus grande ouverture d’esprit » et une « capacité d’adaptation », appréciée tant du personnel que des résidents.

Travailler autrement

« On sent qu’il y a du vécu avec ces garçons, qu’ils ont fait des choses, qu’ils ont été dans différents endroits », témoigne l’une des 106 résidents, Irène Salas, 96 ans. « Le plus triste c’est qu’ils vont s’en aller et cela va faire un vide abyssal », déplore l’élégante et volubile nonagénaire.

Pour leur collègue Christelle Mareau, 51 ans, les deux hommes ont amené une « bouffée d’air par leur dynamisme et leur gentillesse ». « On est des fois tellement dans notre truc qu’on en oublie les petites choses et eux ils nous apportent une façon de travailler qui est plus dans l’humain, laisser les personnes faire elles-mêmes le maximum, prendre le temps », observe-t-elle.

Il travaillent « autrement et c’est ce qu’on devrait faire mais malheureusement avec le manque de personnel, on est pris par le temps », ajoute l’aide-soignante.

La direction de cet Ehpad, qui a repéré les « Nomades soignants » sur les réseaux sociaux, attendait leur venue depuis un an.

Pallier au besoin de recrutements

« En sortie de crise Covid-19, on a besoin de beaucoup de soignants et notamment de personnes diplômées qu’on n’arrive plus à recruter », explique la manager Charlotte Honoré, 36 ans. « Julien et Wilfried étant diplômés, ça a apporté une soupape à l’équipe » composée de 80 personnes.

Pour les deux prochains mois, Mme Honoré va pouvoir compter sur « les jeunes en jobs d’été » pour assurer du renfort. Elle craint donc que ce soit « vraiment en septembre qu’on va retrouver cette difficulté de recrutement » pour trois postes toujours vacants.

Les deux aide-soignants ne sont pas encore partis, que la direction leur « a demandé s’ils voulaient revenir dans la région ». Impossible dans l’immédiat : fin juin, Julien et Wilfried reprendront le volant de leur camping-car pour leur prochain contrat.

Les départs donnent parfois lieu à des « pleurs avec le personnel et les résidents », confie Julien, avec un brin d’émotion. « C’est pas des adieux, c’est juste des au revoir, nous on a la possibilité de bouger comme on veut (…) et de revenir ».

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