En pleine pandémie, le Yémen privé de « ressources » et au bord de la « famine » (responsable ONU)

Par Epoch Times avec AFP
8 juillet 2020 13:40 Mis à jour: 8 juillet 2020 13:58

Le Yémen est de nouveau au bord de la « famine » et l’ONU n’a pas les « ressources nécessaires » pour prévenir la catastrophe en pleine crise mondiale du Covid-19, a déploré la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour ce pays ravagé par la guerre.

Des millions de familles vulnérables pourraient rapidement passer de « la situation où elles peuvent encore tenir à celle où elles seront en chute libre », a estimé Lise Grande dans une interview à l’AFP depuis Sanaa.

Pour un pays où 24 millions d’habitants, plus des deux tiers de la population, dépendent de l’aide humanitaire, les Nations unies n’ont réuni qu’environ la moitié des 2,41 milliards de dollars d’aide nécessaires lors d’une conférence virtuelle des donateurs organisée en juin.

Et seuls neuf des 31 donateurs ont effectivement fourni les fonds, a précisé Lise Grande.

La pandémie impact sur l’assistance humanitaire au Yémen

« Il est très clair que la pandémie de Covid-19 a mis la pression sur les budgets de l’aide (humanitaire) partout dans le monde,  ils ne pourront tout simplement pas faire ce qu’ils ont fait auparavant », a souligné la diplomate américaine.

-Des jeunes yéménites, chevauchant des ânes, attendent de remplir leurs jerrycans avec de l’eau d’une citerne dans un camp de fortune pour personnes déplacées, le 7 juin 2020, face à une grave pénurie d’eau. Photo par ESSA AHMED / AFP via Getty Images.

La crise économique mondiale provoquée par la pandémie va avoir un « impact très important, très grave » sur l’assistance humanitaire au Yémen, a-t-elle insisté.

Le Yémen est déjà en proie à ce que l’ONU considère comme la pire crise humanitaire au monde, avec des dizaines de milliers de morts, environ quatre millions de personnes déplacées par la guerre, les menaces récurrentes de famine et d’épidémies, comme la dengue ou le choléra.

Les jours les plus sombres de la crise

Mais, faute de moyens, des programmes essentiels dans les domaines de la santé ou l’alimentation sont déjà en train de fermer, alors que la situation économique ressemble « effroyablement » aux jours les plus sombres de la crise, selon Lise Grande.

Le conflit au Yémen oppose les forces du gouvernement, appuyées par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite voisine, aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés d’une grande partie du nord du pays, dont la capitale Sanaa en 2014.

-Les Yéménites déplacés reçoivent une aide humanitaire, donnée par le Programme alimentaire mondial (PAM), mais il a dû réduire ses livraisons, le 30 décembre 2019. Photo par ESSA AHMED / AFP via Getty Images.

« Les bateaux ne sont pas autorisés à transporter des produits vitaux. La monnaie se déprécie très rapidement. La Banque centrale n’a plus d’argent. Le prix du panier alimentaire de base,  a augmenté de 30% rien qu’au cours des dernières semaines », a énuméré la responsable onusienne.

Le pays va vers la famine

« Nous voyons les mêmes facteurs, déjà vus auparavant, qui conduisent le pays vers la famine. Nous n’avons pas les ressources nécessaires pour la combattre et la faire reculer cette fois-ci », a-t-elle insisté, jugeant la situation « profondément inquiétante ».

En pleine crise sanitaire mondiale, les Nations unies ont dû faire face à la « situation incroyable » de devoir cesser de fournir du carburant aux hôpitaux ainsi qu’aux systèmes d’approvisionnement et d’assainissement des eaux dans tout le pays, a regretté la responsable.

Le Programme alimentaire mondial a réduit ses livraisons

Le Yémen a jusqu’à présent officiellement enregistré quelque 1.300 cas d’infections au nouveau coronavirus. Au moins 359 personnes sont mortes de la maladie. Mais le bilan pourrait être plus lourd selon les experts, le pays n’ayant pas la capacité de mener des tests à grande échelle et les hôpitaux étant mal équipés pour déterminer les causes de décès.

Le Programme alimentaire mondial, qui fournissait des aliments de base à 13 millions de personnes par mois, a dû réduire ses livraisons à seulement 8,5 à 8,7 millions de bénéficiaires, beaucoup d’entre eux devant se contenter de plus petites portions.

En 2018, lorsque le Yémen était au bord du gouffre, la situation était bien différente. L’Arabie Saoudite a renfloué la Banque centrale, les Emirats Arabes Unis – partenaire clé au sein de la coalition anti-Houthis – ont payé les salaires des enseignants, la monnaie a été stabilisée et les importations de matières premières soutenues.

« Il y a dix-huit mois, nous étions l’une des opérations humanitaires les mieux financées au monde », a souligné Lise Grande, mais « la différence est que cette fois-ci nous n’avons pas les ressources nécessaires ».  

 

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